tumés à courir les forêts et connus des sauvages, de
les accompagner et de les conduire dans toutes les
directions qu’ils voudraient désigner.
D’après les renseignemens que l’on prit, il paraît
que l’histoire de ce prétendu peuple avait pris sa
source dans un conte étrange, qu’un convict, qui
avait quitté son travail pour vivre avec les naturels,
avait recueilli des sauvages des montagnes.
L ’événement prouva bientôt quel avait été l’effet de
cet avis du gouverneur. Il apprit qu’un grand nombre
de ces malheureux s’assemblaient pour aller à la recherche
de la nouvelle peuplade. Une troupe de cons-
tables armés fut envoyée pour en arrêter le plus grand
nombre possible ; seize furent saisis et emprisonnés. Ils
parurent ignorer complètement le lieu où ils voulaient
aller. Mais, considérant tout à la fois leur ignorance
et leur opiniâtreté, le gouverneur comprit qu’aucun
argument ne pourrait mieux les convaincre de leur
folie, qu’une correction sévère imposée à ceux qui
semblaient les instigateurs du complot. Ainsi sept
d’entre eux reçurent deux cents coups de fouet chacun,
et le reste, après avoir été puni à Parramatta,
fut envoyé aux travaux forcés, et bien surveillé.
La nécessité de réprimer cette manie d’émigration
détermina le gouverneur à les convaincre, par leur
propre expérience, des dangers qu’elle entraînait.
Ainsi quatre des plus vigoureux furent choisis et préparés
pour un voyage de découvertes. Ils devaient
être accompagnés par trois hommes, qui devaient,
lorsqu’ils seraient las de leur excursion, les ramener
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par les parties les plus difficiles et les plus impraticables
du pays. Mais ce plan ne fut pas plutôt adopté,
que le gouverneur apprit qu’une bande s’était concertée
avec les quatre coquins désignés , pour aller
les joindre à un endroit convenu ; là ils projetaient
d’assassiner leurs guides, puis de s’emparer des armes
et des provisions, et ensuite de poursuivre leur course
suivant leur propre caprice. Cet infernal projet fut
déconcerté par l’escorte de quatre soldats ajoutés aux
guides, et ils partirent tous le 14 de Parramatta.
Le 24 les militaires ramenèrent trois de ces mauvais
sujets, qui, à leur arrivée au pied des premières
montagnes, se trouvèrent si fatigués de leur voyage,
et dégoûtés de la perspective qui s’offrait à leurs regards,
qu’ils supplièrent les soldats chargés de les abandonner
en cet endroit avec les guides, de les ramener
à la colonie avec eux. Un seul homme témoigna le
désir de pénétrer plus avant, et fut en conséquence
laissé avec les guides.
Ceux-ci ne furent de retour à Prospect-Hill que
le 9 février, accablés de fatigues et pouvant à peine remuer
leurs membres, tant ils étaient épuisés .Ils avaient
erré durant quinze à dix-huit jours dans les forêts, les
montagnes et les ravins. De beaux pâturages, quelques
rivières et des terres d’un aspect fertile s’étaient
présentés à leurs regards. Ils avaient découvert des
carrières de chaux, de sel, de charbon de terre, et
communiqué avec des naturels dont Wilson ne put
comprendre le langage, quoiqu’il connût déjà celui des
naturels des montagnes.
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