40-2 VOYAGE DE L’ASTROLABE. 403
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ils (lisent boud-jiri, bon. Du reste, les qualités
morales sont exprimées par les mêmes termes que
les qualités physiques, et paraissent se confondre dans
leurs idées. Ainsi leurs ennemis sont wiri, et leurs
amis boud-jiri. Si on leur parlait de manger un
bomme, ils témoignaient une grande horreur à cette
idée et disaient que c’était wiri; en voyant punir ceux
qui les avaient maltraités, ils exprimaient leur approbation
en disant ([ue c’était boud-jiri. Les assassinats
nocturnes, quoique fréquens chez eux par suite
de leurs désirs de vengeance, sont blâmés, tandis
qu’ils applaudissent à des actions de bonté et de générosité
dont ils sont capables. Un homme qui ne
recevrait pas avec courage une lance, mais s’enfuirait,
serait traité de lâche ou dji-roun et de wiri. Mais
les notions de ces insulaires touchant le bien et le mal
bien certainement ne s’étendent jamais au-delà de
leur existence en ce monde, et ils ne.s’imaginent pas
que la pratique de l’un ni de l’autre puisse avoir aucun
rapport avec leur état futur. C’est ce que prouve
évidemment leur opinion touchant la manière dont
ils doivent quitter ce monde et entrer dans l’autre,
sous la forme de petits enfans, qui sera encore celle
sous laquelle ils reparaîtront un jour dans celui-ci.'
STATURE ET EXTERIEUR.
Les hommes, comme les femmes, sont généralement
d’une petite taille, et, dans chaque sexe,
très-peu sont bien conformés. Leurs membres sont
longs et grêles, ce qui se remarque d’une manière
encore plus frappante chez ceux qui habitent les
bois, qui ont moins de ressources, el se trouvent
souvent obligés de grimper sur les arbres pour v
recueillir du miel ou attraper des animaux. Armés
d’une petite hache en pierre, ils font sur les troncs
d’arbres des entailles suffisantes pour recevoir le gros
doigt du pied, et c’est en se tenant de la main
gauche, et continuant leurs entailles avec la droite,
qu’ils parviennent aussi haut qu’ils veulent, souvent
jusqu’à quatre-vingts ou cent pieds.
Les traits des hommes sont durs et repoussans;
l’os ou roseau qu’ils portent à la cloison du nez,
leurs cheveux ébouriffés et leurs longues barbes leur
donnent un air effrayant. Les femmes conservent
quelque chose de la délicatesse dont leur sexe peut
justement s’enorgueillir parmi les nations civilisées;
on a même saisi quelquefois le rouge de la pudeur
sur leurs joues noircies, et on les a vues s’efforcer
de cacher par leur attitude ce que leur nudité eût
laissé à découvert.
Ils ont le nez aplati, de larges narines, les
yeux enfoncés dans la tête et surchargés d’épais
sourcils. En outre, ils portent autour de la tête un
petit filet de poil d’opossum de la largeur du front,
qu’ils rabattent jusque sur les sourcils, quand ils
veulent y voir plus clairement. Ils ont des lèvres
trè.s-épaisses, avec une bouche d’une grandeur démesurée,
mais qui ne s’ouvre que pour laisser paraître
des dents blanches, unies et très-saines. Plu