DE L’ASTROLABE.
CHAPITRE VI.
.SEJOUR AU l'Ü R T DU R O I -G EO R G E S .
182G.
Octobre.
II i'aul avoir passé cent huit jours consécutifs à la
nier, comme nous venions de le faire , dont la moitié
par des temps affreux et des mers assommantes, pour
se faire une idée du bien-être que nous éprouvâmes
en jouissant enfin d’un repos presque parfait. Nos
membres, notre corps entier, accablés par des secousses
si violentes et si prolongées, reprenaient avec délices
leur assiette naturelle. En outre, une soirée charmante,
la vue d’une leri'e verdoyante, de ses ombrages et d’une
rade tranquille et sûre, contrastaient vivement avec le
spectacle d’une mer presque toujours en fureur, et les
tourmentes réitérées auxquelles nous venions à peine
d’ccbapper.
Dès deux heures après minuit le vent d’ouest se mit
à souffler avec violence, ct dans une raffale nous cbassâmes.
Nous filâmes soixante brasses du câble enmouil-
lant Tancre de bâbord, ce qui nous arrêta. J’eusse désiré
entrer dans le bâvre de la Princesse, mais craignant
d’en être empêché par les vents d’ouest, je me
décidai à reconnaître l’entrée du bâvre aux Huîtres,
afin d’y conduire la corvette, s’il me paraissait plus
facile à gagner.
A sept heures du matin je m’embarquai avec M. Lottin
dans la baleinière ; nous prolongeâmes la longue
plage de sable qui s’étend au nord de la presqu’île de
l’Aiguade, et nous reconnûmes que l’entrée de ce bâvre
offrait une barre sur laquelle on ne trouvait que quatre
et même trois brasses dans une certaine étendue. En
outre la direction du gmdet est très-sinueuse, de sorte
qu’il faudrait avoir vent sous vergue potir s’y hasarder
sans accident avec un navire comme l’Astrolabe.
Du reste le bâvre aux Huitres olfre un superbe
bassin, d’une eau très-paisible, ct dont les bords sont
couverts de lapins agréable végétation, excepté vers
le sud-ouest, où la plage devient marécageuse. Comme
un parterre de la plus Iraîche verdure, la petite île du
Jardin s’y dessine de la manière la plus pittoresque, et
c’est aux buissons de mauves ou d’altbées, ainsi qu’aux
robustes graminées qui la couvrent, qu’elle doit cet
agréable aspect. Au moment où nous en approchâmes,
nous vîmes s’élever dans les airs un vol de trente à
quarante pélicans. Aussitôt débarqué, je me dirigeai,
vers le lieu où ces oiseaux m’avaient semblé établis ;
nous y trouvâmes une douzaine de jeunes pélicans que
je fis ramasser par les canotiers.
Après avoir déjeuné et tue quelques oiseaux de
mer sur cet îlot, nous nous rembarquâmes, et je conduisis
le canot vers un endroit sur la rive du ha-
1826.
Octobre.
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