!■ I
‘■Vñ
: .'Gl
Le joui- suivant il invita les mêmes [leisonnes à le
voir recueillir les cendres de sa Icmmc; elles raccompagnèrent
au terrain en question où il se rendit
seul et sans suite. Là il se tint à la tête de ses compagnons
dans une sorte de silence solennel et sans
parler à personne jusqu’au moment où il eut rempli
envers Barang-Arou les derniers devoirs d’un mari.
Il avait à la main la lance avec laquelle il se proposait
de punir le kerredai qui n’était point venu jirès
de sa femme quand elle se trouva mal, cl c’est avec
la pointe de cette arme (ju’il ramassa en un monceau
les cendres el les os calcinés. Alors, déjiosant sa lance
par terre, avec un morceau d’écorce il dressa un tumulus
qui eût l'ait honneur au plus habile fossoyeur,
arrondissant avec soin la terre, aplanissant les moindres
inégalités el portant une attention scrupuleuse
à donner à celle sor te de monument une forme régulière.
De cbaijue côté de la tombe il jrlaça un morceau
de bois, et sur le sommel le morceau d’écorce qui lui
avait servi à l’élever. Le ti'avail achevé , il demanda à
ses amis si c’élait bien, et parut satisfait de leur réponse
affirmative.
Dans cette circonstance son maintien fut mâle ct
solennel, ct un silence expressif caractérisa sa conduite
pendant toute la durée de cette scène. Les Anglais
gardèrent le même silence et l’observaient avec
beaucoup d’attention, llien ne put le distraire de la
céi-émonie à laquelle il était livré tout entier ; il ne
parut pas avoir le moindre désir dc la Unir plus vile,
mais il l’accomjrlil dans tous scs détails avec un recueillement
qui làisail bonneur à scs sentimens
comme homme; car cc recueillement semblait être
l’effet et la preuve d’une affection sincère pour Tobjel
dont il ne restait plus rien qu’un ou deux fragmens
d’os calcinés. Quand son triste ouvrage fut terminé,
il resta quelques momens debout devant cette tombe,
les mains jointes sur sa poitrine et dans Tattitude d’un
bomme profondément livré à ses jrensées.
Pour se conformer à la coutume dc ne point prononcer
le nom des morts, deux femmes nommées
Barang-Arou le quittèrent pour en prendre d’autres ;
l’une d’elles, la femme de Kol-bi, ne survécut à celle
de Benilong que fort peu de temps, cl mourut d’une
consomption qu’elle gagna en nourr issant une petite
fille qu’elle avait au sein à celte éporjue. Cet événement
fit connaître une coulutùe curieuse mais horrible
en usage cbez ces peuples. La mère mourut
dans la ville, et rjuand on la conduisit au tombeau ,
son cadavre fut présenté devant la jroi le de chacune
des maisons et des cases où elle avait eu corrlrime
d’entrer durant les derniers jours de sa maladie ; ses
porteurs observaient les mêmes cérémonies que celles
que nous avions vues aux funérailles dc Balouderrai,
quand la petite Dilboung et le petit Bidiai-Bidiai
furent placés devant son cadavre. Le corps descendu
dans la tombe, les spectateurs furent bien surpris de
voir le père lui-mème placer l’enfant vivant avec la
mère. Immédiatement après il jeta dessus une grosse
pierre, et la tombe fut à l’instant rernjrile de terre par
les natru'cls. Celte opération se fit en si peu de temps,