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prirent (juc la tribu de Douel avait pei-du deux jeunes
(llles qui avaient etc enlevées par les sauvages du nord
(le la baie de Port-Jackson, et par représailles elle
avait projeté d’en enlever deux à son tour à scs
agresseurs. Un cordonnier de Sydney (c’était notre
vaillant Pâris) avait déjà sauvé l’une d’entre elles cpii
vivait en ville avec lui ; non content de cel exjiloit galant,
en preux cbevalicr il revenait sur le cbanq) dc
halaillc j)our délivrer aussi l’autre, lorsqu’il fut
obligé de céder au nombre. D’ailleurs, il paraît que
lout cela se passait conformément aux usages ct coutumes
établis , car personne ne sc présentant jionr réclamer
la belle aflligée, tout rentra dans l’ordre cl le
silence, et plusieurs tribus firent aussitôt leurs jiré-
paralifs de départ, l ’andis (|uc les bommes préparaient
leurs armes, les femmes entassaient dans leurs sacs
en filet leurs provisions dc pain, viandes, poisson ,
cbilfons, jusqu’à des têts de bouteille, etc.
Boungari, Bidgi-Bidgi et Cogai nous assurèrent
])Ourtant qu’il y aurait le soir même un marri-corro-
hori, c’est-à-dire une danse générale de toutes les
tribus rassemblées, et je m’apprêtais à jouir de ce
spectacle, plus curieux pour moi (jue tous les bals
dc l’Europe ; mais ce jour cl les suivans nous
eômes un temps affreux, et ces sauvages, ennuyés
d’attendre, cl peu jaloux de danser (juand il fait
mauvais temps, se débandèrent et reprirent la route
dc leurs foyers, laissant comme de coutume la tribu
de Boungari et celle de Sydney babitcr seules ces
logions.
Voyons maintenant ce qui se passe quand un sauvage
a péri de mort naturelle.
Un très-beau jeune bomme nommé Boni - Dai
mourut d’un refroidissement suivi d’une Iluxion sur
la figure. On apprit (ju’il devait y avoir du sang versé
dans cette circonstance ; el, quelques semaines ajirès,
une troupe considérable do naturels appartenant à
différentes tribus s’assembla à Panni-Rong, nom du
terrain qu’ils avaient souvent cboisi jiour leurs combats,
et qui, dans leur langage, signifie sang. Apres
avoir dansé el s’èlre régalés toute la nuit, le lendemain
de bon malin, Moroubra el Kol-bi, le premier frère et
le second parent du jeune défunt, se saisirent d’un
garçon nommé Tarra-Bilong, et avec leurs casse-lcles
bii firent cbacun une blessure (jui lui ouvrit le crâne.
La soeur de Boni-Dai prit aussi part à cc rit sanguinaire
, en frapjiant le petit innocent avec une lance
courte, ct le laissant dans un tel étal que les cbirur-
giens de l’établissement décidèrent, d’après la nature
dc scs blessures, qu’on ne pouvait guère espérer
dc guérison. Lorsqu’on lui parlait de cet événement
il disait (jn’il n’avait ni pleuré ni gémi comme un cn-
lanl, mais cju’il avait crié kaï-ia à cbaquc cotq) qu’il
avait reçu ; que les personnes qui l’avaient si bien
maltraité n’étaient jias scs ennemis, mais qu’il boirait
ct mangerait avec eux, el les considérait encore
comme ses amis. Peu de jours ajirès, un parent dc
Boni-Dai (un bomme âgé) reçut une blessure grave
sur le dcn’ièrc dc la tète, à cause de la mort de Tarra-
Bilong. La jeunesse, ni le grand âge, les liens dc la
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