60 VOYAGE DE L ’ASTROLABE.
1826.
Juillet.
a été l’état du ciel durant les quinze jours que nous
avons employés à franchir cette zône de vents variables.
Ce que nous avons éprouvé touchant la limite de
l’alisé, concorde, ainsi qu’on peut le voir, avec les indications
d’Horsbui'gh, qui désigne 12° pour la latitude
moyenne k laquelle ces vents s’arrêtent au mois de juillet.
J’ai de fortes raisons pour croire qu’on ne gagnerait
rien à s’avancer plus à l’O. en longitude, dans le
but de les conserver plus long-temps. D’un autre
côté , il serait plus désavantageux encore de trop serrer
la côte d’Afrique.
J’ai profité d’un calme plat de midi à trois heures ,
pour faire une expérience de température à profondeur.
Le thermométrographe n° 9 de Bunten a été
descendu à quatre cents brasses de profondeur, dans
une direction parfaitement verticale. Bien que le cylindre
en cuivre qui renfermait l’instrument fût à
moitié rempli d’eau, lorsqu’on l’a ouvert, le mercure
ne s’était nullement dérangé, et il en est résulté que
la température des eaux de la mer qui était à 26°, 8
à la surface, n’était plus qu’à 5°, 2 à la profondeur de
quatre cents brasses ou deux mille pieds. Cette expérience
a prouvé combien étaient imparfaites celles que
l’on faisait en se contentant de puiser l’eau à de grandes
profondeurs, et de mesurer la température lorsqu’elle
était ramenée à bord ; attendu que l’index du
minimam était déjà remonté de 4°, 8 à 14°, quelque
diligence qu’on eût d’ailleurs employée, en retirant la
sonde. L ’instrument était resté une demi-heure entière
au fond, et il a fallu autant de temps pour le ramener
à bord.
On peut aussi juger par là de ce que ces expériences
doivent avoir de pénible pour des hommes déjà soumis
aux divers travaux du bord, et la moitié du temps couverts
d’eau sous cette zòne à la fois humide et brûlante.
Ni l’Institut, ni le ministère ne peuvent assez
apprécier les fatigues des marins dans de semblables
campagnes. C’est une lutte perpétuelle contre les
tempêtes, les écueils, les dangers et les privations de
toute espèce, un fréquent assujettissement à des travaux
extraordinaires et souvent bien étrangers au
service habituel du marin. Dans l’intérêt delà science,
comme dans l’exacte équité, ne serait-il pas convenable
de dédommager ces hommes par des récompenses
honorables et proportionnées à la nature de
leurs services?
Impatient d’obtenir une donnée plus positive sur la
limite du refroidissement des couches sous-marines ,
ce jour-là je mis à profit un calme profond, pour tenter
une nouvelle expérience à une très-grande profondeur.
Dix lignes de cent brasses chacune furent préparées
sur le pont -, le thermométrographe n° 9 fut placé
dans le cylindre en cuivre, de deux lignes d’épaisseur,
fabriqué à l’atelier des boussoles à Toulon. J’y plaçai
aussi un petit flacon d’huile d’olive pour connaître si
elle se congèlerait. Un plomb de trente kilogrammes
était attaché au bout des lignes, à quatre ou cinq pieds
au-dessous du cylindre, et un peu au-dessus de celui-
ci, une sphère en verre très-forte et creuse à l’in