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toutes les qualités utiles ([ue cel animal pouvait pos-
sédei-.
EV. 2. Les jeunes gens sont encore assis comme ci-
dessus. La principale figure représente un naturel vigoureux
et d’une belle taille, portant sur ses épaules
un pattagorang ou kangarou en berbe; le second porte
nn paquet de broussailles. Les autres naturels, assis à
quelque distance, sont occupés à cbanter et à battre
la mesure, selon les pas des deux bommes chargés ;
ceux-ci semblaient presque incapables de se remuer
sous le poids des fardeaux qu’ils portaient sur leurs
épaules. Ils s’arrêtaient à chaque instant et boitaient
tout bas en marchant; enfin, ils déposèrent leurs
charges aux pieds des garçons, et se retirèrent du
you-lang comme accablés de la corvée qu’ils venaient
de faire. Il faut observer que celui qui s’était chargé
du paquet de broussailles s’était fourré deux branches
de fleurs au travers de la cloison du nez, ce qui lui
donnait un aspect tout-à-fait extraordinaire.
Le kangarou mort désignait le pouvoir qui leur
était donné de tuer cet animal, et les broussailles
figuraient sa retraite.
N. 3. Les enfans restèrent assis au bout du you-
lang durant une heure entière. Durant ce temps, les acteurs
se retirèrent dans une vallée voisine, et s’ajustèrent
par derrière une ceinture de longues touffes
d’herbes pour remplacer l’épée de bois qu’ils avaient
quittée. Puis ils se remirent en mouvement comme
un troupeau de kangarous, tantôt bondissant sur leurs
pattes de derrière, tantôt se posant et se grattant avec
leurs pattes a la manière de ces animaux. En même
temps, un naturel battait la mesure sur un bouclier
avec un casse-tête, tandis que deux autres hommes
armés les suivaient attentivement, comme pour tomber
sur eux à l’improviste et les percer de leurs lances.
Ceci était 1 cmblcme d’un de leurs futurs exercices,
la chasse du kangarou, et formait une scène à la fois
curieuse et grotesque ; car la vallée où ils se déguisaient
avait quelque chose de très-romantique, et ce
.spectacle était entièrement neuf.
N. 4. En arrivant à la place du you-lang, cette
troupe bizarre passa près des enfans, comme un troupeau
de kangarous ; puis arrachant soudain et rejetant
leurs queues d’berbes, chacun d’eux saisit un petit
garçon, et, le plaçant sur ses épaules, l’emporta en
tnoinpbe an beu où devait se passer la dernière scène
de cette singulière comédie. On doit observer que les
parens et les amis des jeunes gens n’essayèrent nullement
de gêner les naturels de Kemmirari dans l’exercice
de leurs fonctions, et que même ils ne s’en
mêlèrent en aucune manière.
JN. 0. Après avoir cheminé quelques pas, les enfans
furent retirés de dessus les épaules des hommes et
réunis en un peloton, debout, la tête baissée sur la
poitrine et les maios jointes. Quelques-uns des acteurs
dispai'urent alors pour dix minutes environ,
afin de préparer la scène suivante. On ne permit point
à l’auteur d’être présent à cette cérémonie, pour laquelle
les naturels semblaient observer un plus gi'and
degré de mystère el d’apjîrêl qu’ils ne l’avaient fait
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