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J u i n .
50 VOYAGE
produits la nation même qui les a tous exterminés jusqu’au
dernier. Cependant, tout en détestant la férocité
des conquérans, il est permis de ne pas trop se
passionner en faveur des Guanches ; car on a acquis
la certitude que, comme parmi tous les peuples à demi-
sauvages , chez ces Guanches si vantés, la caste privilégiée
affectait le plus profond mépris pour les individus
de la basse classe, et souvent même les traitait
de la manière la plus inhumaine.
Pendant la durée du mouillage, le vent fut variable
en force et en direction, quoique soufflant le plus
souvent du N. E. au S. E. Du reste, le jour même
où nous l’observions, soufflant assez frais du S. O. à
la cime du Pic, au mouillage il resta constamment à
l’E. et au N. E. assez faible. Le thermomètre, à 17° à
quatre heures du matin, montait ordinairement à 2 1 °
et 22° au milieu du jour, et a été une fois jusqu’à 25°,
tandis que la surface des eaux s’est toujours maintenue
à 2 1 ° environ.
Assez de navigateurs ont parlé du mouillage de Ténériffe,
de ses avantages et de ses inconvéniens ; je ne
répéterai point ce qu’ils en ont dit. Cette relâche nous
fut très-utile pour remplacer l’eau et le bois consommés
au détroit de Gibraltar ; nous prîmes , en outre,
quatre pièces de vin ordinaire, contenant environ neuf
cents litres. En le mêlant avec égale quantité d’eau,
il contenait autant d’alcool que celui qu’avait fourni
le port; et à cet état il se trouvait encore préférable,
pour la salubrité, à l’eau-de-vie.
A huit heures et demie, mes lettres, le paquet et la
DE L ’ASTROLABE.
caisse de MM. Quoy et Gaimard furent expédiés chez
le consul ; au retour du canot, je mis à la voile. La
brise incertaine et le courant nous retinrent quelque
temps en suspens, je vis même le moment où j ’allais
tomber sur un brick portugais mouillé près de nous.
Enfin, vers onze heures trente minutes, il s’éleva une
jolie brise d’E. N. E., et nous fîmes route, contournant
l’île à bonne distance, pour éviter les calmes de
la côte. L’île était enveloppée d’une brume épaisse
qui nous cacha entièrement les flancs du Pic; sa
cime seule se montrait de temps en temps au-dessus
des nuages comme une île suspendue dans les airs.
Toute la journée je ressentis une lassitude extrême
dans toutes les parties du corps, suite naturelle de
mon excursion au Pic.
Le vent fraîchit à l’E. et au N. E., et nous cinglâmes
sous toutes voiles à l’O. S. O. Le 22 au matin
nous vîmes encore la tète du Pic au travers des nuages,
elle disparut tout-à-fait vers buit heures. Quoique le
soleil se trouvât presque au zénith, la température
était délicieuse. Dans la journée du 23, nous commençâmes
à voir flotter sur les ondes ces belles pby-
sales aux reflets purpurins, qu’on rencontre si souvent
entre les îles Canaries et les iles du Cap-Vert.
J’ai voulu employer un des thermométrograpbes
de Bunten, pour observer les maxima et minima de
chaleur, chaque jour. Mais j’ai remarqué qu’il donnait
constamment un maximum plus élevé que le thermomètre
de Le Noir, parce qu’il est situé dans ma chambre
de la dunette, réchauffée toute la journée par les
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Juin.
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