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1826.
Juin.
de la hauteur absolue du pic, el celles des diverses
zones végétales.
Dès huit heures trente minutes du matin nous
étions remontés à cheval et sur la route de Santa-
Cruz. Jusqu’à Matanza je ne mis pied à terre que
deux fois : la première, pour récolter le Ramex la-
naria et le Saccharum canariense ; l’autre, pour recueillir
r / lex perado, au bord même du fameux ravin
où les Guanches taillèrent en pièces les troupes d’A-
lonzo de Lugo. Le long du chemin qui domine Tacoronte
, sur les fleurs du Carduus mariana, je pris
plusieurs individus superbes du Cynara, papillon curieux
, rare en France, et que M. Berthelot m’assura
propre à cette localité.
Arrivés près d’un aqueduc à mi-chemin environ de
Matanza à Laguna, il nous fit détourner vers la droite ;
à deux cents toises de distance au plus, notre surprise
fut extrême quand nous nous trouvâmes à l’entrée
d’une belle et majestueuse forêt. On la connaît sous
le nom d’Agua-Garcia ; elle est traversée par un ruisseau
très-limpide qui coule avec un doux murmure
au travers des basaltes ; et de jolis sentiers bien percés
en font une promenade délicieuse. De superbes lauriers
des Indes, \I l e x perado, le Viburnumglalino-
sum, etc., en forment la base, tandis que d’énormes
bruyères de quarante à cinquante pieds de hauteur en
peuplent la lisière. Par le ton général, l’aspect et la
forme des végétaux, et surtout des fougères, cette forêt
rappelle parfaitement celles des îles de l’Océan-Paci-
iîque, delaNouvelle-Guinée, et surtout d’Ualan,elc.
DE L ’ASTROLABE.
J’y remarquai entre autres VExacum viscosnm, le
Geranium vitifolium, Blechnumradic ans, A splénium
trichomanes canariensis, et une Clavaria, singulière
et fréquente sur les lauriers. Après avoir erré une
heure sous ces délicieux ombrages et rempli mon portefeuille
, je sortis enfin de ce lieu, non sans éprouver
le regret de n’y pouvoir rester plus long-temps ; et
je me promis bien, si la fortune me ramenait jamais
à Ténériffe, de retourner visiter les bois charmans
d’Agua-Garcia.
Nous passâmes à Laguna ; à six heures nous étions
de retour à Santa-Cruz, et à sept heures trente minutes
à bord Là j’appris avec satisfaction que toutes
les observations étaient terminées, et que, conformément
à mes ordres, M. Jacquinot avait tenu tout
prêt pour l’appareillage qui fut lixé au surlendemain.
L’équipage s’était bien comporté, et le service n’avait
nullement souffert de mon absence.
* Voyez la note 11° r.
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