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vembre 1817, la population totale de la Nouvelle-
Galles du Sud et de ses diverses dépendances ne montait
pas k moins de 20,328 ames, qui se trouvaient
ainsi réparties :
Dans la Nouvelle-Galles du Sud, 16,664, dont
610 soldats et 6,297 convicts, le reste en population
libre.
Dans la terre de Van-Diémen, 3,114, dont 2,554
dans le Derwent, et 560 à Port-Dalrymple. Dans ce
nombre on comprend 200 soldats, et on estime le
reste des hommes libres à 2,118.
A New-Castle, à soixante milles au nord de Port-
Jakson, 550, dont 70 environ seidement sont libres.
Le gouverneur Alacquarie ne se contenta pas d’enrichir
la colonie d’ouvrages utiles ; il porta aussi
toute son attention vers la morale publique, et chercha
tous les moyens de l’améliorer. Jusqu’alors les
convicts émancipés, quoique rendus à la condition
d’hommes libres , étaient restés généralement courbés
sous le poids de Topinion publique. Ils vivaient
séquestrés de la société des personnes d’origine libre;
ils étaient exclus des fonctions publiques, et
leurs droits civils par le fait se bornaient à peu près
a etre admis à procéder devant les cours civiles.
Cet état de choses tenait essentiellement à l’origine
meme de la colonie, et aux élémens dont sa population
s’était successivement composée. Ainsi qu’on l’a
vu , durant les quinze premières années, les grandes
propriétés et la majeure partie des intérêts commerciaux
se trouvèrent concentrés entre les mains d’un
petit nombre d’individus qui, sauf quelques exceptions,
exerçaient des fonctions civiles et militaires, ou
les avaient primitivement remplies. Ils ne tardèrent
pas à former une sorte d’aristocratie, dont les efforts
tendirent de suite à envahir tout le pouvoir et à dominer
la colonie entière. Jouant sous les premiers gouverneurs
le rôle de la haute noblesse dans une monarchie
, ils se regardèrent comme leurs conseillers naturels
, et exercèrent la plus grande influence sur leurs
délibérations. Aux yeux de ces colons la classe entière
des émancipistes (je désignerai ainsi ceux des convicts
qui recouvrent leur liberté par pardon ou pour avoir
rempli leur temps ) ne méritait aucune considération,
et leur orgueil n’eôt pu supporter l’idée de les voir un
seul instant rétablis sur le même parallèle que les
hommes libres.
Vainement on eôt pu alléguer les exemples très-
rares de quelques particuliers, qui, après avoir été
convicts, étaient néanmoins parvenus à une certaine
aisance et à un état indépendant. Leur succès, dans
ces cas mêmes, ne pouvait s’attribuer qu’au patronage
et à la protection que leur avaient accordée quelques-
uns des membres de cette sorte de junte aristocratique
, dont ils avaient été les agens dans leurs affaires
de négoce ; car ces nobles de nouvelle date auraient
cru déroger à leur dignité en tenant boutique et vendant
publiquement.
Ainsi se trouvaient anéanties de fond en comble les
vues philantropiques des hommes qui avaient fondé
cet établissement. Ln effet, ils avaient espéré que sur