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Octobre.
n . X V I.
vraiment crépus, et tous offraient le vrai type australien,
tel que je l’avais déjà observé à Port-Jackson, et
au-delà des montagnes Bleues. Je leur fis signe de
nous suivre vers l’observatoire ; ils y coururent en
sautant et gambadant. Arrivés à la tente, nous vîmes
trois autres sauvages qui s’y trouvaient déjà, et qui,
depuis le matin , avaient tenu fidèle compagnie à nos
gens.
Sans doute le premier qui était venu nous voir à
bord avait instruit ses camarades des mauvais effets de
l’eau-de-vie dont il avait beaucoup souffert ; car, non-
seulement ils ne demandaient point de cette liqueur,
mais s’enfuyaient même quand on leur en offrait. Leur
conduite fut très-paisible, aucun d’eux ne tenta de commettre
le moindre vol, quoique nos ouvriers prissent
très-peu de soin de surveiller leurs affaires.
Je jetai un coup-d’oeil sur la cbaloupe, et m’assurai
que l’eau et le bois se faisaient avec facilité. Sous ce
double rapport, cette station esttrès-recommandable,
et bien préférable à celle où s’était établi Flinders.
Elle aurait encore plus d’avantages si le navire était af-
fourcbé dans le goulet même; car alors il n’y aurait qu’à
peine une encablure de distance du bord à l’aiguade.
Les oiseaux paraissent très-rares sur cette partie de
la côte ; je n’ai observé qu’un petit quadrupède qui s’est
enfui d’entre nos jambes. On voit à la plage nombre
de coquilles roulées et brisées, et surtout des pba-
sianelles ; mais on ne peut guère se procurer vivans
que des patelles, des lépas, des moules et de petits
buccins noirs.
MM. Quoy, Gaimard, Guilbert et Sainson, ont
employé toute la journée à faire le tour entier de la
baie de la Princesse, sans avoir rien observé de bien
remarquable. M. Dudemaine, que la lassitude avait
contraint de rester en arrière, a été obligé de passer
la nuit sous la tente.
Tous les sauvages ont témoigné le désir de me
suivre à bord ; mais je n’ai accordé cette faveur qu’à
un seul d’entre eux, content d’avoir en sa personne
un garant de la conduite qu’allaient tenir ses camarades
envers les bommes que nous laissions à terre.
Ce nouvel bote, qui pouvait avoir trente-cinq ou
trente-six ans, était un des mieux tournés de sa tribu.
J’eus beaucoup de peine à obtenir qu’il abandonnât
un cône de Banksia allumé, qui lui servait à conserver
long-temps du feu, surtout à se chauffer le ventre
et tout le devant du corps. Pour les sauvages c’est un
objet d’une haute importance, et je ne me rappelle pas
qu’avant nous aucun voyageur en ait fait l’observation.
Ils portent partout avec eux ces cônes enflammés;
grâces à cette précaution, ils n’ont pas besoin
de rallumer à chaque instant leur feu par le frottement,
procédé qui paraît même leur être peu familier.
Ils se servent, en outre, de leurs cônes pour mettre partout
sur leur passage le feu aux broussailles et aux
herbes sèches ; c’est ce qui fait qu’en général les forêts
de la Nouvelle-Hollande sont si dégagées et d’un accès
si facile.
La journée a été très-pluvieuse, et le vent n’a
cessé de souffler avec violence au N. O. Le naturel
1826.
Octobre.