334 VOYAGE DE L’ASTROLABE. 33.5
d’acres de terre chacun, et avec l’espoLr d’en obtenir
davantage, s’ils peuvent la cultiver. Nous avons besoin
qu’ils habitent la campagne. Donnez aux plus indigens
des émigrans qui viennent ici telles facilités qu’ils ont
droit d’attendre; donnez-leur la chance d’employer
leur industrie, avant que leur patience et leur énergie
soient épuisées, avant que leur courage soit abattu
par le malheur. C’est une opinion erronée, que de
penser que le capital seul doive être un litre pour réclamer
de la terre; c’est une opinion plus erronée encore
, que de créer des rentes , de charger les concessions
de conditions onéreuses, dans l’espoir de travailler
à la prospérité de la colonie, ou de contribuer
à la culture d’une acre de terre de plus, que si le peuple
pouvait jouir sans aucune restriction du produit
entier de la terre qu’il possède. C’est bien assez de défendre
la vente de ces terres, pour certaines raisons ;
mais hormis celle-ci, toutes les restrictions sont nuisibles.
Il pourrait être excusable ou même convenable
de taxer les absens, de taxer ceux qui obtiennent de
la terre uniquement dans l’intention de la vendre, et
qui n’ont jamais pensé à la cultiver; mais c’est la proposition
la plus inique qui ait jamais été faite et exécutée,
que de faire payer aux concessionnaires une
rente sérieuse pour la terre, tandis qu’ils mettent tous
leurs soins à l’améliorer el à se rendre ainsi des membres
méritans de la colonie. Il est impossible, nous le
présageons clairement, que les réglemens dernièrement
promulgués restent long-lemps en vigueur. N ous
annonçâmes qu’ils causeraient un mécontentement
universel. — Us ont en effet causé un mécontentement
universel, et même détourné une foule d’émigrans de
venir s’établir dans celte colonie. Nous espérons seulement
que le gouvernement d’Angleterre se sera
aperçu de son erreur, erreur dans laquelle il a été induit
par quelques grands propriétaires qui ont conçu
la folle espérance que leurs propres terres hausseraient
de valeur, si les nouveaux venus étaient forcés
de payer toutes celles qu’ils recevraient de la couronne.
Nul doute que ce moyen n’ait d’abord réussi; mais ces
monopoleurs n’ont point réfléchi qu’ils seraient arrivés
au même but par une marche différente ; que la valeur
de leurs teri'es se serait tout autant accrue en encourageant
de nombreuses émigrations , qu’en faisant
rançonner çà et là quelques cultivateurs pour chaque
acre de terre qu’ils obtiendraient. On ne peut disconvenir
que les réglemens n’aient eu l’effet que nous venons
de décrire. On ne peut disconvenir que plusieurs
familles, qui étaient sur le point de passer dans ce
pays, ne soient restées en Angleterre, détournées
de leur projet uniquement par les prix injustes et cf-
frayans des rentes imposées sur toutes les terres à
concéder. »
Nous allons maintenant rapporter en entier les ré-
giemens dressés par le ministre des colonies, touchant
les concessions à faire, et qui ont donné lieu aux critiques
précédentes. [Monitor, 2Xs,page 155,29septembre
1826.)
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