il
pourraicnl intéresser quelques-uns de vos lecteurs,
qui, dc même que votre humble serviteur, sont admirateurs
des oeuvres de la nature, ou, pour mieux
m’exprimer, des oeuvres de Dieu.
» Les naturels sont en général grands et bien con-
l'ormés. Leur cbef, qui a reçu le nom dc Saturdmj
(samedi), est d’une très-belle ligure, bien musclé,
et ses membres sont dans les belles proportions ; il
paraît connaître sa supériorité sur ses frères de couleur.
Sa personne pourrait servir de modèle pour une
statue d’Apollon. Un autre naturel quej’aivu, nommé
Sunday (dimanche), a un corps moulé d’une manière
remarquable, et quand il tient sa massue ou son
waddi, il ne représenterait pas mal un Hercule.
D’après la douceur de leur peau, ces naturels semblent
en possession d’une nourriture abondante. Une
petite espèce d’opossum, joli petit animal qui vil des
feuilles d’une sorte d’eucalyptus, connu dans la
colonie sous le nom de guni-lree, est leur principal
aliment ; parfois ils cbasscnl, le kangarou ct se nourrissent
de cigales qu’ils tirent de terre, quand elles
sont engourdies.
» Les opossums , disent-ils , sont très-gras en été
el font un excellent manger. Avec la graisse de cc
petit animal, ils sc frottent la tète et le ventre, surtout
quand ils vont combattre. Cela, disent-ils, les
rend plus alertes. Les opossums sont très-nombreux
el se prennent facilemenl dans les troncs d’arbres. Les
naturels n’ont point de lignes dc poche, cbose étonnante
, puisipie les rivières ici abondent en poisson,
mais ils l’attrapent quelquefois avec leurs lances. Ils
apprêtent leur nourriture en la faisant griller sur le feu.
Avec les peaux d’opossums ils se font des manteaux
très-chauds, assez larges pour couvrir leur corps entier,
proprement cousus avec une aiguille en os, et les
poils des queues d’opossums. En hiver, ils mettent le
côté du poil contre le corps ; en été, ils le retournent.
Ils sont li’ès-adroits à dépouiller les animaux avec une
pierre tranchante. Ils ne travaillent ni ne filent, et cependant
leur père céleste prend soin de les nourrir.
Leur caractère est généralement gai ; ils sont grands
chanteurs et ont fait de courtes chansons sur plusieurs
habitans du pays. Dans leurs chansons, quelques-uns
sont loués, et d’autres tournés en ridicule; très-
attachés à ceux qui leur montrent quelque espèce d’amitié
ou d’égards, ils admirent un caractère brave et
généreux, mais ont une grande aversion pour ceux qui
sont cruels et moroses. Ils regardent comme une lâcheté
de maltraiter ou de tuer les femmes et les enfans
à la guerre. Ils pleurent avec amertume la mort de
leurs femmes et de leurs enfans tués par nos gens.
Les naturels qui ont été détenus à Sydney se ressouviennent
parfaitement des politesses que leur fit
le gouvernement ; ils mentionnent particulièrement
M. S. Bannisler, le procureur-général, el parlent de
son humanité à leur égard dans les termes les plus
vifs. Je prends ici la liberté de donner mon opinion
sur la cause des troubles qui se sont malheureusement
élevés entre nous et les aborigènes ; et j’attribue la
perte de ceux qui jjérirent des deux côtés à la con