
 
        
         
		' t   T 
 215 
 j ’  il 
 I  t! 
 rapides ;  des  contrées naguère couvertes de forêts impénétrables  
 ,  et occupées par des tribus éparses et peu  
 nombreuses,  nourrirent bientôt  des  peuples actifs et  
 industrieux. Traités avec équité par leur mère-patrie,  
 jamais ils n’eussent oublié leur origine et fussent restés  
 ses alliés fidèles  et obéissans. Mais une politique malentendue  
 ,  un orgueil  insensé de la part du gouvernement  
 anglais,  lui  fit  perdre  les immenses  avantages  
 qu’il  pouvait  retirer  de  ses  colonies;  long-temps  
 encore  celles-ci  endurèrent les mépris et les procédés  
 injustes du cabinet de Saint-James;  enfin leur patience  
 se  lassa,  f  étendard de la révolte fut  levé,  leur  indépendance  
 proclamée,  et d’en fans soumis et affectionnés  
 , ils  devinrent des ennemis irréconciliables. 
 A dater de ce moment,  la Grande-Bretagne dut renoncer  
 au système quelle suivait envers ses criminels ;  
 elle  se  vit  obligée  de  les  renfermer  de  nouveau  suides  
 pontons ou dans des maisons de correction. 
 Banks,  au retour du voyage qu’il  venait d’exécuter  
 avec le capitaine Cook,  fit un portrait si séduisant des  
 contrées  qui avoisinaient la rade de Botany-Bay et des  
 ressources  qu’elle pouvait  offrir,  que l’on conçut dès-  
 lors l’espoir d’en  faire un lieu de déportation.  En effet,  
 l’immense intervalle entre ce point et toute autre colonie  
 européenne, la faiblesse extrême et la profonde misère  
 des  indigènes,  en  ôtant aux  condamnés  tout  espoir  
 d’échapper  à  leur  punition,  rendaient  cette  contrée  
 très-propre à un  pareil  établissement ;  tandis que son  
 admirable situation, à égale distance environ des comptoirs  
 de l’Inde, de la Chine  et de  l’Amérique,  lui prék 
 sageait pour  l’avenir  les plus  grands  avantages  pour  
 le  commerce et  la  navigation.  Cependant,  détournée  
 par d’autres intérêts,  l’Angleterre ne put d’abord exécuter  
 ce projet ; ce ne fut qu’en 1786 qu’elle commença  
 à s’en  occuper sérieusement. 
 Neuf bâtimens, du port de trois ou quatre cents tonneaux, 
   furent  frétés  pour  transporter  les  criminels  
 qui  devaient  former  le noyau  de  l’établissement,  les  
 provisions et  les munitions nécessaires.  Arthur Phillip  
 ,  désigné pour être le gouverneur, mit son pavillon  
 sur la frégate le Sirius,  de  vingt  canons ,  et  le  brick  
 Supply  (capitaine Bail)  devint  sa  conserve. 
 Cette flottille portait mille dix-sept personnes  pour  
 la  nouvelle  colonie,  savoir  ;  cinq  cent soixante-cinq  
 hommes condamnés,  cent quatre-vingt-douze  femmes  
 et les  diverses autorités nommées pour la régir et l’administrer. 
   Celles-ci  se  composaient,  outre le gouverneur, 
   du major commandant  les  troupes  de marine,  
 destiné  à  être  lieutenant-gouverneur,  de  fadjudant-  
 quartier-maître,  de quatre  capitaines,  dont un devait  
 remplir les  fonctions de juge-avocat,  de douze  lieute-  
 nans,  douze sergens,  douze  caporaux,  huit tambours  
 et cent soixante soldats de marine. 
 On mit  à  la  voile  le  11  mai ;  on  relâcha à Sainte-  
 Croix de Ténériffe,  à Rio-Janeiro et au cap de Bonne-  
 Espérance ,  où  l’on  prit  des  rafraichissemens,  des  
 graines  et  beaucoup de bétail.  Le  7 janvier  1788,  la  
 pointe  du  sud  de Van-Diémen fut  doublée,  et  le 20  
 toute  l’escadre  mouilla  sur  la  rade  de  Botany-Bay.  
 Trente-deux  hommes  seulement  périrent  dans  eette 
 i5’‘