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Tout était à peu près tranquille, et nous nous retirions
avec M. Uniacke, lorsque tout-à-coup nous
vimes un naturel, que des femmes voulaient retenir en
poussant de grands cris, s’agiter avec force, et à
quelque distance un autre sauvage s’avancer en gesticulant
avec sa lance et s’écriant qu’il voulait com-
batti’e. En même temps, deux bommes s’étaient emparés
de vive force d’une jeune femme, et, malgré ses
cris et sa résistance, l’entraînaient vers le cbamp de
bataille. Incertains de ce qui allait se passer, nous
nous rapprocbâmes de la scène; M. Uniacke m’ayant
assuré que c’était les préludes d’un mariage, je m’apprêtai
à en suivre les détails. Tandis que nos deux
sauvages se préparaient à combattre, et que d’autres
parlaient au milieu d’eux avec véhémence, un Anglais
en 1 8 2 9 , e l intitulé Pictu r e o f A u s tr a lia , e t c ., page 2 4 6 . V o ic i c e qu’on y
lit à ce sujet :
« Ces gens ont aussi un autre p roje ctile aussi cu rieu x clans sa forme que
p a r la man ière dont on s’en sert. C ’est le b oum eran g , fa it a v e c un bois
naturellement très-dur e t très-pesant, q ui le de vien t encore d a vantage par
son exposition au feu : sa forme est en quelque sorte ce lle d ’une lun e tte ,
ou plutôt de deux bras légèrement courbés formant un angle Irès-ouvert au
centre. Cependant il est formé d ’un seul morceau de b o is ; les d eu x côtés
sont a iguisés, c t leur tranchant est d’autant meilleur que leu r direction
est oblique p a r rapp ort au fil du bois. L e Ijoumerang se lance dans une
direction oblique de bas en h au t : sa forme et la manière d on l il est envoyé
lu i impriment u n mouvement circu la ire accompagné d ’un sifflement en tra versant
l ’a ir . A p rè s s’è tre é le v é , en retombant il v ien t frapper avec tonte
la force de sa vitesse. I l faut une grande habitu de pou r lan ce r ce t instrument
avec p réc is ion ; mais ceu x contre lesquels il est d ir ig é , en voulant l’ é v ite r ,
cou ren t le risque de se je te r à sa ren c o n tre , ca r il n’y a que ce lu i qui l’a
envoyé q ui sache où il devi’a tomber. On s’en sert à la cbasse anssi bien
qu’au combat. »
se précipite sur la femme, l’entraîne, et, muni d’un
solide gourdin, repousse vigoureusement les sauvages
qui veulent fondre sur lui. Désespérée, la
pauvre femme l’embrassait étroitement, et semblait
attendre son unique salut de ses efforts. Mais un murmure
général d’improbation s’éleva de tous les côtés,
les sauvages s’ameulèrent en troupe autour du
couple fugitif, et déjà menaçaient le ravisseur de
toute leur fureur; des camarades de celui-ci s’interposèrent,
lui firent des représentations, et il lâcha
enfin sa proie. Toutefois, il suivit encore quelque
temps les sauvages qui saisirent la femme, en les
menaçant et vomissant contre eux toutes sortes d’imprécations.
Ceux-ci ramenèrent leur captive en triomphe
; une lutte de deux hommes corps à corps eut
lieu durant quelques minutes, et se termina à l’amiable.
Il y eut encore des menaces, des provocations,
mais sans résultat. Enfin, couverte de sang et de
poussière, la malheureuse fut tramée près d’un tronc
d’arbre contre lequel elle resta collée, sans force et
sans mouvement, tandis que le chef de la tribu qui
l’avait enlevée se promenait près d’elle en long et en
large, comme pour provoquer au combat quiconque
eôt été disposé à la réclamer. C’était le vigoureux
Douel, et personne, à ce qu’il paraît, ne se soucia de
se mesurer contre lui. Je voulus m’en approcher pour
lui parler, mais il était tout entier à son rôle, et il ne
daigna pas même faire la moindre attention à moi.
Autant qu’il est possible de compter sur ce genre d’explications,
quelques Anglais qui m’entouraient m’ap-
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