i '
I I ‘'I
' I
M f l
% l i \
í l íh '
i i i i i
. lÉ r i
1826.
Juin.
de ce petit cône. Vers le milieu de sa hauteur, j ’observai
un soupirail elliptique de quatre pouces de longueur
sur deux de largeur, par où s’exhalait une
fumée sulfureuse très-cbaiidc. Plongé dedans, le thermomètre
s’éleva promptement de 13° à 70“.
A six heures trente minutes nous arrivâmes à la cime
du Pain-de-Sucre ; c’est évidemment un cratère à denii-
oblitéré, à parois peu épaisses et écbancrées, dont la
profondeui’ est de soixante à quatre-vingts pieds au
plus, et semé sur sa surface de fragmens d’obsidiennes
on de j)onces et de blocs de lave. Des vapeurs sulfureuses
s’exhalent de scs bords, et forment j)our ainsi
dire une couronne de fumée, tandis que le fond est
toiit-à-fait refroidi.
.l’observai, ct je n’en fus nullement surpris, que le
vent, assez fort à cette hauteur, soufflait du S. O.,
direction précisément opposée à celle de l’alisé, à peu
près constant au niveau des mers.
A la cime du Pilon, le thermomètre était à 11°;
mais je soupçonne qu’il se ressentait encore de l'exposition
à la fumerolle; car, arrivé au fond du cratère,
de 19° au soleil, il descendit en peu de temps à 9°, 5 à
l’ombre. Nous déjeunâmes avec autant de gaieté que
de frugalité dans ce beu, avec un morceau de pain, des
fraises et quelques gouttes d’eau-de-vie. Nous nous félicitions
d’avoir terminé avec autant de succès une entreprise
dont beaucoup de voyageurs ont singulièrement
e.xagéré les difficultés et les dangers. Nous faisions
des projets [)oiir l’avenir; laissant de côté la France,
nos parens et nos amis, nous ne pensions (ju’aux con-
Irées lointaines que nous allions visiter, aux observations
que nous devions y faire, aux trésors en tout
genre que nous allions conquérir pour la science!...
Brillantes illusions, douces chimères, nécessaires à
l’esprit dans ces sortes de voyages, pour en adoucir
les ennuis et en varier la triste monotonie !....
Du sommet de ce mont sourcilleux, nous pûmes à
notre aise contempler toute la portion du Pic qui s’élève
au-dessus des nuages, saisir au gré de notre curiosité
l’ensemble de ses divers accidens, ou les détaillei'
l’un après l’autre, et surtout suivre à la fois de l’oeil et
de l’imagination les phases successives, et l’accroissement
progressif de cet énorme protubérance du globe
terrestre.
Essayons en peu de mots d’en donner ici une idée
succincte.
Le volcan primitif, réduit pour la bauteur aux deux
tiers environ de son élévation actuelle, offrait une
bouche immense de deux à trois lieues de diamètre,
dont les j)arois s’élevaient sur l’emplacement aiijour-
d’bui occupé par ces massifs immenses de laves qui
ceignent les Cañadas. Sur plusieurs points, comme
autant de vieilles mines encore debout, ils représentent
parfaitement ce qu’ils durent être jadis. Après
avoir vomi ces immenses coulées de laves qui formeni
la grande charpente de File, la violence des feux s’amortit
; les éruptions, au lieu de remplir en cnlier la
bouche énorme du volcan, devinrent partielles;
une foule de petits volcans secondaires se formèrent
dans son intérieur. Le plus grand nombre sans doute
3 uii».
. f ' 11- ! ■ ■ 11’
'il.i
^ 'Iji’
fXLE