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» Ils aiment beaucoup le pain et le lait, le tabac
ct le sucre, mais ils se soucient peu des liijueurs
fortes. J’oflris un jour à Saturday un verre de rbuni
ct d eau, mais il refusa de le boire, cl, me montrant
sa tète, il me fit connaître qu’il en avait ressenti les
effets i)ernicieux. Ils sont ti-ès-jjaloux d’èlre rasés et
d’avoir leurs cbeveux coupés comme un gentleman ;
j ’en observai un dans le nombre dont la cbevelure
était proprement peignée, et qui vient souvent emprunter
un peigne pour cela.
» Leur langage se compose j)rincipalcment tle palatales.
Les naturels, près de Batburst, ont appris
de nos gens une espèce de jargon que ceux-ci em-
l)loyaient avec eux, à leur arrivée ici, en mêlant, à cc
(jii’ils connaissaient du langage des sauvages d’en bas,
quelques mots anglais. C’est ainsi qu’ils ont à leur
tour attrapé quelques termes ..anglais et d’autres du
langage des naturels de Sydney; on s’adressant à
nous, ils y mêlent leur propre langue. Les indigènes
de celte partie de la Nouvelle-Hollande ne peuvent
comprendre ceux du bord de la mer, ni se faire
entendre d’eux. Les noms qu’ils donnent aux mêmes
objets diffèrent entièrement.
» On doit fort regretter que ces naturels, par leurs
relations avec les Anglais, aient appris toutes les
expressions indécentes et dégoûtantes, si communes
dans la boucbe des convicts, et aient été plutôt corrompus
que civilisés par leurs nouvelles connais-
.sances. Mais ils possèdent dans toute l’étendue du
mot une cbo.se du (¡lus grand prix, la liberté; elle
conqiense en grande partie pour eux les avantages
ct les jouissances dont les Luropéens sont favorisés.
Ils n’ont que très-peu dc soucis, et leur esprit néanmoins
est certainement en proie aux craintes ct aux
terreurs de la superstition. J’observais dernièrement
une tribu, qui était venue dc Moudjaï pour rendre
visite à Saturday ct à ceux dc sa tribu ; les nouveaux
venus campèrent près de ma niaison, et de bonne
beure, dans la soirée, j ’eus la curiosité de les examiner
de près. Ils étaient disposés autour d’un côtcau voisin,
ct parurent très-satisfaits delà visite que je leurl'aisais.
Ils étaient assis par terre autour de plusieurs petits
feux (car je ne leur en ai jamais vu faire de grands),
très-près les uns des autres, et cbaquc famille généralement
a son feu particulier ; mais à quelques-uns dc
ces feux je ne vis que des femmes ct des enfans. Ln
certains endroits, il y avait des groupes d’bommes
qui cbantaient des chansons ou causaient amicalement;
mais je n’ai jamais entendu les femmes chanter. Llles
sont bcaucouj) plus nombreuses que les hommes. Je
vis plusieurs de ceux-ci qui avaient trois ou (juatrc
femmes. Magpaï, chef de Moudjaï, en avait cinq, et
dans la visite qu’il nous fit quelque temps auparavant
il en avait sept. Je fis plus particulièrement connaissance
avec une famille comjioscc du mari, de ses deux
femmes et de plusieurs enfans. La favorite sc tenait
assise près de son mari, appuyée sur son bras, tandis
que l’autre était assise i)rès d’un feu, à une petite distance
d’eux avec les enfans. J’estimai le nombre entier
des nalurcls présens à cent cinquante; mais toute la