D I " c Ô T r ?
P R Ê L I M I N
S U R L A M O R A L E
ET LA LÉGISLATION.
LE commun des hommes ef-
time la fcience de vivre ,
( c’eft-à-dire de fe rendre humain,
vertueux ôc fociable, ) fi facile ,
qu’il croit fuperflu de l’enfeigner.
On entre dans le monde, fans fa-
voir ce qu’on doit exiger ôc ce
qu’on eft obligé de rendre. La naK
ture ne nous infpire cependant que
le foin de veiller à notre confer-
vation, & ne nous fait point con-
noître à quoi fe rapporte ce foin.
Sortis de fes mains , nous ne trouvons
prefque en nous que l’amour
de nous-mêmes ; d’où naiffent la foif
des plailirs & la vanité : deux fen-
timens qui nous font mal vivre ,
& avec nous 6c avec la fociété ,
s’ils ne font pas dirigés au bien général.
CTeft-là l’objet de la Morale
ôc de la Légiflation. L ’une ôc l’autre
temperent convenablement ces
affections ; ôc de vices quelles font
naturellement, les transforment:
en vertus. Elles nous apprennent
à connoître nos véritables befoins r
ôc à concourir chacun en particulier
à nous les procurer réciproquement,
afin de nous rendre heureux.
Dans l’état de pure nature;.