les pôles. Or Newton avoit tiré
la même conféquence de Tes principes.
La Lune eft , félon lui, un
fphéroïde allongé', dont le plus
grand diamètre prolongé pafferoit
parle centre de notre Terre, ôcqui
tend toujours à fe conformer à cette
fituation (g).
En fécond lieu, fi la Lune a été
mue avec la Terre , fon mouvement
doit être proportionnel à la
maffe de ces deux corps. Or Newton,
& prefque tous les Mathématiciens
, eftiment que la malfe de
la Terre eft à celle de la Lune
environ comme 2 S à 1. Donc le
mouvement de la Lune doit être
environ 2 6 fois plus lent que celui
de la Terre. Et puifque fa révolution
autour de la Terre exprime fa
rotation , étant fa rotation elle-
même , cette révolution doit
être environ 2 6 fois plus lente que
la rotation de la Terre : ce qui eft
conforme aux obfervations par
lefquelles on fait que la rotation
de la Terre autour de fon axe eft
d’un jour , & que celle de la Lune
, ou fa révolution , eft de 27
jours.
8. Mais puifque la Lune a été
détachée de la Terre, & que la
Terre a été détachée du Soleil, la
force centrifuge du tout a dû êtte
plus confidérable que fi la Terre
avoit été détachée, toute feule.
Donc la route qu’auront fuivi ces
deux corps, aura dû être proportionnelle
à leur maffe, leur force
centrifuge étant proportionnelle à
la maffe. Par conféquent l’orbite de
la Terre doit être plus oblique
fur l'écliptique que les autres Planètes
relativement à leur maffe.
9. Par la même raifon, Jupiter
& Saturne , qui ont des Satellites
comme la Terre, (car la Lune eft
le Satellite de la Terre ) &c qui ont
la même origine que la Lune, c’eft-
à-dire qui ont été détachées de ces
Planètes, comme la Lune a été détachée
de la Terre ; Jupiter & Saturne
, dis-je, doivent avoir des
orbites plus obliques fur l’écliptique
par rapport à leur maffe, qu’elles
n’en auroient fi elles navoient
eu des Satellites. Mais ces Planètes
une fois débarraffées de leurs
Satellites, ont dû fe mouvoir avec
une vîteffe proportionnelle à leur
maffe.
Refte encore une difficulté ,
c’eft de favoir fi l’anneau de Saturne
n’altère point les principes
établis fur la théorie de cette Planète.
Pour y fatisfaire , je vais ex-
pofer le réfultat des obfervations
qu’on a faites fur cet anneau.
10. Suivant les plus célèbres
Aftronomes , les Huguens , les
CaJJini, les Grégori , les Flam-
ftéed , &c. l’anneau de Saturne eft
une bande large , mince & transparente
, qui entoure cette Pla-
(g) Pkilofoghia. mtumlis jrinei[ia. mithmatica. Lîb. I. prop. 38.
nète, comme les horizons entourent
les globes céleftes artificiels.
Il eft diftant également en tous fes
points du corps de Saturne , & on
apperçoit à travers les étoiles fixes.
On doit conclure de-là que cet anneau
eft formé d’une matière extrêmement
rare , qui né peut guère
influer fur le mouvement de la
Planète qu’il entoure. Que fait-on
même fi cet anneau ne provient
point de la grande rareté de l’équateur
de Saturne ? Voici du moins
ce qui fuit de la nouvelle hypo-
thèfe.
Saturne eft la Planète la plus
éloignée du Soleil, & par conféquent
la plus légère. Elle doit donc
être d’une rareté extrême, & cette
rareté doit être plus confidérable à
fon équateur qu’à fes autres parties.
Cela pofé , on fait que Saturne
ne reçoit du Soleil que la centième
partie de la lumière que le Soleil
lui darde , laquelle centième partie
eft encore diminuée par la perte
confidérable qui s’en fait en fe réfractant
dans le paffage de l’équateur
de cette Planète à fon centre.
Saturne doit donc paroîtré vifible
& tranfparent plus à ,1’équateur
qu’aux pôles. On doit donc apper-
cevoir un corps noir à quelque dif-
tance de l’équateur ; & c’eft ce qui
fait juger qu’il eft détaché de la
Planète , & que la Planète & l’anneau
font deux chofes diftinûes
l’une de l’autre : jugement déjà fufpe£
té par Newton, qui confondoit
affez l’anneau avec la Planète. Car
fur ce que Flamjiéed eftimoit le
diamètre de Saturne de 11 fécondés
, Newton prétendoit qu’il fal-
loit ne l’évaluer que 9 à 10 fécondés
; parce que , difoit-il, le
globe de cette Planète eft un peu
dilaté par la réfrangibilité inégale
des rayons de lumière.
Au refte , ceci n’eft qu’une con-
jeêture indépendante de la nouvelle
théorie générale des corps
céleftes , & qu’il eft fans doute
permis d’adopter ou de réjetter indifféremment.
Mais fi cette théorie
eft vraie, on doit encore expliquer
par elle l’origine & les loixdu mouvement
des Comètes.-, Ce font- les
derniers corps céleftes qu’on con-
noiffe. dans le Ciel.
I V.
1. On croyoit autrefois que les
Comètes étoient des météores. Ce
fentiment a vieilli ; & les obfervations
qu’on a faites fur ces corps
lumineux , nous ont enfuite appris
que c’étoient des efpèces de
Planètes qui faifoient leur révolution
autour du Soleil dans une
orbite extrêmement excentrique,
c’eft-à-dire dans une ellipfe d’une
forme très-oblongue, ou même dans
une parabole. Nous favons encore
par ces obfervations que le mouvement
des Comètes , ainfi1 que
celui des Planètes, eft plus lent
dans leur aphélie (qui eft leur plus