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»renvoie à leurs cahiers. Enjoint au
» Cqeur.de continuer à être le prin-
*> cipe des Nerfs j & à toutes perfon-
» nés de quelque condition ou pro-
x feffion, quelles foient, de le croire
»tel, nonobftant & malgré toutes
»expériences à ce contraires. Or-
» donne pareillement au Chyle d’al-
»ler droit au Foie, fans plus palier
» par le Coeur, & au Foie de le re-
» cevoir. Fait très-expreffes inhibi-
»tions & défenfes au Sang d’être
»plus vagabond, errer, ni circuler
»dans le Corps.. . , . .RemettesEn-
»tités, Identités, Pétréités, Poli-
.» carpéités,&autresFormules Scho-
»tiftes,, en leur bonne fâme & re-
.» nommée. A réintégré le Feu dans
» la plus haute région de l’Air, fui-
»vant & conformément aux def-
» centes. A relégué les Comètes au
» concave de la Lune, avec défen-
»fes d’en jamais fortir pour aller ef-
»pionner ce qui fe fait dans les
» Cieux. . . . . . Enjoint à tous. Pro-
x feffeurs de tenir la main à l’exécu,
»tion du préfent Arrêt, &c ».
Cette plaifanterie fit plus d’effet
que les meilleurs raifonnemens &
jes plus belles expériences. Tout le
monde la lut, & put juger fi laPhi-
lofophie de l’Ecole méritoit d’être
protégée. Les Çartéfiens triomphèrent,
La doêtrine de leur Maître fe
répandit dans toute l’Europe, & fut
prefque partout adoptée.
Cependant la nature ne s’étoit
point épuifée en mettant Defcartes
au monde. Connue fi elle avoir
O U R S
voulu le dédommager de ce long
repos, où elle n’avoit produit que
des hommes ordinaires, elle forma
prefque dans le même temps deux
Génies fublimes, qui étendirent infiniment
la fphère des oonnoilfances
.humaines. Le premier étoit Anglois :
c’eft le grand Newton. Le fécond
naquit en Allemagne : ç’eft l’iiluftre
Leibnitz. Après avoir lu avec attention
les ouvrages dt Defcartes, Newton
trouva qu’il n’avoit pas tout dit
fur la Métaphyfique ; que fa Géométrie
pouvoit être perfectionnée ;
que Ion Optique nétoit pas allez
développée , & que fa Théorie du
mouvement des corps ' célefte.s
étoit abfoiument défeétueufe. Dans
cette Théorie, le Philofophe François
fuppofe que les Aftres font em-
portés.par des tourbillons fournis à
des loix qu’il établit. Ces-ioix font
déduites de la formation même dut
monde, Defiartdi, pour les établir,
s’étoit tranfpoïté. en idée dans le
premier temps où la matière étoit
informe, fans ordre , fans arrangement,
& là il s’étoit donné le fpec»
tacle de la création. Il fe plaçoit
ainfi àla fource de tout, & tâçhoit
de fe rendre maître des premiers
principes par quelques idées claires
& fondamentales, pour n’avoir plus
qu’à defeendre aux Phénomènes de
la nature par des conféquençes né-
çeffaires, Newton jugea au contraire
qu’il falloit commencer fa marche
par s’appuyer fur les Phénomènes ,
pour remonter aux principes juçon-
P R Ë L 1 M
nus, réfolu de les admettre quels
que les pût donner l'enchaînement
des conféqüënces (a-).-
C’étoit fatis doute une idée bien
judicieufe , que celle de vouloir
d’une caufè établie, déduire les effets
Connus. Mais ces effets font fi
compliqués, que, quelqu’habile que
fût Defcartes, il étoit bien difficile
qu’il pût les ramener, au premier
coup d’oeil, à un feul point. Pour une
entreprife aulfi hardie,les découvertes
aftronomicfues n’étoient point
en alfez grand nombre, & il n’étoit
pas pollible que ce Philofophe pût
les prévoir. L ’elprit le plus valle n’a
qu’une force déterminée. Dès què
les objets à dévoiler font trop multipliés
,-le temps qu’il a pour les développer
eft trop court ; ôt-la faga-
cité la meilleure plie fous les vues
les plus belles & les plus heureufes.
Il ne peut donc produire alors que
des' idées informes, dont fes neveux,
munis de plus grandes con-
noiffances, que la continuité du travail
procure néceffairement, doivent
tiret de précieux avantages.
Newton fut par conféquent en
état de porter plus loin fon entreprife
que Defcartes. Pour y parvenir
avec fuccès, il ne crut point devoir
s’occuper de la création du monde.
Il ne chercha pas comment il avoit
pu fe former ; mais il voulut favoir
I N A 1 RE. xv
de quelle maniéré il étoit formé.
Les Aftres fe meuvent fuivant certaines
régies. Quelles font ceS régies
? C’eft la pure queftion à laquelle
ce doêle Anglois fe propofe
de répondre. Rien n eft plus grand
ni plus heureux que la folution qu’il
a donnée de Cette queftion. Il établit
deux forces, en fait voir les loix, les
combine, & démontre les effets de
cette combinaifon. Or il arrive que
ces effets tout-à-fait mécaniques ,
fournis à la plus rigoureufe Géométrie
, font les mêmes que ceux que
manifeftent les oblervations aftro-
nomiqueS, Donc, conclud Newton
, lés Aftres font en proie à ces
deux forces.
Cette conféquence admife, ce
grand homme démontre toutes les
loix du mouvement général des
corps céleftes. L ’Univers eft dans
fes mains une grande machine, dont
il calcule les moüvémens avec autant
de jufteffe, que fi le reffort qui
l’anime , & l’action propre de ce
reffort, lui étoient connus. Newton
convient cependant tjü’il ne le conçoit
point cë reffort. Il fuppofe que
les corps céleftès font en proie à
deux forces qui fatisfont aux régies
de leur mouvement : mais il ignore
fi ces régies ne pourroient pas fe
confervër dans toute autre fuppofi-
tion.
[a] Voyez le parallèle de Defcartes & de ciens de l'Académie Royale des Sciences, pag.
Ne vton, qu’a Fait M. de fontenelle dans l’dloge & i
de ce dernier. Suite des Eloges des Académi^ „