P U F E N D O R F F.*
I L eftheureux que l’ordre chronologique
s accorde ici avec le rang que
doit occuper dans la clafle des Légifla-
teurs Samuel de P u f e n d o r f f . Son
hiftoire fera plus intéreffante , parce
qu elle formera une fuite non interrompue
avec celle de Grotius fon prédécef-
feur , & qu’on verra le progrès naturel
du grand art de gouverner les hommes.
Ce^Philoibphe naquit en à F le h ,
petit Village fitué affez près de la V ille
de Chemnitz , dans la Mifnie, province
ÿ ïJaute-Saxe. Son pere s’appelloit
Elie Pufendorf. I l étoit Miniftre. Peu accommode
des biens de la fortune, il ne
put féconder par une bonne éducation ,
les difpofitions heureufes qu’il ne tarda
pas de remarquer à fon fils. I l voulut
les cultiver lui-même ; mais il reconnut
bientôt que fes lumières étoient très-bornées
à cèt égard. Les vues du jeune P u -
F e n d o r f f alloient beaucoup au-delà
de f^s inftruétions. Son génie v if & pénétrant
avoit belbin de leçons bien différentes
de celles qu’on donne à des en-
fans ordinaires, & fon pere ne pouvoit
lui apprendre que ce qu’il fa voit. Un Seigneur
Saxon touché de fa grande faga-
cité , ne vit point fans peine qu’on le laif-
sât ainfî languir dans un Village. I l offrit
de fournir à fon entretien, fi on vouloit
lenvoyer étudier dans uneUniverfité; <$c
ç Pufindorff ayant accepté cette offre,
Ion fils partit pour Leipfic. I l entra dans
1 Univerfité de cette V i lle , ou il fe dif-,
tingua en peu de temps. Son ardeur pour
1 étude lui fit faire des progrès étonnans.
Son pere qui le deftinoità être Miniftre
comme l u i , voulut qu’il s’attachât à la,
°.£*e* -^ar obéiffance, il commença
a l étudier ;mais fon goût ne le portoit
pas à cette étude, & il fe déclaroit de
jour en jour pour celui de la Jurifpru-
dence. Aufîî abandonna-t-il .infenfible-
ment la Théologie. Après avoir fatisfait
la curiofité fur toutes les branches de la
Légiilation, il fe fixa au Droit public.
Un motif d’intérêt fe joignit à Ion inclination.
I l apprit que les divers Souverains
qui compofent l ’Etat Germanique,
n’ont point d’autres Miniftres d’E ta t , *
que les perfonnes habiles dans la fcience
du Droit public d’Allemagne. C e n’eft
en ce p a y s , ni la naiffknce ni le crédit
qui procurent des places, c’eft le mérite
feul. On penfe-là que des S av ans qu i
s’appliquent à connoître les intérêts par-;
ticuliers des hommes, font plus capables
de les concilier que des perfonnes diflï-
pées & fans principes. Avez-vous du
mérite , vous êtes admis aux premières
dignités de l’Etat. Inftruit de tout cela ;
P u f e n d o r f f réfolut de fe frayer
par fa capacité une voie aux honneurs.
Lorfqu’iJ eut appris à Leipfic tout ce
qu’on pouvoit lui enfeigner fur le D ro it ,
îl alla à Gènes, pour acquérir d’autres
connpiffances; U e qui l ’attira dans cet
endroit, ce fut le célébré Géomètre Er-
hard IVngel, qui y profeffoit les Mathématiques.
Notre jeune Philofophe avoit
déjà étudié les premiers élémens de cette
fcjence ; & il ayçit jugé qu’elle étoit né-
ceftairepour faire des progrès dans toutes
les autres. I l fe préfenta chezM. IVeigel,
fans autre recommandation que celle de
fon mérite & de fon envie d’apprendre.
L e Profeffeur leur fît l ’accueil dont l ’un
à Ia tête de Ia tiaduftion alle-
M ,^e 1 1 Ouvrage de Statu Imperii Germanici.
Pufendorf, à la tête
« ton Introdulhon a fH iftçir e , &c. Bitlioim Fabrittana,
Tom. IV. Préface de la traduction françoife
du Traite du Droit delà Nature & des Gens. Mémoires
pour fervir à l'HiJloire des Hommes IUuflres par le P. Fhtron , Tora. JCVIJ. Et fes Ouvrages;
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