cune lumière homogène ; ÔC de ces pourpres
mêlés avec le jaune & le blanc on
peut faire d’autres nouvelles couleurs,
•&c.(fe)
Concluons donc que les couleurs proviennent
de ce que parmi les corps les
uns réfléchirent certaines efpéces de
rayons , les autres certaines efpéces différentes
, & que ces couleurs varient fui-
vant la quantité dp rayons qu’ils réfléchirent.
Ainfi l’écarlate réfléchit en plus
grande abondance les rayons les moins
jéfrangibles ou rouges , ôc par cela même
elle paroît rouge. Les violettes réflé-
ehiffent en plus grande abondance les
rayons les plus rétrangibles, & c’eft delà
que vient leur couleur. Il en effc de
même des autres corps : car chaque corps
réfléchit les rayons de fa propre couleur
, en plus grande quantité , qu’il ne
fait ceux de toute autre efpéce , & tire
fa couleur de l’excès & de la prédominance
de ces rayons dans la lumière réfléchie.
Toutes les .couleurs de la Nature font
jdonc formées par fept couleurs primitives
; & ces couleurs dépendent de
leurs différentes réfrangibilités. Entre ces
réfrangibilités il y ,a une analogie bien
remarquable ; c’eft d’être en proportion
avec les fept tons de la Mufique. La réfrangibilité
du rouge répond à Yut, celle
de l ’orangé à J î , celle du jaune à la,
celle du verd à f o l , celle du bleu à fa ,
celle du pourpre,à mi, ôc celle du violet
à ré. Il y a plus. L e ton le plus aigu répond
au rouge, & le plus grave jiu v io le t , qui
font les deux tons ôc les deux couleurs
pxtrêmes. On remarque encore q.ue les
couleurs viennent à nos yeux en même
proportion, que les fons parviennent à
nos oreilles. Cette remarque efb fans doute
très-fine; car il eft difficile d’obferver
cette proportion , & fur ..ce rapport des
fons & des couleurs , il faut être très-
,çirconfpe£t, afin de ne pas pafferles bor-
pes que l’expérience prefcrit.
Syjlême de Phyfique de N ewton , ou Ex*
plication générale des Phénomènes de la
Nature.
A u commencement Dieu forma la
matière en particules folides , maffives ,
dures , impénétrables ,de telles grandeurs
& figures , avec telles autres propriétés,
en tel nombre , en telle quantité & en
.telle proportion à l’efpace qui convenoit
le mieux à la fin pour laquelle il les for-
moit. Ces particules primitives font folides
& incomparablement plus dures
qu’aucun des corps poreux qui en font
compofés ; fi dures même, qu’elles ne
s’ufent ni ne fe rompent jamais , rien
n’étant capable , félon le cours ordinaire
de la Nature , dedivifer en plufieurs parties
ce qui a été fait originairement un,
par la difpofition de Dieu même. Tandis
que ces particules continuent dans
leur mouvement , elles confiituent des
corps d’une même nature & contexture;
& fi elles venoient à s’ufer ou à être
brifées , la nature- d.es chofes qui dépendent
de ces particules , changeroit infailliblement.
L ’eau & la terre , compo-
fées de vieilles particules ou de fragmens
de ces particules, ne feroient point de
la même nature que l’eau ôc la terre , qui
auroient é.té compofées au commencement
de particules entières. Afin donc
que la Nature puifleêtre durable, l’altération
des êtres corporels ne doit con-
fifter qu’en différentes féparations, en
nouveaux affemblages & mouvemens de
ces particules permanentes ; les corps
compofés étant fujets à fe rompre , non
par le milieu de ces particules folides,
mais dans, les endroits oîi ces particules
font jointes enfemble, ôc ne fe touchent
que par un petit nombre de. points. Ces
particules ont une force d’inertie accompagnée
des loix paffives du mouvement,
qui réfultent de cette force. Elles font
auffi mues par certains principes aétifs ,
tels que celui de la gravité, & celui qui
produit la fermentation ôc la cohéfion des
m Trgiié d'Optique , page I JO,
Corps. La force d'inertie efi: un principe paf-
fif, par lequel les corps perfiftent dans leur
mouvement ou dans leur repos, reçoivent
du mouvement à proportion de la
force qui l’imprime , ôc réfiffent autant
que les autres corps leur réfiftent. Ce
principe feul n’ailroit jamais pu introduire
aucun mouvement dans le monde. I l en
falloit néceflairement quelqu’autre pour
mettre les corps en mouvement. E t c’eft
à l’aide de ces principes que toutes chofes
ont été arrangées dans ce monde par la
dire&ion d’un Agent intelligent ; car c’eft
à celui qui créa ces particules qu’il apparté-
noit de les mettre en ordre. I l neconvien-
droit pas de rechercher une autre origine
du monde, ou de prétendre que les Amples
loix de la Nature ayent pu tirer le monde
du chaos , quoiqu’étant une fois fait,
ilpuifle continuer plufieurs fiécles par le
fecoursdeces loix. Cette uniformité mer-
veilleufe- dans le mouvement des-corps
cëleftes, doit être néceflairement1 regardée
comme l’effet d’un choix1. Celle qui
paroît dans le corps des animaux , doit
êtreconfîdérée de même. En effet, tous
les animatix ont deux côtés formés'de'la
même maniéré ; fur ces deux côtés deux
jambes par derrière, & deux bras ou deux
jambes- ou'deux aîles par devant fur les
épaules. Entre les épaules eft un col qui
tient par en bas à l’épine du d o s , avec
une tête par defliis, ou il y a'deux oreilles;
deux y eu x , un nez’, une bouché , une
langue' dans une même fituation. Si après'
cela on confidère à part la première formation
de ces mêmés parties dont la ftruéhrre
eft' fi exquife , comme celle des y e u x ,
des oreilles, du cerveau , des mufcles, •
du coeur, des poumons, du diaphragme, -
des glandes', du larinx , des mains , des :
aîles, de là veflie d’air qui fôutient les
poumons dans l’eau , des membranes
pellucides, dont certains animaux fe Couvrent
les yeux à leur gré, Ôc qui leur tiennent
lieu dé lunettes naturelles, ôc la formation
des autres organes des fens & d u ’
mouvement ; fi à cés cônfidérations on
joint'célle de l’inftinéT des brutes & des
in'feétes , on fera convaincu que tout cet"
artifice ne- peut être que- l ’ouvrage de lafagefle
ôc de l ’intelligence d’un Agent
puiflant ôc toujours v iv an t, préfent par'
fo u t, qui dans l’efpace infini, comme fi
c’étoit dans fon fenforium , voit intimé-
rhent les chofes en elles-mêmes , les ap-
perçoit ôc les comprend entierèmerit & à
fond, parce qu’elles lui font immédiatement
préfentes. Comme l ’efpace eft'
divifible à l’infini , ôc que la matière
ri’eft pas' néceflairement dans toutes les'
parties de l’efpace, il eft poffible que
Dieu crée des particules de matière de
différentes' groJÎeürs ôc figures, en diffé-
rens nombres, en différentes quantités
par rapport à l’efpace qu’elles occupent ,*
ôc peut-être mêine de différentes'denfités
ôc de différentes' forces , Ôc qu’il diver-
fifie par là les loix de la Nature , Ôc fafle:
des mondes de diverfes efpéces'& en di-
vérfes parties de l’Univers.'
Gardons-nous de fonder les vues ôC
là püiflance du Créateur. Elles font infi-'
niment aù-deflus dè' nos lumierés. Nous"
ferions trop heureux , fi nous' pouvions’’
cônnoîtré les loix'par lefquelles1 il gou-'
vérne' le monde que nous Habitons. C ’e f f
fans doute une curiofité très-raifonnable'
qhe celle qui a pour objét la connoif-
fance de ces loix. Nous ne pouvons nous’’
former une idée du Tout-puiflTant que par ’
fes oeuvres , ôc nous en avons allez fous'
les yeux pour exercer nos facultésintei-'
leétuelles. Il n’y aura peut-être de notreJ
part’que'des conjectures', mais elles prouveront
au moins le défirque les hommes1'
ont de s’unir au Créateur, par la dé-'
couverte de fes fecrets;
On demande donc fi le’ Soleil ôc les1
Etoiles fixes ne font point de vaftés terres -'
violemment échauffées , dont la chaleur
le confèrve par la grofieur de ces corps,
Ôc par l’aCtion ôc la réaCtion réciproque ‘
entr’eux ÔC la lumière qu’ils jettent;leurs-'
parties- ne pouvant d’ailleufs s’évaporer
eh fumée, non-feulement par la fixité, -
mais encore par le' vafîe poids ôc la 1
grande denfité des atmofpheres , qui p e - -
fant fur eux de tous côtés , les compriment
très-forfetnent, & côndénfent le s ;
vapeurs ôc les exhalaifons: qui s’élèvent:
de ces corps-là. Legrand poids de l’a t-*-'
G-ijj