de notre entendement : les autres
font des formes immortelles qui
donnent le nom ôc l’efTence aux
chofes. En chaque idée il y a unité
& pluralité. L ’unité eft 1 idée originale
ou primitive, 8c les êtres particuliers
qu’elle repréfente font la
pluralité. Toutes les idées font in-
divifibles : elles fe terminent à des
objets femblables l’un à l’autre. La
première idée eft Dieu, c eft-a-dire
le beau Ôcle bon. Toutes les autres
dérivent de celle-la -, 8c comme cet
Etre fuprême gouverne toutes chofes
, ôc que fon entendement eft la
fource du vrai, l’origine de ce qui
exifte ( parce que lui feul eft abfo-
lumënt immuable ) il renferme toutes
les idées , qu’il difpenfe 'aux
hommes autant qu il leur en faut
pour fe conduire pendant leur
vie.E
t voilà comment les Philofophes
de l’antiquité raifonnoient fur
les idées. Toute leur Métaphyftque
eft dans le même goût. Il faut en
• excepter néanmoins laLogique d A-
riftote, quicontient des ehofesvéri-
tablement eftimables.Encore qu’eft-
ce que c’eft que cette Logique?
J’en parle au ccmmencement de
,1’Hiftoire de Nicole. On n’a qu’à lire
ce morceau , & juger. La partie de
la Philofophie dans laquelle les
Anciens fe font diftingués, c’eft la
Morale. Il faut les reconnoître.ici
* C ’eft ce dont on jugera par l’expofi-
■ tion que je ferai de leur doftrine à cet
pour nos maîtres. Les Modernes
n’ont rien ajouté à la théorie qu’ils
en ont publiée ; ôc ils ne font guerres
que des enfans à leur égard pour
la pratique. C’étoient des hommes
ceux-là. * Ils prêchoient encore plus
d’exemple que de préceptes. Il eft
beau de voir dans .leur Hiftoire un
Thaïes appeller les connoiffances
les feules richeffes de ce monde, fie
diftribuer le fuperflu de fon nécef-
faire aux malades fit aux pauvres ;
un Diogène refufer, malgré fon indigence
, les offres du grand Alexandre
, 6c n’appeller héroïfme que
cette vertu par laquelle on maîtrife
fes pallions ;un Socrate remercier le
-Prince Archelaüs des avances qu’il
lui faifoit pour fe lier avec lu i, par
cette raifondélicate qu’il ne vouloit
.point faire cônnoiffance avec unè
perfonne qui pouvoit l’obliger , fit
à laquelle il ne pouvoit rendre la pareille
, ficc. Toute leur vie fourmille
de pareils traits, qu’on ne lit
point fans être ému. Qu’on en trouve
peu de femblables dans celle
de nos Philofophes ! On voit au
contraire avec douleur quelle eft
fouvent tachée par des écarts.ou
des foibleffes qu’on ne pardonne-
roit pas même aux autres hommes.
Quelque juftice qu’on rende aux
lumières de Hobbes, de Spinofh, de
Bayle 6c de Collins, on ne peut ffe
diffimuler que ces Philofophes ne
égard, à la tête du fécond Volume, fi je
le publie.
foient tombés dans de grandes erreurs.
J’en ai gémi plufteurs fois en
lifant fie leurs Ouvrages, fie les
Ecrits dans lefquels on les a relevées
6c combattues. En les rapportant
ces erreurs, je me fuis fur-tout
attaché à faire connoîtreces Ecrits,
6c j’ai penfé que je devois m’en tenir
là ppuifque je ne dois confiderer
ces Savansque comme Métaphyfi-
ciens, recueillir dans cette vue ce
qu’ils ont publié d’utile pour la perfection
des facultés de l’entendement
humain , ôc par conféquent
abandonner toutes les difeuflions
purement théologiques où ils fe
XIX
font égarés. Pour me Conformer à
ce plan, je n’ai analyfé à la fin de
leur vie que leurs fyftêmes méta-
phyfiques ,, & je me Juis contenté
de donner une idée des fentimens
qu’ils ont eu fur d’autres matières
dans le cours de cette--vie même.
Avec cette attention j’ai pu donner
à cette compofition une uniformité
6c une précifion qui font le
principal mérite d’un Ouvrage. Je
dis que j’ai pu le donner ; car j’ignore
fi mes intentions font remplies.
Je réponds bien de qià bonne
volonté ; mais c’eft aq Lecteur à fe
charger du relie. *
A P P R O B A T I O N . ,
J’A i lû par ordre de Monfeigneur le Chancelier un Manufcrit intitulé : Hiftotre des
Philofophes modernes ; Sc je crois que l’imprefiîon en peut être utile ôç agréable
au Public. A Paris ce 31 Oftobre r j$ $ . G i b e r t . o L ; 'A ?
Le Privilège eft dans l’Edition in-12 de cet Ouvrage.
Fautes à corriger.
P A g e 4 , colonne i , ligne 1 7 , pour la , lifej pour les.
Pag. n , col. 2 , 1. 2 7 , le filence, lift la fîenne.
Pag. 22 , col. 2 j 1. 17» de réflexion, l i f de la réflexion.
Pag. 86, col. 2 , 1. i p , ou d e, lif. ou à.
Pag. o p , col. i , I. 45 , du Paganifme , l i f du Papifiuç,
Pag. 1 1 0 , N o te , Clarke, lif. Collins.