mofphere du Soleil peut empêcher que
des corps ne s’élèvent Ôc ne s’échappent
en vapeurs Ôc en fumée. C e même poids
peut aufli condenfer les vapeurs ôc les
exhalaifons qui échappent du corps du
Soleil dès qu’elles commencent à s’élever
; les faire tomber aufli-tôt dans le
S o le il, ôc augmenter par là fa chaleur,
de la même maniéré que fur notre terre
l ’air augmente le feu de nos cheminées.
Enfin le même poids eft encore capable
d’empêcher que le globe du Soleil ne diminue
, fi ce n’eft par l’émiflîon de la lumière
& d’une très-petite quantité de vapeurs
ôc d’exhalaifons.
Les Planètes & les Comètes circulent
dans le vuide ; car il le faut néceffairement
pour la régularité de leur mouvement.
Si les efpaces céleftes étoient abfolument
denfes ou pleins de matière, leur réfif-
tance feroit plus grande que celle du vif-
argent. Un globe folide perdroit dans un
tel milieu plus de la moitié de fon mouvement
, en parcourant trois fois la longueur
de fon diamètre ; ôc un globe qui
ne feroit pas entièrement folide ( tel que
font les Planètes ) perdroit la même quantité
de mouvement en moins de temps.
D ’ailleurs ce fluide ne fèrviroit qu’à confondre
ôc à retarder le mouvement de
ces grands corps, ôc ne fèrviroit qu’à arrêter
les vibrations de leurs parties , en
quoi confifte leur chaleur Ôc leur activité.
Pour concevoir maintenant le vuide
des efpaces céleftes , il faut favoir que
ces efpaces font beaucoup plus vuides
d’air, qu’aucun vuide que nous puiflïons
faire ; car l’air étant comprimé par le
poids de l’atmofphère, ôc la denfité de
l’air étant proportionnelle à la force qui
le comprime , il s’enfuit par le calcul qu’à
la hauteur de vingt-deux lieues ôc demie
de la Terre , l’air eft quatre fois plus rare
que fur la furfaee de ce globe ; & qu’à
la hauteur de quarante-cinq lieues, il eft
feize fois plus rare que fur cette même
furfaee ; qu’à la hauteur de foixante-fept
lieues ôc demie , de quatre-vingt-dix
lieues , ou de cent.quatorze lieues, il eft
refpeCtivement foixante-quatre, deux cens
çinquante-fix > op de mille yingt-quatre $
ôc qu’à la hauteur de deux cens vingt-
huit , de quatre cens cinquante-fix, où
de fix cens quatre-vingt-quatre lieues, il
eft environ i oo d ooo , i o o o o o o o o o o o o ,
ou io o o o o o o o o o o o o o o o o o de fois
plus rare ôc davantage.
En fuivant cette progreflîon , il eft
évident que la rareté de l’air peut devenir
infinie, Ôc qu’ il ne pourroit par confé-
quent oppofer aucune réfiftance au mouvement
des corps céleftes. En effet,la denfité
des fluides eft proportionnelle à leur
réfiftance. Les liqueurs qui ne différent
pas beaucoup en denfité, comme l’eau ,
l’efprit-de-vin , l’efprit de thérébentine,
l’huile chaude , ne différent pas beaucoup
en réfiftance. L ’eau eft treize ou qua-,
torze fois plus légère que le vif-argent,
ôc par conféquent treize ou quatorze fois
plus rare , ôc fa réfiftance eft moindre
que celle du vif-argent, fuivant la même
proportion ou à peu près. L ’air que nous
refpitons à découvert, eft huit ou neuf
cens fois plus rare ; ôc par cela même fa
réfiftance eft moindre que celle de l’e au,
félon la même proportion ou environ.
Dans un air plus mince la réfiftance eft
encore moindre ; & enfin à force de raréfier
l’air , elle devient infenfible. E t
comme l’air peut être raréfié dans des
vaiffeaux de verre jufqu’à devenir plus de
dix mille fois plus rare qu’il ne l’eft ordinairement
, on peut juger jufqu’à quel
point de raréfaction il peut parvenir en
s’éloignant de là T e r re , & fi cette raréfac-
tion ne doit pas former un vuide parfait.
Nous avons dit que tous les corps font
compofés de particules dures , ôc par
conféquent tous les corps que nous con-
noiflons font durs , ou peuvent être endurcis.
Mais qui eft-ce qui unit fi fortement
ces particules fi petites qu’elles ne
peuvent fe toucher que par un point ?
I l faut qu’il y ait dans la Nature un
Agent capable de les unir enfemble ;
ôc cet Agent c’eft Vattraftion. Cette
vertu eft plus forte dans les plus petites
particules que dans les groffes.
E t comme ces particules peuvent tenîi?
enfemble, elles compofent des particules
encore plus groffes^ont la vertu attraébvs
eft encore moins forte. Ainfi de fuite durant
plufieurs fucceflïons, jufqu’à ce que la
progreflîon finifle par les plus groflTes particules
, qui jointes enfemble , compofent
des corps d’une grandeur fenfible. Si c’eft
un corps compaCt, ôc qui preffé fe plie
en dedans, fans qu’aucune de fes parties
échappe, il eft dur Ôc élaftique, ôc reprend
fa figure en vertu d’une force qui provient
de la mutuelle attraction de fes parties.
Si les parties gliflent l’une fur l’autre , il
eft malléable ôc mou. Si elles s’échappent
aifément l’une de l’autre, ôc qu’elles
foient d’une grofleur propre à être agitées
par la chaleur, Ôc que la chaleur foit allez
forte pour les tenir en agitation, le corps
eft fluide ; ôc s’il eft fujet à s’attacher à
d’autres corps, il eft humide.
Ainfi l’attraCtion eft une vertu propre
à la matière, qui eft la caufe de tous les effets
de la Nature. A u refte, par le'mot
attraction, on entend en général une force
quelconque » par laquelle les corps ten-
» dent réciproquement les uns vers les
» autres, quelle qu’en foit la caufe : car
» c’eft des phénomènes de la Nature que
» nous devons apprendre quels corps s’at-
» tirent réciproquement, & quelles font
» les loix ôc les propriétés de cette at-
» traCtion , avant que de rechercher quelle
» eft la caufe qui la produit. Les attrae-
" H l i i H du magnétifme, ôc de
» 1 eleCtricite, setendent julqu’à desdif-
» tances fort fenfibles ; c’eft pour cela
» qu’elles ont été obfervées par des yeux
» vulgaires. Il peut y avoir d’autres at-
» tradions qui s’étendent à de fi petites
» diftances , qu’elles ont échappé juf-
33 qu ici a nos obfervations j ôc peut-être
» que l’attraCHon éleCtrique peut s’étendre
* à ces fortes de petites diftances , fans
» même être excitée par le frottement (/),.
Syjtême de Newton fur la Chronologie.
U eft expofe dans l’Uiftoire de fe vig8'
{ l ) Traité d’Optique fur la lumière & les couleurs, page $ 54.