A B B A D I E.
D é f i n f e de la N a t u r e B r i ta n n iq u e ,o ù les dro its
d e D i e u , d e la N a t u r e Gr d e la S o c ié t é f o n t
c la ir em en t é ta b lis a u f u j e t de la r é v o lu tio n
d* A n g l e t e r r e , con tr e V A u t e u r d e V A v i s im p
o r ta n t a u x R é fu g ié s . Londres 1 6 9 2 . III.
P a n é g y r iq u e de la R e in e d.1 A n g l e t e r r e . La
Haye 1 6 9 5 . IV. H i j lo i r e d e la dern ièr e
c o n fp ira tio n d 'A n g l e t e r r e , S c c . Londres
1 6 9 f . Cette Hiftoire fut compofée par
ordre du Roi G u i lla u m e , fur les Pièces
originales que lui communiqua le Secrétaire
d’Etat. V. L a v é r i t é d e la R e lig io n
r é fo rm é e . Rotterdam 1718. VI. L e tr iom p
h e d e la P r o v id en c e & d e la R e l i g i o n , a vec
u n e tr è s - fe n fib le d ém o n jlra tio n de la R e lig io n
C h r é t ie n n e . Amfterdain 1723.
Ses voyages & fes travaux altérèrent
beaucoup fa fanté déjà affoiblie par l’âge.
Il mourut de maladie à Sainte Marie la
Bonne, près de Londres, le 2y Septembre
1727, âgé de 73 ans.
Perfonne n’a eu peut-être une mémoire
fi prodigieufe qu’A b b a d i e. Il compo-
foit fes Ouvrages dans fa tête , & ne les
écrivoit qu’à mefure qu’il les faifoit imprimer.
Cet avantage extraordinaire qu’il
avoit de retenir tout le plan d’une compo-
fition, nous a privés de deux Livres importai.
C’étoient u n e n o u v e lle m a n iè r e d e
p r o u v e r l 'im m o r ta li t é d e l 'a m e , Sc des N o t e s
f u r le C om m e n ta ir e P h ilo fo p h iq u e de B a y le .
Cet illuftre Métaphyficien pofledoit parfaitement
les Langues favantes Sc les Auteurs
claflïques. Il étoit verfé dans l’Hif*
toire tant Eccléfiaftique que profane. Et
il avoit fur-tout une grande pénétration
d’efprit, beaucoup d’élévation dans le génie
, & une éloquence mâle.
S y j lêm e d'A b b A d i e f u r V a r t d e f e
con n o îtr e f o i -m êm e .
■ Le premier principe de la connoiflance
de foi-même , eft que l’homme eft très-
peu de chofè. Tous fes âges lui apportent
quelque foibleflè ou quelque misère particulière.
L’enfance n’eft qu’un oubli Sc
une ignorance de foi-même , la jeunefle
qu’un emportement, & la vieilleflè qu’une
mort languiflante, fous les apparences de
la vie, tant elle eft fuivie d’infirmités. Le
9 .
corps de l’homme eft le centre des infirmités
; fon efprit eft rempli d’erreurs, & fon
coeur d’affe&ions peu réglées. Il fouffre
par la confidération du pafle qui ne peut
être rappellé, Sc par celle de l’avenir qui
eft inévitable. Son efprit veut toujours
connoître , 6 c fon coeur ne celle de de-
firer.
Quand il eft dans la pauvreté , il fait
feulement des voeux pour avoir le nécef-
faire. Lorfqu’il a le nécefîaire à la nature,
il demande le néceflaire à la condition.
Eft-il parvenu à cet état, il cherche ce
qui peut fatisfaire fa cupidité. Et quand il
a obtenu tout ce que fon coeur femble
pouvoir defirer, il forme encore , contre
la rai fon, de nouveaux defirs,
Tel eft l'homme en général. Pour le
connoître en particulier , il faut-favoir
quels font fes devoirs & fes obligations
naturelles. Cette connoiflance eft fondée
fur deux principes. Le premier eft , que
naturellement nous nous aimons nous-
mêmes , étant fenfibles au plaifir, defirant
le bien, S c ayant foin de notre conferva-
tion. Le fécond, qu’avec ce penchant de
nous aimer, nous avons encore une rai-
fon pour nous conduire.
Nous nous aimons naturellement nous-
mêmes;c’eft une vérité defentiment. Nous
fommes capables de raifon;c’eftune vérité
de fait. La nature nous porte à faire
ufage de la raifon pour diriger cet amour de
nous-mêmes, parce que nous ne pouvons
nous aimer véritablement, fans employer
nos lumières à chercher ce qui nous convient.
Cette loi de nature ou naturelle fe divife
en quatre autres , qui font fes efpèces particulières.
La première eft la loi de tempérance
, laquelle nous fait éviter les excès
Sc les débauches, qui ruinent notre corps
& font tort à notre ame. La fécondé eft la
loi de juftice , qui nous engage à rendre à
chacun ce qui lui appartient, & à le traiter
comme nous fouhaiterions qu’il nous traitât.
La loi de modération eft la troifiéme.
Elle nous défend de nous venger , en
nous faifant connoître que nous ne pouvons
le faire qu’à nos dépens ; Sc que ref-
peder en cela les droits de Dieu, c’eft