W. AVERTISSEMENT
que je fois infiniment fenfible à toutes
les fortes d’attentions qu’on veut bien
donner à mes foibles Ecrits, je me fuis
fa it une loi d’avoir égard aux critiques
, fans entrer en lice avec qui que
ce foit. Je fai far expérience ce qu’on
gagne à vouloir faire revenir quelqu’un
de Perreur , ou à chercher fincé-
rement avec lui la vérité. Il efi fi rare
d’avoir à faire à des Ecrivains mo-
defies & de bonne foi > que je n’ofe
courir le rifque d’une controverfe inutile.
On ne difpute guères pour s’ inf-
truire : on veut faire parade de fes
connoijfances , & on accumule gaiement
les fophifmés , ou pour obfcurcir
la quefiion, ou pour remporter une
vidoire apparente. Lorfqu’un homme
a plus d’orgueil que de defir de s’éclairer
, les meilleurs argumens réopèrent
rien. A u défaut des raifonne-
mens, il emploie la force ; & s’il a
ajfez de crédit pour opprimer fon ad•
verfaire , il fùfcite des perfécutions
fans nombre à celui qui s’ efi défendu
légitimement.
Le Lecteur voudra bien ne pas imc
puter à négligence le peu d’intérêt
qu’on trouvera dans la vie de La Ro-
chefoucault. Je n’ai rien oublié pour,
me procurer des mémoires & des anecdotes
intérejfants. J’ai lu dans dijfé-,
rens Ana des traits particuliers touchant
ce Philofophe : mais rien de ce
qu’on né a communiqué ou de ce que
j ’ai découvert, ne né a paru probable ;
df j e crois que la qualité ejfentielle
d’un Hifiorien, efi de ne rien avancer,
qui ne foit appuyé fur lés monumens
les plus autentiques. * Quis nefcit,
primam elfe hiftorioe legem ne quid
falfi dicere audeat ; deindenequid
veri'non audeat. . . . ? Cic. deOrat.
Lib. II.
compte l’avoir ayant que le troilîéme
volume de cette Hifioire paroiilè , & il
le promet gratis à ceux qui achèteront ce
volume. En attendant il a fuppléê à fon
eftampe par une allégorie, comme il l’a
fait pour les portraits de Cumberland &
de Shaftefiury, qu’il n’a pas été poffible
de découvrir. mm 'SOsr-M
* L e Graveur demande grâce -au Public
de cè qu’il ne donne point ici le portrait
de WMajlon. I l fait que ce Philofophe
a été peint & même gravé en A n gleterre
; mais quelque foin qu’il ait pris
pour avoir de ce portrait une iidelle copie
, la circonftance dés temps n’a pas
encore permis, qu’on la lui envoyât. I l
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