fervi qu’à lès faire décrier. Cela de- " ne, c’eft de leurs intérêts qu’ils le
voit être. Toutes les fois qu’on en ” font véritablement : voilà leurs
jugera par quelques lambeaux ra- ” vrais maîtres auxquels ils font
malles par-ci par-là, fit fouvent mê- ” prêts de facrifier tous les autres,
me pris à contre-fens , on s’aban- Ceci ne convient alfurément à
donnera ( fuivant la remarque d’un perfonne ; & mon deffein n’eft point
Auteur judicieux * ) en inveûives qu’on l’applique à qui que ce foit,
contre la Philofophie ; >> & par les pas même aux ennemis de la Philo-
» antithèfes qu’on en fera avec la
=> Religion, on fe perfuadera qu’on
» elt bon Chrétien à proportion
» qu’on elt peu raifonnable, com-
» me fi la fagelfe évangélique con-
» fiftoit à s’éloigner de la raifon ôc
» du bon fens «. C’eft aulli ce qui
elt arrivé. On s’elt même abufé au
point de prendre ombrage de leur
doêtrine. Un peu de méchanceté
& de jaloufie a achevé de les
faire palTer pour des gens fufpeâEs
à ceux qui gouvernent ; quoique
perfonne n’ait autant d’intérêt que
les Philofophes à la tranquillité publique
( a). S’il y a quelqu’un dont
on doive fe défier, dit M. Crou-
f a z , ( b) » c’eft de ceux qui affec-
» tent une plus aveugle dépendanc
e , un dévouement plus abfolu ,
* fit qui paroiffent fe plaire le plus
» dans l’efclavage. Les hommes
» ( ajoute cet Auteur) ne fe rendent
» point ainfi efçlaves pour rien ; ils
» ont leurs vues ; ç’eft de la fortu-
* M. Croufaq dans là Logique, T om. I I ,
L . I I I , Ch. I . de. la faconde Edition.
..(a) Voici ce que dit Sencque à ce fnjet:
En are mihi vïdentur, qui exijlimant, Phi-
lofophioe fidditer deditos, contumaces éjjè ac
refraBorios , fa cttjitanptores Magijlratuum
fophie. Il faut aimer les hommes,
quelqu’injultes qu’ils foient. Quand
on connoîtra bien les Philofophes ,
leur véritable doftrine, leurs vues
fit leur vie , on rendra fans doute
plus de juftice à leurs intentions ôcà
leurs veilles. Avec un peu de bonne
foi, on avouera que des mortels
qui ont toujours vécu dans la
retraite ; qui fe font refufés conf-
tamment aux plaifirs des fens, pour
faire un meilleur ufage de leur ef-
pnt j dont les moeurs font irréprochables
fit les travaux infinis, méritent
bien quelque part à notre
eftime , ajoutons aulli a notre gratitude
, lors même qu’ils payent un
tribut à l’humanité par l’erreur. Car
fi des gens qui s’occupent fans cefle
de la recherche de la vérité fe trompent
j quel fond .doivent faire fur
leurs lumières les perfonnes qui v i - '
vent dans une diflïpation continuelle
? Ah ! qu’on connoît bien peu
le coeur humain , lorfqu’on décrie
acRcgum, eorumve per qms publica, ad-
minijlrantur. E contrarié enim, nulli a'dver-
fus iilos gracions funt : nec immérité; nuilis
enim plus pmjlant quant quéus fiui tranquille
otio licet, &c. Sen. Ep. t x x u r .
(b) Vbi fupri, ’
la fcience desPhilofophes ! Elle convient
cette Science , a dit anciennement
le Prince de l’Eloquence,
(a) fie peut-être mieux encore-un
des Auteurs les plus eftimés de notre
temps ; (b) elle convient y dit-il, à
ai tout le monde ; la pratique en eft
» utile à tous les âges ,’ à tous les
» fexes , fit à toutes les conditions' ;
» elle nous confole du bonheur d’au-
» trui , des indignes, préférences ,
» des mauvais fuecès, du déclin de
» nos forces fit de notre beauté ;
» elle nous arme contre la pauvrë-
•> té , la vieilleffe, la maladie fie la
« mort , contre les fots & les mau-
* vais railleurs ; elle nous fait vivre
?> fans une femme, ou nous fait fup-
» porter celle avec qui nous vi-
» vons. ,
Enfin la Philofophie nous affranchit
des fentimens pénibles ou peu
agréables ; nous élève au-deffus de
ceux qui paffent trop vite pour
nous en procurer de plus doux fie
de plus folides, fie nous rend parla
aulli heureux que nous pouvons
l’être dans ce monde. Omnis atttori-
tas Philofophioe conjijlit in beatâ vitâ
comparanda (c ).
(æ) Cicero pro Archiâ Poëtâ , n°. 1 6, / (r) Çic.de Fin. Lib. I V
(4) L a Bruye re, les tuteurs de ce fièdç.
Nota. Je ne parle pas de l’Utilité dont peuvent être les Planches qui entrent dans
cet Ouvrage. Je renvoyé à la Lettre de M. François qui eft à la fin de ce Volume.