l ’honnêteté extérieure. 2°. L ’Athlétique,
fous laquelle on comprend tous les moyens
d’exercer 8c de former le corps. 30. Les
Arts d’amufement, comme la Peinture, 1* Architecture & la Mufique.
Outre toutes ces connoilTances, il y a
encore la Philofophie de VHumanité, & la
Philofophie Civile. Dans la première on confédéré
les objets de la faculté de l’ame : ce
font le Difcours, la Logique 8c VEthique. Les
parties du Difcours font les Signes 8c la
Grammaire. Les lignes fe fubdivifent en
Hyérogliphes 8c Gejhs d’ une part, & en Ca-
rafteres arbi'raires de l ’autre. La Grammaire
eft l'arrangement du Difcours : d’où
vient Y Alphabet, les Chiffres, l’Ecriture.,
VImprimerie, &c.
. L a Logique fe divife en artd’inventer,
de juger, de retenir 8c de raifonner. Enfin
l ’Ethique fe divife en fcience du bien & en
fciencedumal. 11 y a.deux fortes de biens,
le bien abfolu & le bien relatif, c’eft-à-
dire, le bien relativement à foi & aux autres.
L e bien abfolu Concerne ce qui peut
contribuer à notre propre fatisfaétion , à
nous procurer les plailîrs de l ’efprit 8c la
commodité du corps : Ce qui embraffe la
connoiffance de l’éducation, la doârine 8c
le caraétere des efprits , leurs affections,
l’art d’adoucir celles qui font défagréables
& de s’en guérir, &c.
Relie à expliquer la Philofophie civile.
C ’eft la doCtrine de l’homme en fociété,
qui fedivife en doCtrine de la converfation,
en doCtrine des affaires, 8c en doCtrine de
gouvernement, &c.
Morale de B y/ c o n , ou Vart de eonnoitre les
défauts ‘des hommes,.
Les penfées des hommes naiflent deleurs
inclinations. Leurs difcours dérivent de
leur favoir 8c des opinions qu’ils ont êm-
bralfées. Et l'habitude feule réglé 8c détermine
leurs aCtions. Les habitudes qu’ils
prennent dans la jeuneffe font les plus fortes
;& ce qu’on, appelle éducation n’eft
qu’une habitude prife de bonne heure. Il
n’y a qu’elle qui puilfe réprimer & furmon-
ter la nature ; car l ’attention 8c les bons
préceptes ne peuvent que l ’arrêter quelque
temps. Lorfqu’ils ont négligé ce
moyen, pour corriger les imperfections
naturelles, ils ne fauroient s’en délivrer
quepar dégrés, Premierëment, ils doivent
arrêter la nature feulement pour'quelque
temps ; la modérer enfuite, 8c la réduire
peu à peu. Une autre maniéré de corriger
plus promptement lés défauts de la nature,
c’eft de la plier dans l’extrémité contraire,
comme un bâton qu’on veut redreffer ,
pourvu que l’extrémité contraire ne foit
pas vice. Mais il n’y a rien de mieux, pour
la perfectionner, que la culture des L e ttres.
L ’étude de l’Hiftoire rend l’homme
prudent ; la Poëfie, fpirituel ; les Mathématiques
, fubtil; la Philofophie naturelle,
profond ; la Morale, fage ; la DialeCtique,
judicieux ; & la Rhétorique, éloquent :
abeuntftudia in mores. Il n’y a prefque point-
de défauts naturels qu’on lie reCtifie par
l ’étude.
Les principaux défauts naturels des
hommes font la vanité, la cupidité, la dif-
fimulation, l’envie 8c la vengeance.
I . La. vanité rend l’efprit inquiet & entreprenant
, parce qu’il n’y a point d’of-
tentatron fans une comparaifon de foi-
même. Elle forme les hommes violens
pour foutenir leurs fanfaronades ; mais elle
ne leur permet pas de garder un fecret : ce
qui les rend moins dangereux. C ’eft elle
qui produit l’ambition ou le défir de l’emporter
dans les grandes chofes : efpéce de
maladie.qui eft plus nuifible encore à celui
qui en eft attaqué, qu’à.ceux avec qui il vit.
En effet, celui qui veut briller parmi les
habiles gens, 8c s’élever au-deftùs du commun
, entreprend de faire de belles aCtions,
8c c’eft un avantage pour lepublic.
L ’ambition produit encore l’amour de
la g lo ire& de la réputation, qui eft un bien
réel pour la fociété; Rien ne fertplus à
l’acquérir, qu’ un certain art de faire con-
noître fans affeCtation fes talens 8c fes vertus.
Ceux qui courent après la gloire trop
ouvertement, font ordinairement plus parler
d’eux, qu’ils ne fe font admirer oirefti-
mer au. fond; Les perfonnes. au contraire,
qui ne favent pas montrer leur vertu dans
fon plus beau jour, ne font pas eftimées
autant qu’elles font dignes de l’être. L e
grand art de fe procurer une prompte célébrité
, c’eft de faire voir qu’on eft conduit
dans fes aCtions par l’amour de la v e r tu ,
plus que par celui de laréputation, 8c d’attribuer
les bons fuccès qui nous arrivent,
plutôt à la Providence 8c à la fortune ,
qu’à fa propre vertu ou à fa politique.
Qu’on fe garde bien fur-tout d’entreprendre
une affaire qui puiffe caufer plus de
honte fi on la manque, que de gloire fi
l ’on réufïrt.
I I . L a cupidité eft l’amour des richef-
fes. On appelle les richefles le bagage de
la vertu. Les richeffes font à la vertu ce
que le bagage eft à l’armée : il eft très-
néceffaire, mais il empêche la marche, 8c
fait quelquefois perdre l’occafton de vaincre.
Les richeffes n’ont d’ufage réel que
dans la diftribution : tout le refte eft d’opinion.
On ne jouit point des grandes richeffes.:
on afimplement la liberté de les garder
ou de s’en défaire, & la réputation de
lespofféder; mais nul autre ufage plus fo-
iide ne les accompagne. Les fommes ex-
cefïîves qu’on emploie en pierres précieu-
Tes , 8c à l’acquifition de toutes les chofes
rares 5 tant d’ouvrages qu’on entreprend
par une pure oftentation, 8c comme pour
montrer que les richeffes font de quelque
ufage, ne- prouvent rien pour elles. Les
richeffes, dit Salomon, font une fortereffe
dans l’imagination de l’homme riche.
Ajoutons que pour acquérir ce phantôme
de bonheur, il faut bien fuer, fi on eft honnête
homme ; ou être fripon, fi on veut
s’épargner la peine 8c le chemin. Car
quand Jupiter envoie Plutus, il ne v ien t,
comme difent les Poëtes, qu’en boitant &
à petits pas ; & il ne court que lorfqu’il eft
envoyé par Pluton. Cela veut dire que les
richeffes acquifes viennent doucement, fi
elles ne viennent pas par héritage, 8c qu’il
n’y a que celles qu’on acquiert par des
voies criminelles, comme fraudes, opprefi
lions, injuftices, 8cc. qui viennent vite.
I l eft vrai qu’il y a des accidens étrangers,
deshazards, qui ne dépendent point
de nous, qui peuvent en fort peu de temps
procurer de grandes richeffes. C ’eft la faveur
des Grands, une conjoncture heu-
reufe, une occafion favoraole à la vertu
qui nous eft propre. On peut encore avoir
certains talens qui fervent beaucoup à
faire fortune, des maniérés déliées, un
efprit fouple 8c propre à tourner avec la
roue de la fortune, un efprit ployable à
tout, Ingenium verfatile, comme l’appelle
Tite-Live. On dit que la fortune eft aveugle^.
mais elle n’eft pas invifible. L e chemin
qui y conduit, eft femblable à la voie
laCtée : c ’eft un affemblage de petites étoiles
qu’on n’apperçoit pas étant féparées, 8c
qui dans leur réunion forment une clarté
fort fenfible. De même il y a beaucoup de
petits talens, de certaines facultés ou habitudes
commodes, qu’on n’apperçoit pvas
féparément, mais dont la fomme forme
une forte de mérite qui contribue beaucoup
à la fortune. Entre les qualités les
plus néceffaires pour fe la rendre propice,
les Italiens veulent qu’on mette au premier
rang un grain de folie 8c beaucoup de
friponnerie. Quelle eftime peut-on faire
après cela d’un homme qui a fait une brillante
fortune!
I I I . L a difïïmulation eft la plus foible
partie de la politique & de la prudence. I l
faut beaucoup d’efprit pour favoir dire à
propos la vérité, 8c il faut du courage
pour la dire. Les Politiques les moins efti-
mables, font ceux qui font les plus difïî—
mulés. Lorfqu’un homme a allez de pénétration
8c de jugement pour difcerner ce
qu’il doit découvrir 8c ce qu’il doit cacher,
la difïïmulation eft une petiteffe. C e vice
n’eft pardonnable qu’à c;ux qui ont des
lumières bornées. Semblables aux aveugles
, ils ne peuvent faire un pas qu’avec
beaucoup de précaution, & la difïimula-
tion eft un bâton qui fert à les conduire.
Mais les habiles, qui n’ont pas befoin de
cet aide, paroiffent toujours" ouverts. Us
font comme les chevaux bien dreffés, qui
favent courir 8c s’arrêter quand il faut;
8c s’il arrivoit qu’ils fuflent obligés de dif-
fimuler, l’opinion déjà établie de leur
bonne foi les rendroit impénétrables.
I l y a trois maniérés de cacher fes défi»
feins. La première, d’être filencieux & fecret
, 8c de ne pas donner occafion d’ob-
ferver ce qu’on penfe. L a fécondé, de
donner adroitement lieu de croire qu’on
D i j