par promettre qu’il feroit très- fournis &
très-obéiflant aux ordres de la Cour. Ces
dernieres raifons furent d’un grand poids.
Le Roi favoit que le poftulant jouifloit de
l’effime & de la confédération de tous les
Anglois. Il fe fouvenoit que quand le Parlement
fut affemblé en 1614., il fe diftin-
fgauvae uarv faingtnaagîeéuef,e emne lnuti dpoanr nuannet fméaanrcqeu dea dnes
la Chambre bafTe, quoique fa charge de
Procureur Général l’en exclût, & qu’il fût
dC’ea ilPleruinrsc et rnè’sa-vaiogirti pcaos natruef ïïl eosu Mbliinéi fatrveesc.
quelle adrefïe & quelle prudence il avoit
gagné la confiance de la Cour 8c de la Nation
dans une affaire importante où il fut
employé en qualité de Membre du Con-
fmeiiln Pèrreivnté ldeu R Rooi ià. lTuio uresm ceestt rmeo ptirfesm déiètreerment
les Sceaux qu’il reçut le 17 Mars
1 <517 avec le titre de Lord Kèeper. Deux-
ans après, il fut nommé Grand Chancelier
d’Angleterre & Baron de Saint-Al-
ban : titre qu’il changea, l’année fuivante.
en celui de Vicomte.
_ Son ambition fatisfaite, la Philofophie
reprit Tes droits^ fur fon efprit. Il connut
alors par expérience ce que valent ces
fgrriavnodless t.i tIrle sy, .aqvuoi iftl adttéejnàt dtaonutz lee s ahnosm qmue’isl
travaillent à fes heures de loifir, & dans les
momens où fon defir de s’élever lui don-
noit quelque repos, qu’il travaiiloit, dis-
je , à fon grand Ouvrage de VînJïauration
des Sciences, Il mit enfin la derniere main à
la fécondé partie, & il la publia fous ce
titre: NovumOrganum Scientiarum. (Nouvde’el
nOferigganneer -duens A Scrtie nqcuei s p).û tS ofenr vbiur tà él’tionit
vention des autres Arts, 8c à faire des découvertes
réelles 8c d’un ufàge général
pour la vie humaine. A cet effet, il vouloit
qu’on tournât Ton attention des idées abf-
traites aux chofes mêmes ; qu’on abandonnplâut
s lpesr ofprirveos,l edsi ffopiét-ciull, aàt ieomnsb rdoeu ill’lEerc lo’elne,
tendement qu’à l’éclaircir, 8c qu’on nes’at-
tachât qu’aux faits & à l’expérience, pour
découvrir par cette voie les loix de la na-,.
turAe-fin de mettre ce .plan à exécution ,
il commence par déraciner de notre efprit
les erreurs qui y croiffent naturellement
, ou qui y ont été plantées par l’éducation
& fomentées par l’autorité. Il en-
feigne enfuite comment par les faits âc les
expériences, par une bonne 8c folide induction
, on peut découvrir les phénomènes
& les propriétés des chofes naturelles.
C’eft-à-dire, qu’il veut qu’après les avoir
recueillis 8c rapportés, ces phénomènes,
avec une exaéte impartialité, & après les
avoir examinés; de tous les côtés avec la
plus grande attention, on déduife quelque
vérité utile, ou qui puiffe conduira à quelque
découverte. En faifant marcher ainfî
de concert l’expérience 8c le raifonnemept,
pour fe prêter un fecours mutuel, l’Auteur
donne un moyen de changer toute la
face de la Philofophie de fon temps, de la
renouveller, 8c de porter les Sciences au plus haut dégré de perfection.
Il y a dans ce bel Ouvrage une penfée
trop utile pour la paffer fous filence. La
voici. L’entendement humain ne Te borne
pas feulement à des recherches ftériles,
tmioaniss ild ree çlao ivt odleos nitmép: rceef lîqounis p&r oddeus iat ffuence
connoiffance telle que le coeur la délire ;
car on croit bien plus aifément ce qu’on
fouhaite être vrai. On rejette donc les vérités
difficiles à découvrir par impatience,
8c celles d’un autre genre, parce qu’elles
répriment nos défirs 8c limitent nos efpé-
rances. En un mot, la volonté féduit l’entendement
par mille maniérés. .
Pendant que BaCon fe livroit à l’étude
de la Philofophie, le Duc de Buckingham faifoit un abus étrange de fon autorité, 8c les Officiers de la Chancellerie commet-
toient avec lui des malverfations très-ré-
préhenfîbles. Le Duc mettoit des taxes arbitraires
fur les denrées les plus utiles ;
les Officiers du Chancelier fcelloient&ex-
pédiôient fans examen les Lettres Patentes
néceffaires à cet effet; & ceux qui;
étoient chargés de percevoir la rétribution
de ces taxes, fe comportoient de la ma-*
niere la plus dure & la plus criante.
Dans ces conjonctures, le Roi ayant
été obligé de con voquer le Parlement pour
demander des. fubfides fous, prétexte d’ai**
der fon gendre à recouvrer le Palatinat,
lqeus’ ilC doemmmanudnoeist ; amccaiosr edlèleres nfitr edn’ta ebno mrdê mcee
temps des recherches fur les impofitions
arbitraires, qui depuis fept ans étoient
devenues infupportables aü. peuple. On
s’étoit plaint de ces abus au Parlement, 8c ils y avoient été féverement cenfurés. Les
Communes 11e s’en tinrent pas là. Elles
voulurent remonter jufqu’à leur première
caufe,pour découvrir comment Tes Patentes
qui lesavoientoccafionnés, avoient
pu paffer aux Sceaux. Ces recherches découvrirent
les autres malverfations qu’on
avoit commifes dans la Chancellerie. On
forma de tout cela une plainte au Parlement,
qui allarma le Roi pour Ton Chancelier,
& plus encore pour fon favori. Ce
Prince comprit le danger où ils étoient.
Son intention étoit bien de les fauver l’un
8c l’autre; mais il falloit néeeffairement
qu’il abandonnât ou le Duc de Buckingham ou Bacon. Sa paflîon l’emporta fur la rai-
fon, & 1b Chancelier fut facrifié au favori.
Pour opérer cet effet, le Roi défendit à
B acon de fe juflifier. Sa Majefté compre-
noit que notre Philofophe, qui s’étoit acquis
l’eflime de la Nation, qu’on écoutoit
avec tant de plaifir, 8c qui connoiffoit les
mauvaifes pratiques du Miniftere, auroit
dévoilé avec fuccès les fraudes qu’on avoit
faites pour l’obliger à fceller les Patentes,
quoiqu’elles fuffent contraires aux Loix.
Ellejugeoit avec raifon que tous ces éclair-
ciffemens ne pouvoient manquer de perdre
le Duc de Buckingham, qui étoit l’objet
principal de la haine de la Nation. C’eft
pourq'uoi elle ne voulut pas même qu’il
fût préfent à l’inftruélion de fon procès, &
mluoi ydeonn ndae pfar épvaernoilre f a, cqoun’edlalem nfraotuiovne,r ooiut
que fi cela étoit impoffible, elle'le récom-
penferoit abondamment d’un autre côté.
fBa apceortne. obéit, & cette obéiffance caufa
Le 12 Mars 1621, la Chambre des
•Communes nomma un Comité pour rechercher
les abus qui s’étoient commis dans
les Cours de Juftice. Quelques jours après,
*un Gentilhomme nommé Robert Philips ,
$>orta des plaintes contre le Chancelier, &
demanda que chaque article de ces plaintes
fût expofé en particulier fans la moindre
exagération. Le 19 du même mois, il
y eut une conférence entre des Membres
des deux Chambres, dans lefquelles quelques
Seigneurs prirent connoiffance de
clee tPteu abflfiaci,r ei.l D sè’ésl qevuea cuenlae fufot urélep adn’dacuc duafnas-
tpeeurrfos ncnoenst req ul’iin, fmoratulgnréé Clehsa pnrcéefleinesr ; q&u ’elels
les avoient faits à fes Officiers, avoient
perdu leur procès, furent celles qui crièrent
le plus haut.
Pendant cet orage, Bacon étoit retenu
dans fon Hôtel par une indifpofition réelle
ou prétendue. Il y dévoroit le chagrin
que lui caufoit & fa complaifance pour le
Roi, & fes foibleffes paffées à l’égard de
fes gens. Au milieu de fes douleurs, il eut
encore celle d’apprendre que le Roi s’étoit
rendu à la Chambre des Seigneurs, qu’il
avoit demandé grâce pour fon favori, 8c qu’il n’avoit pas dit un mot en fa faveur.
Après trois femaines de vacance, le
Pafafralierem ; ent s’afïembla pour terminer cette 8c ne pouvant plus punir le Minif-
tre, toute l’indi gnation des Seigneurs tomba
fur le Chancelier. En vain le Prince de
Galles préfenta, pour les appaifer, la con-
feffion qu’il leur fit tenir, leur efprit irrité
ne put entendre aucun accommodement.
Dans cette confeffion, Bacon renonçoit à toute juftifîcation, 8c ne demândoit d’autre
grâce, fi ce n’eft que fon humble confeffion
fut fa fentente, G la perte des Sceaux Jk
punition. Malgré cette foumifiîon, il fut
obligé de répondre en détail fur •chaque
article d’accufation : ce qu’il fit le 21 Mai,
avouant dans les termes les plus exprès
tgoeuotlets ( leens m2a8l vaerrtifcalteios ndsi dffoenret n0s1)1 le char- 8c fe remettant
entièrement à la clémence des
Juges. Malgré cet aveu fi humiliant, le
sP’aértoleimt peanftf éé,t oqiut ’ofiu ibnldiaignnt él eds eg rtaonudte ese q quuai
lités de Bacon 8c fes vertus, il le condamna
à payer quarante mille livres fter-
lings d’amende, à être emprifonné dans la
Tour fous le bon plaifir du Roi ; le déclara
incapable de poffédèr aucune charge dans
l’Etat, d’avoir jamais féance au Parlement,