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avantageufe , fa phyfionomie agréable.
Naturellement plein de feu, fon air s’ani-
moit aifément à la vue de fes amis. Doux
& affable , généreux, défintéreffé, toujours
prêt à fe communiquer., il fe faifoit
aimer de tout le monde.Lesqualitésde fon
coeur répondoient parfaitement à celles
de fon efprit. Quoiqu’enfoncé dans des
méditations, continuelles, il avoit une
préfence d’efprit admirable. Ses téponfes
toujours fincères étoient promptes , &
quelquefois vives. Aufïi- n’étoit-ce pas
feulement un Savant de cabinet ; il étoit
encore d’une feciété aimable. Lorfque
le Gzar Pierre le Grand vint en Angleterre
,. & qu’il le v it , il fut fi content
de fon entretien, qu’il l’admit familièrement
à fa table & en fit fon ami. Comme
tous les grands génies, iLn’avoitpas feulement
beaucoup de fagacité & de pénétration.
Son imagination étoit encore
fleurie & féconde ; elle étoit même capable
de s’enflammer à la vue d’une belle
chofe» En travaillant à l’édition des
Principes de-Neivton , il fut fi échauffé
par les» fubliraes merveilles qu’on y l i t ,
quil entra , dans une efpèce d’enthoufiaf-
me , lequel le* fit . devenir Eoëte tout^à-
coup. I l eompofa un Poëme latin, à
la gloire de Newton, qui fut imprimé" à
la tête de ces mêmes Principes.
Franc & véridique, équitable dans fes
jugemens, égal & réglé dans fes moeurs,
la gloire d’autrui nel’incommodoit point
& il rendit juftice au mérite, de quelque
nation qu’il fût. » Ami , compatriote,
» & feélateur de Newton, il a parlé ( «fit
» M. de Maïran ) de Dcfcartes avec ref-
» pe&. Suecelfeur de Wallis, il a fu rendre
» j.uflice à nos. anciens Géomètres : &.
»dans le préambule d’un excellent Mé-
» moire d’A Ig èbre , qu’il lut à la Société
» Royale , il n’a fait nulle difficulté de
» reconnokreque Harriot,Ougtred, & plu-
» fieurs autres, tant Anglois qu’Etran-
» gers(.ce fontfes.termes ),ont puifé dans-
» Viete tout ce qu’ils nous ont donné de-
» meilleur dans ce genre ( d ) «. ,.
Enfin, pour terminer l’ébauche de fon
cara&ère, il n’a jamais rien fait pour s’enrichir.
I l a vécu & eft mort dans cette
médiocrité heureufe, dont les Philofophes-
feuls connoiffent le prix.
C e grand homme n’a point imaginé
de fyftême général. Digne difciple de-
Neivton , il adopté fa doélrine. I la d -
mettoit l’efpace réel & fans bornes, l’at-
traélion (mutuelle des corps, & croyoit
que le nombre des étoiles étoit infini m
parce que fi elles n’étoient pas.balancées'
de toutes parts & à l ’infini par des ■
tendances réciproques , elles fe réuni-
roient toutes-autour d’un centre commun.
Il avoit été reçu-, de l ’Académie
Royale des Sciences de Paris* en qualité'
d’Affocié étranger, en 17 29,
( d ) Eloges des. Académiciens de' l’Académie Royale , des Sciences., par M» de Maïran , pag. 15 j. .