AVERTIS SEMENT.
J r A i déclaré, * comme j ’ai dâ le
t / faire, que je ne mettrais au nombre
des Philofophes modernes, que ceux
à qui l ’on doit, ou des fyftêmeS originaux
, ou des découvertes importantes
ÿ & je me fuis conformé à ce
plan dans le choix que fa i fait des
Moraliftes & des Légijlateurs, dont
je publie l’Hifôire. Sam cette attention
j mon Ouvrage ne deviendrait
que prolixe. Les mêmes idées reviendraient
fouvent ; & quelque variés
que pujfent être les événement
de la vie d’un plus grand nombre
de Perfomages , ils ne faùveroient
point le dégoât & l’ennui d’une confiante
uniformité. C ejl déjà beaucoup
pour moi de parer à ces deux maux ,
en n offrant que des chofes neuves &
piquantes : mais je ne crois pas encore
que quand une main habile relèverait
le fond des chofes par les
àgremenS de la diÛion , elle pât at-
tàcher'avec fruit le Letteur. Lorfque
les principes d’une fcience ont été fu f-
fifamment développés, des répétitions
ne form/ént plus qu’un embarras qui
fatigue.
Mon attention a dâ donc fe porter
à bien connaître les objets de la
Morale & de la Légijlation ,<& A
examiner avec foin quels ont été ceux
d’entre les Moralises & les Légijlateurs
modernes, qui ont affez approfondi
ces objets. Cet examen a fixé
mon choix , convenablement juflifié ;
ce femble , dans le Difcours préliminaire
qui fuit. Je fuis fincérèmentfd-
ché que les autres Moralijles n’ayem
fait qu ébaucher les fujets qriils s'étalent
propofés de traiter , ou qu’ils
foient^enUs trop tard, en écrivant
fur des matières déjà fuffifamment
éclaircies. Le premier de ces Mora-
liftes a etc néanmoins fort eflimè
dans fon temps. Son livre intitulé :
La Galatie de Jean de la Café ,
avait acquis une telle célébrité, qu’il
était paffé en maxime de dire à un
homme qui ne favoit pas vivre ,
qu’il ri avait pas lu fa Galatie ,
comme on lui auroit dit à Athènes,
qu’il ri avait point facrifié aux Grâces.
Cela ri empêche pas que tout ce
qu’a écrit cet Auteur fur les coutumes
& les difcours , ne foit très-peu
de chofè ; & ce qu’il çnfiigne fur
les contenances & fur les gejles, ne
regarde nullement la Morale,
Les Maximes générales pour
vivre hçureufement dans le monde,
& pour former un honnête hom-
* DHcours préliminaire de l’HiJloire des Métaphyfickns modernes, pag, xvj.