Vj DI SCOURS
273 jours , qui font les trois quarts
de 3 (T j jours. Donc Vénus eftplus
denfe ou plus pefante que la Terre.
Au contraire , Mars étant plus
diltant du Soleil que la Terre ,
doit avoir moins de denfité & de
pefanteur, & il doit par-là parcourir
fon orbite plus lentement
que la Terre ne parcourt la fienne ,
proportion gardée entre la grandeur
de leur orbite. Audi,quoique
l’orbite de Mars ait les deux tiers de
plus que celle de la T erre, fort mouvement
, au lieu d’être environ de
607 jours , qui excédent de deux
tiers'363 jours , eft de 686 jours.
D’où l’on doit conclure que Mars
eft moins pefant que la Terre , &
par conféquent qu’il a moins reçu
de mouvement qu’elle.
De même l’orbite de Jupiter eft
évaluée huit fois plus grande que
celle de la T erre. Si la vîteffe de
cette Planète étoit égale à celle de
la Terre, elle devroit donc la parcourir
en huit ans, fuivant le rapport
de ces orbites. Mais elle eft
plus éloignée du Soleil que la
Terre , & elle a par conféquent
moins de pefanteur, & de-là moins
de mouvement : donc -elle doit
employer plus de huit ans:à parcourir
fon orbite : aufïi la parcourt-
elle en douze ans.
Çettè différence paroîtra confi-
dérâble; & il s’enfuivroit que le
globe de Jupiter , qu’on eftime
1 170 plus gros que celui de la
Terre, feroit d’une légéreté exorbitante
à l’égârd de fon éloigné*
ment du Soleil ; mais il faut y faire
entrer les Satellites , qui ne fai-'
foient qu’une feule & même malle
avec Jupiter lors de fon origine , ôc
qui augmentant fon poids, ont dût
diminuer fa diftance, c’eft-à-dire,
ralentir Faction qui a chaffé cette
Planète hors du Soleil, & par conféquent
diminuer la grandeur de
fon orbite. Cette confidération des
Satellites fera développée en fon
lieu. ( Ceft au paragraphe I I I ,
art. 8.)
Relie la dernière Planète, qui eft
•la plus éloignée : c’eft Saturne. Qr
l’orbite de cette Planète eft environ
une fois plus grande que celle de
Jupiter. Et comme elle eft moins
pefante que lui, puifqu’elle eft plus
éloignée du Soleil, elle doit employer
plus de temps à parcourir
fon orbite , que Jupiter n’en emploie
à parcourir la fienne , proportion
gardée entre ces, orbites.
Audi, au lieu de la parcourir en
24 ans, elle ne la parcourt qu’en
2 ÿ-
•3. Les conféquences qu’on déduit
de tout ceci, font donc :
Que les Planètes les plus proches
du Soleil font les plus pelantes.
Que les plus pefantes ont plus
de mouvement.
Que leurs diftances du Soleil
font en même raifon que leur révolution
autour de cet.aftre.: de
manière que plus cette révolution
P R E L I M
eft lente , plus grande eft la diftance
de la Planète au Soleil, &
au contraire.
Ainfi, fi l’on déterminoit jamais
la diftance d’une Planète au Soleil,
celle de la T erre , par exemple ,
on détermineroit aifément la diftance
des autres Planètes , comme
l’ont penféles Aftronomes. Je fup-
pofe qu’on connût leur révolution
avec la plus grande exaâîtude. Or
cette connoiffance ne dépend pas
feulement de la vîteffe avec laquelle
les Planètes circulent dans
leur orbité, mais encore de la litua-
tion de cette orbite.
Il s’agit donc de favoir quelle
eft la route qu’elles ont dû fume,
lorfqu’après s’être échappées du
Soleil., elles ont été livrées aux
forces centripète & centrifuge.
4. Il eft certain que les Planètes1
n’ont pu être détachées du corps
du Soleil que par une force fùpé-
rieure & à leur pefanteur, & à la
force, centrifuge, qu’elles avoient acquis
par la rotation du Soleil autour
dé fon axe ; & que ce n’a été que lorf-
que cette force a été détruite par
l’action des deux autres, que celles-
ci ( la force de la pefanteur ou centripète
, & la force centrifuge ) fe font
combinées pour faire circuler la Planète
autour du Soleil. Mais pendant
qu’elle s’éloignoït du Soleil’,
les deux forces centripète & centrifuge,
ou centrales en un mot,
tendoient à chaque inftant à détruire
la force d’impulfion;; la force
I N A I R E . vij
de la gravité, en déprimant l’afcen-
tion de la Pl anèt el a force centrifuge,
en la détournant infenfible-
ment, fuivant une ligne, courbe-,
de la ligne perpendiculaire, ou de
la direction de la force d’impulfion.
Par conféquent lorfque les forces
centrales ont commencé, à fe combiner
, la Planète étoit limée. obliquement
au plan du Soleil; de forte
que l’ellipfe que ces deux forces
font décrire à une Planète,. comme
on le démontre , doit être oblique
à l’équateur du Soleil : ce qui eft
conformé aux- obfervations. Cette
inclinaifon doit fuivre même le.
rapport des forces centrifuge 6c
d’impulfion. Or dans.les;Planètes,
les plus pefantes , la force centrifuge
aura eu un plus grand rapport
avec la force d’impulfion , parce
que cette dernière force eft: d’autant,
moindre que la Planète a plus de
gravité, & qu’alors la force, centrifuge
eft plus confîdérable... Donc,
l’orbite de la Planète eft . d’autant
plus.oblique à l’équateur quelle eft.
plus pelante. Donc l’ôbliquité des.
Planètes doit fuivre la proportion,
de leur gravité..
Ainfi linclinaifon de l’orbite-
de Mercure doit furpaffer celle,
de Vénus; celle de Vénus, l’orbite
de Mars ; celle de Mars „
l’orbite de Jupiter ; & celle, de
Jupiter , l’orbite, de Saturne. Et.
cela s’accorde à peu de chofe près,
avec les obfervations. En effet.,
Forbite de Saturne, fait avec.. l’£-