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H A L L E Y I
DE u x Philofophes aufli grands que
ceux dont on vient de lire l’Hiftoire,
ne pouvoient pas manquer d’avoir beau-
c c jp de Difciples. Prefque tous les Savans
étoient ou Cartéfiens, ou Newtoniens,
ou Leibnitiens. Cela formoit trois
partis confidérables , qui ne s’occu-
poient qu’à étendre la Doétrine de leur
Chef. Dans celui de Newton, il fe trouva
un génie fécond en inventions ,. Sc d’une
grande fagacité , qui ne contribua pas
feulement à Pilluftration de ce Philofo-
phe , mais qui par fes découvertes & fe s
travaux mérita d’avoir part à fa couronne.
Géomètre profond, Aftronome
’ abile, Phyficien ingénieux, il perfectionna
également ces trois fciences , & fit un
grand nombre de conquêtes dans leur
Empire.
I l fe nommoit Edmond H a l l e y , Sc
étoit fils d’üncitoyendeLondresdemême
nom. I l naquit le ip Novembre (N . S .)
1 6 f 6 , dans un Fauxbourg de cette C a pitale.
Quoique peu favorifé déjà fortune,
fon père lui fit faire fes études dans
l’école de S. Paul, où il apprit les Langues
latine, grecque, Sc hébraïque. On
lui enfeigna auffi les élémens de la Géo-
méf~ie Sc de l’Aftronomie. I l entra enfui
.a au Collège de la Reine dànsl’Uni-
verfité d’Oxford, pour acquérir des con-
noiffances plus étendues. D’abord le jeune
H a l l e y fe livra fans réferve à l’étude,
de prefque .toutes les fciences. La grande
facilité qu’il avoit à apprendre, & fa cu-
riofité naturelle,ne lui permettaient point
de rien laiffer paffer fans examen ; mais
fon goût fe déclara bientôt pour l’Aftronomie.
I l s’y appliqua avec grand foin.
Dans fes recherches il trouva que les
Aftronomes défiroient beaucoup pouvoir
déterminer les aphélies Sc l’excentricité
des Planètes. H a l l e y n'avoit
encore que dix-neuf ans ; Sc quoiqu’if
parût téméraire à cet âge de penfer feulement
à ce problème, il ofa en tenter la
folution. La difficulté même fut un motif
de plus pour faire un effai de fes forces.
I l fe fentit enflariimé par l’amour de la
g lo ire , Sc cet aiguillon mettant en jeu
toutes les facultés de fon imagination »
il vint à bout de donner une folution
direCte Sc géométrique de ce problème.
C e début annonça à toute l’ Europe ce
qu’il de voit être un jour. Les Anglois particulièrement,
toujours attentifs à fou-
tenir l’émulation par des applaudiffemens,
le comblèrent d’éloges. Notre jeune Phi-
lofophe fe hâta de mettre à profit leur
bienveillance. Non content de connoître
toutes Iesétoilesvifiblesdans l’hémifphère
de Londres, il voulut encore faire l’énumération
de celles de l’hémifphère auftral.Ce
n’étoit point de fa part un fîmple motif
de curiofité. Son but étoit de contribuer
aux progrès de l’Aftronomie, en donnant
des notions exaCtes de cette partie du Ciel,
Sc un état des étoiles qui y font répandues
, dont on n’avoit que des catalogues
incomplets. I l communiqua fon deffein.
à MM. JVilliamfon, Secrétaire d’E ta t , Sc
Jones Moore, Grand-Maître dé l’Artillerie
, pour qu’ils obtinrent du Roi les fe-
cours qui étoient néceffaires à l’exécution
de*fon entreprife. Ces Meflieurs goûtèrent
fon projet, Sc lui promirent de le
faire agréer du Roi ( Charles I I . )
H a l l e y avoit choifi PIfle de Sainte
Hélène, fituée fous le feizième degré de
latitude auftrale , pour le lieu dé fesob-
fervations. Cette Ifle appartenoit à l’An-
g ’eterre par droit de conquête , Sc le
Roi accorda libéralement tout ce que
les Mécènes de notre Aftronome demandèrent
pour lui.
I l partit donc au mois de Novembre
* Eloges des Académiciens de l'Académie Rojale des Sciences de F-àris » pat M. de Mair an. Et fes ouvtages.