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b le lo ifîr , aimé mieux chercher fortune à
travers les dangers. & les‘horreurs de la
Guerre.. . «
' En.un mot, tout eft illufion, tout eft
folie dans, la vie. C ’eft une trille vérité
qu’on fent d’autant mieux qu’on a une
idée plus parfaite du fage. Car qu’eft-ce
que le fage? C ’eft un homme qui eft fourd
au langage des fens, lorfque ce langage
n’eft point naturel ;~qui n’eft tourmenté
par aucune paffion ; à qui rien n’échappe
; qui eft un linx pour la pénétration
; qui confidère tout avec .la dernière
exattitude ; qui aime la vérité , qui la
dit hardiment , & qui ne fait grâce fur
rien. O r qu’on v oy e combien il y a de
mortels de cette efpèce. L e petit nombre
qui s’en trouve eft même rebuté. Qui eft-
ce qui l ’invite jamais à fa table ? Peut-il
trouver une femme ou un valet ? Songe-
t-on à l ’employer dans les affaires ? On
çhoiftra plutôt parmi la plus folle popu-
S M E.
lace quelque fou d’une autre efpèce, qui
fâche commander ou obéir aux :foux ,
quelqu’un qui foit du goût de fes fembla-
bles ;, cefLà-dire de prefque tous les
hommes.
A h île beau fpettacle, fi, placé fur la
lune , on pouvoit découvrir les agitations
infinies des hommes. On verroit
une groffe nu.ée de mouches & de moucherons
qui fe querellent , fe battent,
fe tendent des pièges , s’entrepillent ,
jouent, folâtrent, s’élèvent $ tombent &
meurent. On ne pourroit jamais imagir
ner les mouvemens, le vacarme, le tintamarre
que l’homme, ce petit animal >
qui par rapport à une durée infinie , n’a
qu’une minute à v iv re , excite fur la fur-
face de la Terre.
Concluons donc avec l’Italien, que la
folie eft la reine du monde. La Patfia
la Regina del mondo%