»tamment au-deffus de la Lune ôc
» du Soleil, fans y former oppofi-
»tion quelconque, feront déclarés
»complices de l’attentat qui a été
» fait en ce cas à l’autorité du vénéra-
»ble A r i f to t e , qui les avoit placées
»au-deffous de la Lune , avec très-
» expreffes défenfes de pafler outre.
»Que le Feu Elémentaire ne fera
»plusimaginaire, & qu’il fera hono-
»rablement rétabli en fon lieu &
»place dans le concave de la Lune.
» Que l’Air fera reconnu de nouveau
»plus léger qu’une plume, ôt qu’on
»rompra tous les tuyaux de Mef-
»fieurs Pafial ôt Roberval, & au-
»tres, qui le rendent pefant, & qui
» attentent aux intérêts du plein par-
»tie adverfe du vuide...........Que
»les accidens feront de nouveau
.» reconnus, non pas en qualité d’ê-
»tres abfolus ôt impérieux , mais
» pour jolies petites entités^ Qu’on
»rappellera au plutôt tous les êtres
» de raifon qui s’étoient réfugiés en
»Hibernie, & qu’ils feront rétablis
» dans tous leurs biens dans notre
»bonne Univerfité de Paris..........
» Que Gajfehdi, Defcartes, Rohaut,
ra<à‘c. & leurs adhérans, feront con-
»duits a Athènes, & condamnés d’y
»faire amende honorable devant
» toute la Grèce, pour avoir com-
»pofé des Livres diffamatoires ôc
» injurieux à la mémoire du défunt
» Seigneur Ariftote, jadis Précepteur
» ÿ Alexandre le Grand, P ci de Ma-
» cédoine, ôt en dix mille livres d’a-
»mende applicable moitié au Re-
»ceveur, & l’autre moitié aux ré-'
»parafions des Colleges ruinés de
» notre Univerfité. Que Gajfendi fera
» lui feul condamné en pareille fom-
» me de dix mille livres, pour avoir
»ofé afficher ces placards féditieux.
» Quod immérité Ariftotelici liber-
» t'atem philofophandifibi ademerint.
» Quod rationcs nulle fmt quitus
*>fe£la Ariftotelis videatur préféra
rendu.
» Quod fe , &c.
^ » ........ qu’on a voulu ci-devant
» faire pafler pour de grands ôt longs
» Chapitres très-doties ôc très-judi-
»cieux. Cette amende applicable
» auxdits Profeffeurs-Régens de la-
»dite Univerfité pour la moitié, ôc
»l’autre aux Répétiteurs Hii er-
»nois, pour tenir la main à l’exécu-
»tion des Préfentes.
» Enfin, pour ôter tout fujet de
» conteftation entre les parties, qu’il
» foit ordonné qu’on continuera tou-
» jours de raifonner aveuglément
»en matières philofophiques. Que
»la feule autorité d‘Ariftote, fondée
» fur un titre de prefcription qu’il
»s’eft acquis depuis tant d’années ,
» prévaudra à la Raifon ôt à l’Expé-
» rience, ôt qu’à l’avenir on ne
»prétendra plus fottement ôt im-
» pertinemment, comme l ’on fait,
»(faufla révérence due à la Cour) à
»de nouvelles découvertes qui ne
»foient point dans Ariftote, à peine
» de punition exemplaire, de mille
»livres d’amende, ôt de tous dé-
» pens, dommages ôc intérêts »*
Voici l’Arrêt fuppofé rendu fur
ladite Requête.
» Extrait des Regiftres de la Cour
Souveraine du Mont-P arnajfe.
» Vu par la Cour la Requête pré-
» fentée par les Maîtres-ès-Arts ,
»Régens ôcProfefleurs de l’Univer-
»fité dè Paris, tant en leurs noms,
»que comme Tuteurs ôc Défen-
„feurs de laDoârine de Très-Haut,
»Très-Admirable ôc Très-peu En-
» tendu Philofophe, Meflïre Ariftote,
» ci-devantProfeffeurRoyalen Lan-
»gue Grecque à Athènes, ôc Pré-
» cepteur du feu Roi de triomphante
»mémoire, Alexandre le Grand*,
»Acquéreur de l’Afie, Europe, ôc
»autres lieux, contenant que de-
»puis quelques années en-çà, une
» inconnue, nommée la Raifon, au-
»roit entrepris d’entrer par force
» dans les Ecoles de Philofophie de
» ladite Univerfité, ôt pour cet effet,
»à l-’aide de certains Quidams facétieux
prenant les furrioms de Car-
xtêfiens ôc Gajfendiftes, gens fans
» aveu, fe feroit mife en état d’en
»expülfer ledit Ariftote, ancien ôc
» paifible poffeffeur defdites Ecoles,
» contre lequel elle ôc fes conforts
»avoient déjà publié plufieurs Li-
»vres ôc raifonnemens diffamatoi-
» res, voulant affujétir ledit Ariftote
»à fubir devant elle l’examen de fa
»do£trine: oe qui èft direRement
»oppofé aux Loix, Us, Coutumes
» ôc Statuts de ladite Univerfité, où
» ledit Ariftote a été reconnu pour
» J uge fans appel ôc non comptable
x i i j
»de fes argumens : Que même fans
»l’aveu d’icelui Ariftote, elle auroit
» changé, mué ôc innové plufieurs
»chofes au-dedans ôc au-dehors de
»la nature...........ôc non contente
» de c e , auroit entrepris de bannir
»defdites Ecoles les Formalités ,
»Matérialités, Entités, Identités ,
»Virtualités, Véléités, Pétréités ,
»Evéités, Policarpéités, ôc autres
»enfans ôc ayant caufe de défunt
»Maître Jean Schot, leur pere ôc
» premier Auteur;ce qui porteroit un
»préjudice notable, ôc cauferoii la
» totale ruine ôc fubverfion de ladite
»Philofophie Scholaftique, qui tire
»d’elle toute fa fubftance. Auroit
»aufli attenté par une-' entreprife
» inoùie d’ôter le feu de la plus haute
» région de l ’air, nonobftant les vifî-
» tes ôc defcentes faites fur les lieux.
» Vu aufli les Libelles intitulés, Phy-
rafique de Rohaut, & c . . . . . . Oui le
» rapport. . . . . . Tout èonfidéré. L a
» C ou r , ayant égard à ladite Re-
» quête, a maintenu ôc gardé, garde
»ôc maintient ledit Ariftote en la
» pleine ôt paifible poffeflion ôc jouit
»fance defdites Ecoles. Fait défen-
» fes à ladite Raifon de l’y troubler,
»nil’inquiéter, àpëine d’être décla-
»fée hérétique ôt perturbatrice des
» difputes publiques. Ordonne que
»ledit Ariftote fera toujours fuivi
» ôc ènfeigné par lefdits Profeffeurs
»ôc Régens de ladite Univerfité,
» fans'que pour -ce ils foient obligés
»de lire ni fâvoir fort fentiment ;
» ôc fur le fond de fa doârine , ley