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U M B E R L A N D.*
PO U R former un corps complet de
Légifïation, il fallait joindre au livre
de Grotius fur le Droit de la Guerre
& de la Paix , & à celui de Pufendorf
touchant le Droit de la Nature 8c des
Gens} un Traité philofophique des loix
naturelles. C ’étoit le feul moyen de con-
noître à fond les vrais principes du Droit
naturel & d e la Morale. Mais Pexecution
de ce Traité ne pouvoit être que i’ou-
vrage d’un grand Philofophe , comparable
aux deux Légiflateurs que je viens
de nommer. T e l fut auffi Richard C u M-
ï e r l a n d ) né à Londres le i $ Juillet
1 6 3 2 , d’une bonne 8c ancienne famille
de ce pays. I l fit fes premières études
dans l ’école de faint P a u l, & il alla
enfuite au Collège de Cambridge, ou il
fe diftingua dans différens exercices académiques.
A l’âge de 2 y ans, il fut agrégé
Maître-ès-Àrts à l ’Univerfité d’O x -
ford. On le reçut enfuite Bachelier en
Théologie. I l foutint à cet effet des thè-
fes avec tant d’applaudiffement, que,quoiqu’il
foit fans exemple qu’une même per-
fonne paroiffe deux fois dans ces grandes
occafîons, il ne put fe difpenfer de céder à
la demande qu’on lui fit d’un fécond aéte
public ,-lorfqu’il voulut prendre le dégré
de Doéteur. Sa fagacité 8c fon favoir
joints à beaucoup de douceur 8c de mo-
deftie , lui acquirent l ’eftime de tout le
monde , & l’amitié de quelques perfonnes
d’un mérite diftingué , parmi lefquelles
on nomme le Doéteur Hollings, le Chevalier
Morland 8c le Chevalier Orlando
Bridgman. L e Chevalier Jean Norwich
voulut auffi fè mettre au nombre de fes
amis. A cette fin , il lui donna la Cure
de Brampton , qui étoit à fa nomination.
* Vie de Cumberland par M. Payne, à la tête du
Traité pbilofopbicjue des loix naturelles. Survey of the
Cathedrals of Lincoln . &c. By Browne Willis. Wood
faftiOxon, vol. II. Mémoires pour feivirà I’HiJloire
M. Norwich étoit Seigneur de ce lieu : il
y faifoit même fa réfîdence, 8c il con-
noiffoit l’avantage qu’il trouveroit à fe
lier par-là avec notre Philofophe. Celui-
ci accepta cette Cure & quitta l’Univer-
fité pour s’y rendre. I l en remplit les
fondions avec la plus grande régularité *
fans abandonner fes études de Philofo-
phie 8c de Mathématiques , auxquelles il
fe livra avec tranfport. I l étoit ainfî tel-,
lement occupé, qu’il n’avoit pas un moment
à lui. L e feul délaffement qu’il fè
permettoit, c’étoit d’aller à Cambridge >
pour y cultiver la bienveillance des Gens
de Lettres , qu’il avoit connu particu-,
liérement.
Pendant qu’il s’attachoit fes Paroiflîens
par fes vertus , 8c les Savans par fes lumières,
le Chevalier Orlando Bridgman
fut nommé Garde des Sceaux. C u m b e r l
a n d en fut inftruit fur le champ ; 8c le
Chevalier, qui vouloit partager fa fortune
avec lu i , le pria d’être fon Chapelain.
Notre Philofophe fe rendit à cette
priere. M. Bridgman ne tarda pas a lui
en témoigner fa reconnoiffance. Dans la
même année de fon élévation ( c’étoit en
1 66 j ) il lui procura la Cure d’A i l -
Hallows , à Stamford, grós Bourg de la
Province de Lincoln, fur les frontières du
Comté de Northampton. C e Bénéfice
produifoit un revenu beaucoup plus con-
fidérable que le premier ; mais les charges
en étoient auffi plus grandes, car
notre Légiflateur étoit obligé de prêcher
trois fois la femaine.
I l fe propofoit prefque toujours -dans
fes fermons de combattre les fentimens de
l’Eglife Romaine ; 8c il prenoit à tâche
de fortifier fes Auditeurs dans ceux de la
des Hommes Illujlres, par le P. Niceron , Tom. V. Dictionnaire
hifiorique & critique de Chaufferie', art. Cumb*
Et. fe$ Ouvrages.
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