Sa. W O
clarté qui ne laiflè aucune ambiguité-,
Cette Logique traitée fuivant la méthode
des Mathématiciens, eft fur-tout recommandable
par la juftèffe, la netteté & la
folidité.
Après avoir enfeigné la Logique, notre
Philofophe expliqua à fes écoliers les Mathématiques.
I l compofa d’abord pour
leur ufage une méthode 8c des élémens
de Géométrie , de Mécanique 8c d’H y -
drodynamique. Dans*ce travail il eut oc-
cafi.on d’examiner les propriétés de l’air,
8c il trouva, que ces propriétés étoient
en allez grand nombre pour former un
Corps defcience. C ’eft ce qu’il reconnut
plus aifément en les réduifdnt en problèmes.
I l compofa ainfi des Elémens d’A -
géométrie y titre qu’il donna à cette nouvelle
fcience. I l y démontre les effets-
de la condenfation de l ’air , de fa dilatation
, de fa raréfaction y de fbn.élaftkité
ôc de fon mouvement-.
L e fuccès qu’eut cette nouveauté l’engagea
à faire imprimer fes Elémens de
Mathématiques.,11 en publia d’abord en
Latin la première partie, contenant la
Méthode pour l’étude decette fcience,l’A rithmétique
, la Géométrie', l’A lg èb re ,
l’Analyfè des infiniment petits , la Mé-
c&nique.l’Hydroftatique,les élémens d’A -
réométrie 8c ceux- d’Hydraulique. Ellè
parut en 1 7 1 5 fous le titre à? Elément a
Mathefeos■ univerfoe. I l mit au jour îa
fécondé partie en i y i y . Elle renferme
l’Optique, laPerfpeCtive, la Catoptrique,
la Dioptrique , l’Aftronomie théorique
& pratique , la> Géographie , l’Hydrographie,
la.Chronologie, la-Gnomoni*
que , la Pyrotechnie, l’Architecture Militaire
& l ’Architecture C i vile.-Ces deux-
parties forment quatre volumes-m-40.
Pour ne rien laiftcr à délirer , l’Auteur y-
ajouta une Hiftbire abrégée des ouvrages
des principaux Mathématiciens, laquelle
remplit un cinquième volume ,
& compofa ainfî le Cours de Mathématiques
le plus complet qui ait paru juC ’
ques à ce jôur;_C’éft auflï le meilleur-
qu’ il y ait. Toutes les matières y font-,
traitées avec beaucoup de netteté 8c mê*
3ae.de profondeur- L ’Auteur.s’y montre:
L F.
prefque toujours fupérieur à fon fujet. I l
y expofe fur-tout une érudition vafle 8c
choifie qui étonne, parce qu’elle fuppofe
une leClure immenfe , qu’on ne devoit
point attendre d’un grand Mathématicien
ôc d’un homme de trente - quatre ans.
C ’étoit Page de notre Philofophe quand
ce Cours parut. i l fut eftimé de tous les-
Savans en tout genre, & il l’eft encore
aujourd’hui-.
Ce grand ouvrage étoit à peine au jour,
que W o l f fit annoncer dans les Journaux,
qu’il travailloit à un Traité du Droit-
de la nature 8c des gens, dans lequel il*
fe propofoit de confidérer les aâions des-
hommes félon les règles de la juftice ,.
de la vertu & de la prudence. Mais il fu t
diftrait de ce travail par une forte de
découverte qu’il fît dans fes délaffemens ;
c ’étoit celle de la véritable caufe de la
multiplication extraordinaire du grain en
général, particulièrement du bled. Après1
avoir fait un grand nombre d’èxpérien-
ces là-deffus, il trouva qu’un feul grain
de bled pouvoit rapporter cent épis, ÔC-
qu’un feul grain d’avoine a-voit produit
fix mille grains..Il rendit enfuite raifon,
de cette grande multiplication. Chaque
grain a , félon lu i , divers petits noeuds »
dont chacun poulie fon tuyau-en vertu-
de la moelle qu’il renferme. Les noeuds
les plus voifins de la racine pouffent d e
nouvelles tiges , 8c les autres noeuds pouffent
de nouveaux, tuyaux ; ainfi de fuite.-
II fait voir de cette manière que le grain,
d’avoine non— feulement a produit fix*.
mille grains, mais qu'il en auroit produit
lè double, fi la terre avoit été bien
préparée, & fi le temps eût été plus favorable.
On donna lés plus grands éloges
cette Differtation , qui fut imprimée dans-
lés A&es de Leipfick ; 8c ces applau-
dilïèmens parvinrent aux oreilles du Koi*
de Pruffe , qui voulut y- joindre les-’
liens : ce fut en lui conférant le titre
de Confeiller de Cour , 8c- peu- de temps*
après en augmentant fes appoîntemens^
Notre Philofophe étoit alors Reéfeur de-
l’Univerfîté de HalP, & jouiffoit ainfi de-^
la plus, haute- conûdération,- Ses* enne*-
W O L F . m
-mis çn étoient fortconfternés.Ils épioient
avec foin tous les moyens de lui nuire.
Par leurs trames ôc par leurs intrigues
Tecrettes, ils manoeuvrèrent fi bien, qu’ils
en trouvèrent ou firent naître l’occa-
•lîon.
En quittant le Redorât, W o l f prononça
un Difcours fur la Philofophie
pratique des anciens Chinois, 8c en fit
l ’éloge. I l montra aufîï l’accord de cette
Philofophie avec celle qu’il profelToit.
Ses ennemis blâmèrent hautement 8c
cet éloge & cette conformité. L a Faculté
•de Théologie, animée par un Dofteur
nommé Lange, voulut prendre connoif-
fance de ce Difcours ; elle en exigea de
l ’Auteur la communication avant qu’il fut
imprimé. Notre Philofophe répondit qu’il
ne »vouloit point le rendre public. C e pendant
ce Difcours parut l’année fui-
vante avec ce frontrfpice étranger : Komce
cum cenfùrâ f? approbatione fanBi Ofjicii
Inauifitorii. Les Théologiens jettèrent
alors les hauts cris. Quoique W o l f
affurât n’avoir aucune part à cette édition
, ils Te plaignirent à la Cour fur
cette furtive publication, 8c représentèrent
que fa Philofophie contenoit des erreurs
très-pernitieufes. Notre Philofophe
fe lava de cette accufatiou, 8c le Roi
fut fi content de fa réponfe, qu’ il continua
de le protéger. La Faculté Théologique
n’en fut pas moins animée contre
lui. Toujours excitée par le Dodeur
Lange} qui avoit fuccédé à W o l f dans
ia place du Red orât, elle réfolut d’examiner
tous fes ouvrages. Monfieur Daniel
Strahelr ayant eu fa Métaphyfique en partage
, en publia une réfutation. Les termes
y étoient fi peu ménagés, 8c l’accu-
fation dont ce critique le chargeoit étoit
fi g ra v e , que notre Philofophe en porta
des plaintes au Confeil académique :
il obtint un ordre qui défendoit à qui que
ce fût d’écrire contre lui. L a colère de
fés ennemis monta alors à fon comble.
Ils répandirent dans toute la Pruffe lès
bruits les plus affreux fur fon compte ;
effrayèrent les pères 8c les Magiftrats
par rapport à la jeuneffe confiée à fes
foins ; firent retentir les chaires d’anathêmes
contre fa perfonne. Bientôt il
s’éleva.un cri d’indignation fi général,
que le Roi prenant cette clameur pour
une décifion du public, fit fignifier à
W o l f de fortir de Hall en deux fois
vingt-quatre heures , 8c en quatre jours
de fes E tats , fous peine de mort, 8c nommément
de la corde.
Soumis aux ordres de fon Souverain,
notre Philofophe obéit. Son innocence,
8c la juftice que rendoit toute l’Europe
8c à fon mérite & à fes vertus, adoucirent
un peu les douleurs de cette dif-
grace. Il favoit qu’il feroit accueilli partout
, 8c il ne fut d’abord embarraffé que
du choix. Mais, comme peu de temps
avant cette efpèce de cataftrophele Landgrave
de Heffe - Caffel l’avoit appelé à
Marbourg, il en prit le chemin le 2 3 Novembre
17 2 3 . I l y fut reçu trè s -gra-
cieufement. L e Landgrave le déclara
Confeiller de fa Cour, premier Profeffeur
de Philofophie,& Profeffeur de Mathématiques.
Pendant ce temps-là, la renommée
annonça dans l’Univers l’exil de W o l f .
A peine les Puiffances en furent inftrui-
tes,qu’elles l’invitèrent à venir chez elles.
L e Roi de Suède le nomma Confeillet
de Régence. Pierre le Grand lui propofa
la place de Vice-Préfident de l’Académie
des Sciences nouvellement établie à
Péterfbourg. En 1725* il fut appelé une
fécondé fois en Ruffie par l’Impératrice
Catherine. Prefque tous les Souverains
de l’Allemagne ôc du Nord lui firent
les offres les plus avantageufes : mais
Pilluflre exilé étoit trop fenfible aux bontés
du Landgrave de Heffe, pour les perdre
jamais de vue. Il ne fongea qu’à
y répondre en rempliffant dignement les
fondions de fes chaires, 8c à fe juftifier
de toutes les erreurs que les Théologiens
de Hall lui avoient reprochées. L e dode
Buddeus , féduit par ces Théologiens ,
s’étoit laiffé prévenir au point qu’il avoit
écrit affez vivement contre lui. W o l f
s’attacha à repouffèr les traits de cet
homme célèbre , 8c il le fit avec tant
de modération 8c d’avantage, que celui-
ci plein d’honneur 8c de fentimens, recon-
noiffant fon tort , en mourut de cha-
L i j