Cette diftribution de mouvement
aura lieu, en luppofant que
les chaînons ou les fibres du corps
foient tellement contigus , que le
premier ne puiffe être foulevé feii-
fiblement, parce que la première
fibre éprouvera la tenfion proportionnelle
à tout l'effort de la puif-
fance pour mouvoir le corps, Sx
que la dernière fibre ne fera mue
que dans l’inftant que le corps fera
foulevé. Faites bien réflexion à
cela, ôc vous verrez que c’eft toujours
la même ehofe. Car, comme
le dit fort bien M. Defaguliers fur
un pareil fujet, quoique la caufe de
la néceffité de la puiffance pour
mouvoir ces chaînons , foit plus
fenfible ôc plus aifée à comprendre
que la néceffité pareille d’augmenter
la puiffance pour bander le
reffort, cependant fi nous allons
plus avant pour découvrir la vraie
raifon & l’explication phyfique de
la puiffance de la pefanteur , nous
la trouverons aufli difficile ôc auffi
peu fenfible que la caufe phyfique
ôc.la raifon de la puiffance ôc de
fon accroiffement dans le reffort
(m), Il fuffit donc de favoir
que la caufe de la pefanteur eft
produite ou exifte de telle manière,
afin de s’en fervir pour examiner
& démontrer les conféquences qui
en réfultent.
3 .Voilà, fi je ne me trompe, ma
théorie aufli prouvée qu’elle peut
l’être Ôc qu’on peut le délirer. Souvenons
nous donc bien de ces vérités.
i °. Un corps n’a pu être détaché
de la terre , Sx un corps cé-
lefte du Soleil, fans qu’il ait acquis
une activité. 2. Cçtte activité
eft diftribuée inégalement dans le
corps. j° . Elle eft indeftruCtible.
4°. Elle s’oppofe au mouvement
du corps , & elle le détruit, parce
qu’elle fe déploie quand il eft livré
à lui-même. Et comme cette activité
eft une aCtion libre, elle doit
diminuer fon mouvement le plus
qu’il eftpoflible. Mais luivant quelque
direction que le corps foit mu,
la diminution de ce mouvement ne
peut pas être plus confidérable que
quand le corps fuit une direction
verticale de haut en bas. Donc le
corps doit fe mouvoir félon cette
direction , ôc par conféquent tomber.
En effet, par lui-même le corps
ne peut fe mouvoir dans aucun
fens , c’eft-à-dire,que l’aCtivité de
fes parties n’a aucune direction.
Cette activité doit donc former
une réfiftance à une puiffance, qui
agiflant fur le corps,détruit l’équilibre
qui la compofe , en lui donnant
une direction. Dans cette action
de la puiffance, l’aCtivité des
parties doit par conféquent fe déployer
, ôc oppofer une force à fon
effort. Concluons de-là que la puiffance
éprouvera une réflftance de
(m ) Cours de Phyfique expérimentale, page 414.
la part du corps, lorfqu’felle le mettra
en mouvement en l’emportant
avec elle.
Que la puiffance abandonne le
corps, ou qu’elle le jette félon une
direction quelconque, foit horifon-
talc ou oblique , cette activité des
parties du cotps fe déploira toujours
, puifqu’elle n’a elle - même
aucune direction, Sx qu’on a rompu
l ’équilibre qui fufpendoit fon action
: elle détruira donc le mouvement
imprimé au corps. Et comme
une aCtion libre doit être la plus
grande quil eft poflible, le mouvement
du corps doit être diminué
le plus qu’il eft poflible. Celle -là
eft toujours un maximum, pour parler
le langage des Géomètres, ôc
celui-ci un minimum. Donc de toutes
les directions poflibles, le corps
doit fuivre celle qui eft plus contraire
au mouvement imprimé. Or
la direction verticale eft celle qui
eft la plus oppofée aux directions,
horifontale ôc oblique : donc lé
corps doit fe mouvoir félon cette
direction,ôc par conféquent tomber.
Cette activité des. parties aura
encore lieu lorfque le corps fera appuyé
fur un obftacle; car cet obfta-
cle ne peut rétablir l’équilibre des
forces ou activités des parties du
corps. En effet, il fufpend l’aCtivité
des parties qui portent fur lui, ôc il
interrompt par-là l’oppofition de ces
forces pour maintenir l’équilibre.
Donc cette activité fe déploira fur
le point de contaCt du corps avec
l’übftacle : le corps preflera donc
cet obftacle, il peferâfur lui. C ’eft
toujours l’équilibre détruit ; ôc qui
dit défaut d’équilibre, dit mouvement.
Il feroit inutile de m’arrêtër davantage
fur des chofes démontrées. Je
ne crois pas que le fujetfoit fufcep-
tible d’une plus grande clarté. Je
paffe donc à l’explication de quelques
phénomènes touchant la nature
des corps, qui fuit de cette
théorie de la pefanteur.
3. Le caractère dés corps eft la
folidité ; ce qui comprend l’étendue
Sx la denfité. L ’étendue eft l’efpâce
propre qu’occupe un corps, ôc la
denflté côflfifte dans la quantité de
matière Coitiprife fous' un volume
déterminé; de manière qü’ün Corps
â d’autant plus dé denfité qu’il a
plus de parties foüs un même volume.
Ceci regarde les corps pris en
total. Mais fi nous les confidérons
dans lents parties, il faudra re-
connoîtré dans eux une autre qualité
: c’eft que leurs parties font
contiguës ou divifées. Si elles font
contiguës, le corps a de la dureté ;
ôc cette dureté eft d’autant plus
grande, que les parties de ce corps
font plus contiguës ou mieux unies.
Si au contraire les parties du corps
font divifées, ilfera ou fluide cm liquide
, félon que ces parties feront
plus aifées à défunix. Un fluide parfait
fera tel , que les parties fe
diviferont dès qu’une force même