n’avoit nî prote&eurs ni amis, point de
fecours d’ailleurs , foit en livre s , foit en
confeil. Son mérite feul pouvoir parler
pour lui ; mais ce mérite étoit offufqué
par une timidité infurmontable, Ôc par
une averfion naturelle pour le bruit &
les manèges. Une fanté chancelante aug-
mentoit encore ces obftacles à Ton avancement.
D e violens maux de tê te , dont
il a été affligé toute Ta v ie , commençoient
à le tourmenter. Malgré c e la , fes lumières
percerent. Sa grande fagacité lui acquît
en peu de temps une réputation brillante.
Sa gloire lui devint cependant préjudiciable;
car il eft dangereux de trop
paroître , quand on n’eft pasfoutenu ; ôc
W o l l a s t o n . étoit abfolument fans
appui. Les perfonnes protégées & opulentes
, ne fouffrirent pas patiemment
qu’un homme ifo lé , ôc en quelque forte
obfcur, les effaçât. Elles mirent tout en
oeuvre pour lui nuire. Un Bénéfice vint
à vaquer : il étoit dévolu de droit à notre
jeune Moralifte ; ôc néanmoins fes envieux
eurent affez de crédit pour le faire
donner à un autre. L a force l’emporta
dans cette occafion fur la juftice. ¥ o l -
l A s t o n l’apprit fans s’émouvoir &
fans fe plaindre. Seulement il fe hâta de
prendre le grade de Maître-ès-Arts, ôc
de fortir du Collège. I l reçut auffi dans
le même temps les Ordres de Diacre.
Après quoi il partit pour retourner chez
fes parens. I l alla d?abord voir fon oncle
IVollafton. 9 de Shenton, dans la Province
de Leycefter, & fe rendit de-là a
Great-Bloxwyche , où fon pere ôc fa
mere s’étoient retirés.
I l y demeura un an. Mais ne voyant
point qu’il pût efpérer du crédit & de la
fortune de fa famille aucun moyen de
s’avancer dans l ’Eglife , il fe détermina
à accepter une place de Sous-maître dans
le Collège ou l’Ecole publique de Birmingham
, afin .de fubfifter fans être à
charge à perfonne. C ’étoit de fa part un
aéte d’humilité bien méritoire, car cette
place étoit fort amdeffous de ce qu’il
étoit en droit d’efpérer. Heureufement
le Profeffeur ou le Maître avec lequel il
é toit, avoit beaucoup de favoir Ôc de
probité. Ilconnoiffoit WoLLASTON
ôc l’eftimoit. Il lui ment d’eftime • par utné macociguneial ecxe trfêemntei-
mreennt t pflaarttt euaur*ff iL àe sf av éfriittuaabtlieosn .S aIlvsa nss’ epmripplluosy
ècroennfti déproaubrl el uqi upe rcoecluurie qr uuen l urie vpernou- ldeu iffioreitn tf a npolmacme.e Er nM aitntiefntrdea ndt’ umniee upxe,t iitles IClh faaplleolilteq,u àe dWeuox LmLilAlesS dTe OBiNrmyifnîgth taomut. plea tfieornv icjoei nletse Dà imceallne cqhuees , lôuci cdeotnten ôoictc ule
DCoelsl èigneq u,i épturidte sb eaucoup fur fa fanté. tiques vinrent enôcc odrees achuaggmreinnst edr ocmeettfe- fdroeurebsl es ’faatttiigruèere ônc td, ’peafpr rliet uôrc dime pcrourdpesn. Scee s, vdoesla a àff laeiurers f efâccohuerus.f e1s1. Nfeo dtroen nPah lielos fmopohue- vbeamrraens s; néceffaires pour les tirer d’emme
qui joôcu oifnfo nit’o dfa’u rnieen e rfteifmufee ru àn iuvne rhfoemlle.
Pendant qu’il étoit occupé aux fonctions
de fon état ôc aux intérêts de fa
famille, la place de premier Maître , ou
Profeffeur, vint à vaquer. Cette place
lui appartenoit de droit. Mais dans tous
les temps, les protections ôc le manège
Pont emporté fur le mérite Ôc l’équité.
Quoique les Directeurs du Collège
ayouaffent qu’on ne pouvoit nommer
que ¥ollaston,î1s n’eurent pas
la force de réfifter à des follicitâtions ,
qui dans cette occafion plus que dans
toute autre, n’auroient pas dû être écoutées.
On rejetta l’excufe de cette injuf-
tice fur fa jeuneffe ; & on lui offrit la
place de fécond Profeffeur, qu’il eut la
modeftie d’accepter. I l fut obligé de recevoir
l’Ordre de la Prêtrife , la charte
du Collège exigeant que les Profeffeurs
fuffent Prêtres , quoiqu’elle leur défendît
en même temps de pofféder aucun Bé*?
néfice.
Cette Chaire rapportoit à Vol-
L A S T O N 70 livres fterlings ; ôc ce
revenu, tout modique qu’il étoit , fuffi-
foit à ion entretien. L a maniéré dont
il v iv o it , fa confiante application à l’étude
Ôc fon économie , parvinrent aux
oreilles
'oreilles de fon oncle IVollafton, par le
canal de l’ancien Principal du Collège
de Birmingham, qui fe retira à Shenton,
où ce parent demeuroit. En arrivant il
lui fit une vifite & lui parla de fon neveu.
M. IVollafton , qui venoit de perdre
fon fils unique, n’écouta pas le récit qu’il
lui fit de fon caraftere , de fon favoir ôc
de fa bonne conduite, fans être ému. Sa
première réfolution , dans le teftament
qu’il vouloit faire , étoit de nommer
l ’oncle Ôc le pere de W o l l a s t o n
fes héritiers; mais le mérite de fon neveu
lui fit changer de fentiment. I l en fut fi
touché, qu’il ne crut pas pouvoir laiffer
fon bien en des mains plus capables d’en
faire un bon ufage, Ôc plus dignes de fa
générofité. Avant que d’exécuter fon
defféin , il voulut être inftruit fi fa conduite
étoit toujours auffi réglée que l’ancien
Principal lui avoit dit. L e compte
qu’on lui en rendit, enchérit encore fur ce
que ce Principal en avoit rapporté.M.flPof-
lafion eut encore occafion d’en juger par
lui -même. Comme on reprochoit à notre
Moralifte fa négligence à ne pas voir de
temps en temps un oncle qui l’aimoit,il ré-
folut à la fin de lui faire une vifite. Il profita
pour cela de l’occafion de lui préfenter
un Sermon qu’il venoit de compofer. Son
oncle le reçut avec beaucoup de poli-
teffe, ôc lorfqu’il le quitta, il lui fit con-
fcoître par fon air ôc par fes maniérés,
qu’il faifoit un cas particulier de fa perfonne
, fans lui laiffer entrevoir fes intentions.
Cette v ifite , qui ne fut pourtant
que de trois jours, acheva de le déterminer.
I l fit fon teftament,’par lequel
il l ’infiitua fon héritier.
Huit mois après cette entrevue ( c’étoit
le 18 Août 16 8 8 ) ce digne parent
tomba malade. Cette maladie devint dan-
gereufe: on le lui dit , ôc il fe hâta d’écrire
à fon neveu de venir le trouver
comme de fon propre mouvement , ôc
fans paroître inftruit de fon état. Notre
Philofophe partit fur le champ. Ce fut
pour M. IVollafton une grande confola-
tion de l’embraffer encore une fois. Le
plaifir de voir un enfant qui faifoit tant
d’honneur à fa famille, ranima fes forces,
ôc fa fanté parut vouloir fe rétablir. Son
neveu crut devoir profiter de ce calme
pour aller voir fon pere. Il quitta donc
fon oncle Ôc eut la douleur de ne plus le
revoir. M. IVollafton mourut pendant ce
voyage.
Par cette m o r t , "Wo l l a s t o n
devint poffeffeur d’un bien fort confidérable.
Un changement fi grand Ôc fi imprévu
dans fa fortune, n’en apporta aucun
dans fa façon de penfer Ôc de vivre.
C e n’eft qu’aux âmes vulgaires que de
pareilles révolutions peuvent faire quelque
impreffion ; mais elles ne produi-
fent aucun effet fur le coeur d’un Philofophe
, que l’amour de la fageffe âffefte
uniquement. L a même fermeté qui avoit
foutenu celui dont j’écris l’hiftoire dans
la mauvaife fortune, le fit jouir de fa
profpérité avec modération. Sa piété ôc
fa philofophie lui apprirent à fe pofleder
également dans ces deux états oppofésè
Seulement il fe laiffa perfuader , qu’une
compagnie étoit néceffaire pour l ’aider à
gérer fes biens, Ôc à fupporter l’embarras
de fes richeflès. Ses affaires l’ayant conduit
à Londres , on lui offrit dans cette
Capitale une Demoifelle aimable Ôc ver-
tueufe, nommée Catherine Charlton, fille .
d’un riche Bourgeois ; & il accepta cette
offre. Ses noces furent célébrées le 2p
Novembre 1 <58p. Cet engagement l’o bligea
en quelque forte à fe fixer à Londres
; mais ni le tumulte de cette grande
V i l le , ni les occafions de voir un grand
monde, ne lui firent pas perdre le goût
du recueillemënt. Les douceurs de la fo-
ciété de fon époufe , & les fatisfaétions
de l’étude de la philofophie , le concentrèrent
dans fa maifon. I l con noiffoit les
hommes ôc leurs illufions. II favoit que
des riens les occupent ; ôc il préféroit
avec raifon un contentement réel Ôc fo-
lid e , à tout ce qu’ils appellent plaifirs &
honneurs. Son indifférence étoit même
fi grande à cet égard , qu’il refufa une
des premières dignités de l ’E glife qu’on
lui offrit. 11 regardoit la tranquillité &
l’indépendance bien au-deffùs de toutes
les diftinéiions mondaines. Il avoit des
livres ôc du lo ifir, ôc il vouloit en pro