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Y O i c i un des plus fubtils & en,
même temps un des plus dangereux
Métaphyficiens modernes. I l n’eût mérité
que des éloges, s’il, fe fût toujours renfermé
dans le cercle étroit des connoif-
fances que peut acquérir l’efprit humain :
mais , plus téméraire que fage, il ofa toucher
à des matières fort fupérieures à fes
lumières. On dit que la corruption qui
règne parmi les Chrétiens3 & 1 efprit per-
fécuteur du C le r g é , l’avoient porté à
croire que la Religion, telle qu’elle étoit
dans fon tempsI étoit pernicieufe au genre
humain. Cette erreur dans laquelle il étoit
tombé , l ’engagea à compofer des O uvrages
qui ont indigné avec raifon tous
les gens de bien. Oublions y pour 1 honneur
de la Philofophie, qu’il les a compo-
fés. Tirons un voile fur des écarts qui tacheraient
la réputation de çe beau génie.
Rejettons-les fur les foiblefles de notre
entendement ; & contens d’en gémir en
fecret, arrêtons-nous à fa profonde faga-
cité dans les matières métaphysiques.
C ’efl: le moyen de le voir tel qu’il efl ,
& de remplir le plan de ce volume.
Antoine C o l l i n s naquit à Heflon,
dans le Comté de Midlefex , le 2 i f-Juin
i 6"j6 , de Henri Collins s /Gentilhomme
affez riche. Ses études n’annoncèrent .rien
d’extraordinaire ; & il fe maria en 1 69%
avec la fille duOievalier -François Ckild,
nommée Marthe , fans avoir donné des
marques de cette grande fagaeité qui lui
a acquis une réputation fi etendue. Mais
ayant fait connoiffance avec M. Loke, fon
génie fe développa : cet illuflre Anglois
en porta un jugement avantageux. C ol-
X in s entretint avec lui un commerce de
lettres. Les lumières qu’il acquit par l a ,
jointes à fon application a l’etude, mirent
I N S,
enfin en jeu toutes les facultés de fon entendement.
I l redoubla d’ardeur ; & s’étant
livré à une profonde méditation, il
compolà un Ouvrage trèsppMloiophique
fur l’ufage de la raifon , dans,les proportions
dont l'évidence dépend du témoignage humain.
II avança dans cet Ouvrage publié fous
le titre à’EJjai, quelques opinions qui furent
contellées par le Doéteur Clarke ;
& il attaqua.en même temps les Réflexions
fur la Trinité du Doâeur François Gajlrell,
depuis Evêque de Chefter. I l fe trouva
ainfi engagé dans une petite difpute qui
l'entraîna dans une autre plus eonfidé-
rable. C e fut avec MM. Clarke & Dod-
urtll, qui étoient partagés fur la quef-
tion de l’immortalité naturelle ; & il publia
plulleurs Pièces fur cette-matière.
I l paroît que cette occupation lui donna
du goût- pour la controverfe ; car il fe mêla
fort gratuitement d’une conteflation purement
théologique fur ces queflions : L ’E-
giifè a-t-elle le pouvoir d’ordonner des
Rites & des Cérémonies ? E t quelle efb
fon autorité dans les controverfes de foi?
On prétend avec raifon qu’il y fut porté
par un motif perfor.nel ; car le titre de
l ’Ouvrage qu’il publia là- delfus , décèle
un homme chagrin & paffionne. C e titre
. eft : La Eriponnerie Ecclefiaftique portée à
fon comble ; ou découverte de la fraude , par
laquelle on, a inféré dans l'Article X X de la
Confejfwnde l’Eglife Anglicane, que l’Eglife
peut ordonner des Rites , &c. C o l l i n s
foutënôit qu’elle ne le peut pas, & qu’elle
n’a point d’autorité dans les eon-
troverfes de foi. I l adopta ce fentiment
avec tant de chaleur , qu’il ne laif-
foit rien échapper de ce qui pouvoit lui
donner atteinte. Son Ouvrage fut attaqué
par un Prêtre, lequel le traita fort dure-
» ttf Wk H s fM s M B H H ■ Critique 4« M. Ch m fm i , Alt. Cellint. Et ■ Ol>-
M v e r tÂm é , , Tom. IV , u n i I- Critique Jeftt- VKgSS.
ttreffee des Journaux Littéraires• Dictionnaire Hijloriqut &