N E W T O N.
J l fillji
■ Il
III;
lorfque le Soleil eft à l’un des tropiques
, & que la Lune eft dans fes quadratures,
les marées doivent être plus
grandes que celles qui arrivent lorfque le
Soleil eft à l’Equateur ôc la Lune dans les
quadratures; parce que dans le premier cas
la Lune efl à l’Equateur , 6c que dans le
dernier cas elle eft à l ’un des tropiques.
O r le Flux 6c Reflux dépendant plus de
l ’aétion de la Lune que de celle du Sole
il, doit être plus confidérable , lorfque
l ’aétion de la Lune eft plus grande. Cependant
comme le Soleil eft plus près de
la Terre, en hiver qu’en été , les plus
grandes marées arrivent après l’équinoxe
d’automne , 6c avant celui du printemps.
On trouve par le calcul 6c par l’obfer-
vation, que la forcé de la Lune eft à la
force du S o le il, pour élever les eaux de
l’Océan, comme 4 , 481 y eft à 1 ; en
forte que l’a&ion de la Lune eft capable
de produire d’elle-même une élévation
de 8 pieds 6c 7^- pouces ; 6c que le Soleil
& la Lune enfemble peuvent pro-'
duire üne élévation d’environ 10 \
pieds à leurs diftances moyennes de la
Terre , 6c une élévation d’environ 12
pieds lorfque la Lune eft dans fon périgée
ou dans le point le plus proche de
la Terre. Et en effet, comme le conclut
fort bien un fameux Difciple de N e w t
o n ( i j , la hauteur à laquelle l’eau s’élève
fur les côtes de l’Océan eft allez,
conforme au réfultat de ce calcul.
Syflême de N e w t o n fur la Lumière
& les Couleurs.
L a lumière eft compofée de rayons
de différentes couleurs. Ces rayons étant
féparés conferventconftamment leur couleur
, fans qu’aucune réfradion ou réfaction,
ou mélange d’ombre puiffe l’altérer.
Les rayons de chaque couleur particuliere
ont leurdégréde réfrangibilité,
c’eft-à-dire , leur difpofition propre à
être rompus ou détournés de leur chemin,
en paffant d’un corps ou milieu tranfpa-»
rent, dans un autre ; 6c les rayons de lu mière
, qui différent en couleur, différent
conftamment en dégrés de réfrangibilité.
C ’eft même de cette différence
de réfrangibilité que dépend la différence
de leurs couleurs. Ainfi toutes les couleurs
dont fe peint la Nature, font formées
par les rayons’ colorés de la lumière
; de forte que fi la lumière n’étoit
compofée que de rayons également ré-
frangibles, il n’y auroit qu?une feule couleur
dans le monde, 6c il feroit impoflî-
b le d ’en produire une nouvelle, ni par
réfleélion, ni par réfraction , ni par quel-
qu’autre moyen que ce fût.
Les couleurs , dont un rayon de lumière
eft compofé, font le rouge, l’orangé,
le jaune, le verd, le bleu , le pourpre, 6c le
violet. L e rouge eft le moins réfrangible,
& cette réfrangibilité augmente toujours,
de forte que le violet- eft de tous les
rayons le plus réfrangible. Chacune de
ces couleurs eft invariable. Si l’on expofe
au rayon rouge, par exemple , un objet
d’une autre couleur, il fe colore de rouge.
Mais fl on réunit ces fept couleurs , elles
difparoiffent entièrement, 6c le rayon de
lumière ne donne que du blanc.
De ce que la couleur de chaque rayon
eft inaltérable , il fuit que les corps ne
peuvent par réfleétion changer la couleur
d’aucune efpéce de rayons , 6c que ces
corps ne fauroient paroître colorés par
aucun autre moyen , qu’en réfléchiffant
les rayons qui font de leur propre coule
u r , ou ceux q u i, par leur mélange,
doivent la produire. Pour comprendre cet
effet, il faut fa voir que les plus petites
parties de prefque tous les corps font en
quelque forte tranfparentes, 6c que leur
opacité vient de la multitude de réfactions
qui fe font dans leurs parties intérieures.
Auflï plus les corps.font minces,
plus ils font colorés, 6c les couleurs dépendent
de l’épaiffeur de ces parties. O11
peut expliquer par là cette grande variété
de couleur de tous les corps.
H i ;
fg$ M,. Voyez fon Expojition do Decouvertes Pbijofott de U . le Chevalier N a
N EW T O N .
Si nous ne voyions que les rayons de
lumière , qui tombent perpendiculairement
fur les parties des corps , nous ap-
percevrions la couleur telle qu’elle eft ;
mais les rayons qui tombent obliquement
fur les corps viennent aufli à l ’oeil, 6c altèrent
la couleur pure , que le corps réfléchit
félon la direction perpendiculaire.
O r le moindre changement d’obliquité
change la couleur réfléchie, par-tout où
le corps mince , ou la plus petite particule
eft plus rare que le milieu qui l ’environne
; de forte qu'une telle petite particule
, lorfque les incidences font différemment
obliques , réfléchiffent toutes
fortes de couleurs dans une fi grande variété
, que la couleur qui - réfulte de
toutes ces couleurs çonfufément réfléchies
d’un amas de telles particules, eft
plutôt un blanc ou un gris qu’aucune autre
couleur^ , ou ne devient tout au plus
qu’une couleur fort imparfaite. Mais fi
le corps mince ou la petite particule eft
beaucoup plus denfe que le milieu qui
l’environne, les couleurs font fi peu
changées par le changement d’obliquité,
que les rayons qui font le moins obliquement
réfléchis, peuvent prédominer
au point de faire qu’un amas de ces fortes
de particules paroifle dans un dégré fen-
fible de la couleur même des particules
confiderées à part.
Comme la couleur dépend de la grof-
feur des parties dont un corps eft compofé
; par la couleur d’un corps on peut
connoître la groffeur de fes parties : 6c
voici comment. Les parties des corps
produifent les mêmes couleurs, que produit
une plaque d’une égale épaifleur ,
pourvu que la denfité rétroactive des deux
foit la même. L ’expérience apprend que
la plupart de ces parties ont à peu près
la même denfité que l’eau 6c le verre.
Cela pofé, on trouve par le calcul, que
le diamètre d’un côrpufcule qui eft égal
au verre en denfité, 6c qui réfléchit le
verd d’un troifiéme ordre (ondiftingue
les nuances d’une même couleur par ordre
) eft la partie d’un pouce.
Mais puifqu’il n’y a que fept couleurs
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primitives dans la Nature, comment le
mélange de ces feules couleurs peut-il
produire toutes les couleurs ? Cela dépend
d’une combinaifon du blanc 6c du noir
qui entre dans ce mélange, laquelle devient
infinie. Cependant on peut en avoir
une idée par les -faits fuivans.
Un mélange de rouge 6c de jaune homogènes
compofe un jaune orangé , qui
reflemble à l’orangé homogène ; 6c fi on
mêle ainfi les couleurs voifines fuivant
leur ordre, rouge, orangé , jaune, v erd ,
on peut en compofer des couleurs fem-
blables aux couleurs homogènes intermédiaires.
Ainfi le jaune 6c le verd mêlés
enfemble produifent la couleur d’entre
deux ; 6c fi à cette couleur on ajoute du
b leu , il en réfulte un verd qui tient le
milieu entre les trois couleurs qui entrent
dans fa compofition. Car fi le jaune 6c le
bleu font de part 6c d’autre en proportions
égales, ils attirent également le
verd d’entre deux dans la compofition ,
6c le tiennent, pour ainfi dire , de telle
forte en équilibre , qu’il ne tire pas plus
fur le jaune d’un côté que fur le bleu de
l’autre, 6c que par l’aflion de ces deux
couleurs mêlées , cette couleur compofée
demeure toujours mitoyenne. Si à ce
verd mélangé on ajoute un peu de rouge
6c de v iole t, le verd ne difparoît point
encore, mais il devient feulement moins
v i f 6c moins foncé ; & fi on augmente la
quantité du rouge 6c du v io le t, ce verd
devient toujours plus foible 6c plus détrempé
, jufqu’à ce que par la fupériorité
des couleurs ajoutées , il eft comme éteint
6c changé en blanc ou en quelque couleur.
De même fi à la couleur de quelque
lumière que ce f o i t , on ajoute la
lumière blanche du S ole il, qui eft compofée
de toutes les efpéces de rayons ,
cette couleur ni ne s’évanouit , ni ne
change d’efpéce , mais elle devient feulement
plus foible ; 6c à mefure qu’on y
ajoute de cette lumière blanche, elle devient
toujours plus foible & plus délayée.
Enfin lorfqu’on mêle le rouge & le violet
, on produit, félon leurs différentes
proportions, les différens pourpres , qui
à l’oeil ne reffemblent à la couleur d’au-
C