enfler le coeur 5c les arteres : ainfî de fuite.
T ou t ceci fert au mouvement de la machine
plutôt qu’à fon entretien. I l n’y à
que le fang qui eft contenu dans les artères
qui ferve à la nutrition. Dans le moment
que les artères s’enflent,, les petites parties
du fang qu’elles contiennent vont choquer
çà & là les racines de certains petits,
filets qui, fortant des petites branches de
ces artères, vontfe joindre à tous le&mem-
bres , 5c les forment ou les entretiennent.
A u refte, il n’y a que fort peu de parties
de làng qui puiÂènt s’unir à chaque
fois aux membres folides, 8c le plus grand
nombre retourne dans les veines par les
extrémités des artères qui fe trouvent jointes
en plufieurs endroits à celles des veines.
Des veines il parte auftî quelques parties
du fang qui fervent à la nourriture de
quelques membres : mais la marte propre
du fang retourne dans le coeur, d?où il va
derechef dans les artères, en forte qu’il
circule perpétuellement.
En circulant ainfi, le fang fe fépare &
fe crible de maniéré que quelques-unes de
fes parties vont fe rendre dans la rate, d’autres
dans la véficule du fiel;5c tant de la rate
que de la véficule du fiel, des artères même,
il y en a qui retournent dans l’eftomac 8c
dans les boyau x , où elles fervent de ferment
pour la digeftion des alimens; 8c comme
elles y font apportées promptement du
coeur par les artères, elles font extrêmement
agitées : ce qui fait que leurs vapeurs
montent facilement vers la bouche où elles
fe changent en falive. D ’autres parties du
fang fe changent en urine à travers la chair
des rognons, ou en fueur. Mais les parties
les plus fubtiles 8c les plus agitées, 8c en
même temps les plus denfes, vont fe rendre
dans les concavités du cerveau, où
elles font portées par les artères qui viennent
du coeur le plus en ligne droite. Celles
de ces parties qui ne peuvent plus entrer
dans le cerveau, faute déplacé, redefcen-
dent en ligne droite à la partie inférieure
du bas^ ventre, où elles fervent à la génération.
Quant aux parties du fang qui pénétrent
jufqu’au cerveau, elles entretiennent
d’abord faiubftance, 8c en fécond lieu, y
produifent une flamme très-vive 8c très-
pure qui forme ce qu’on appelle les efprits
animaux. Ces efprits font conduits autour
d’une petite glande nommée glandepinéa-
le, fituée vers le milieu de la fubftanee du
cerveau, par une infinité de petites branches
des artèresqui les apportent du coeur,
lefquelles petites branches forment le tiflu-
ou tapifjent le: fond des concavités du cerveau.
De-là ils fe répandent de tous côtés
dans les concavités du cerveau, fans
autre préparation ni changement.
Or à mefure que les efprits animaux,
entrent ainfi dans les concavités du cerveau,
ils partent dans les pores de fa fubftanee
y 8c de ces pores dans les nerfs,
où, félon qu’ils entrent, ou même feulement
qu’ils tendent à entrer plus ou moins;
dans les uns que dans les autres, ils ont la
force de mouvoir les mufcles dans lefquels
ces nerfs font inférés, & par ce moyen de
faire mouvoir tous les membres.
Telle eft la ftru&ure des nerfs. Leur peau
extérieure eft comme un grand tuyau, lequel
contient plufieurs autréspetits tuyaux
compoles d’une peau intérieure plus déliée
, 8c ces deux peaux font continues avec
les deux qui enveloppent le cerveau. En
chacun de ces petits tuyaux eft une efpèce
de moelle compofée de plufieurs petits filets
fort déliés qui viennent de la propre
fubftance du cerveau, 8c dont les extrémités
firiiftent d’un côté à fa fuperficie intérieure
qui regarde fes concavités, 8c de
l’autre aux peaux & aux chairs contre lefquelles
le tuyau qui les contient fe termine.
Les tuyaux ou les petits nerfs vont' fe
rendre dans les mufcles, & ils s’y di-
vifent en plufieurs branches compofées
d’une peau lâche qui peut s’étendre ou
s’élargir 8c rétrécir félon la quantité des e f prits
animaux qui y entrent.ou qui en for-
ten t, 5c dont les fibres ou rameaux font
tellement difpofés, que lorfque les efprits
animaux y entrent , ils font enfler 5c raccourcir
le mufcle. Il y a dans les nerfs aux
entrées des mufcles des valvules ou fortes
de foupapes, qui donnent l’entrée aux
efprits animaux, 8c les empêchent d’en
for tir.
Les chofes difp.ofées de cette maniéré,
lorfque les objets extérieurs frappent les
fens, les petits filets qui compofent la
moelle des nerfs, comme on vient de voir,
font en mouvement, 8c ils tirent en même
temps les parties du cerveau d’où ils viennent,
5c ouvrent par le même moyen les
entrées de certains pores qui font en la
fuperficie intérieure du cerveau, par où
les efprits animaux contenus dans fes concavités
, commencent auflîtôt à prendre
leur cours, 8c vont fe rendre par eux
dans les nerfs & dans les mufcles qui produifent
tous les mouvemens du corps.
A in fi, fansfuppofer dans cette machine
aucune ame végétative ni fenfitive, 8c fans
autre principe de mouvement 8c de vie
que fon fang 8c les efprits agités par la chaleur
du feu qui brûle continuellement dans
fon coeur, elle peut faire toutes les fonctions
de l’homme. La douleur dans elle
fera un dérangement de fes parties par
quelque fenfation contraire à fa conftitu-
t io n , à l’harmonie de. tous fes membres ,
comme le plaifir proviendra d’une fenfation
qui tendra à faciliter le jeu de toutes
fes parties, & à rendre leur correfpondance
plus parfaite.
De la formation du Foetus, filon
D £S c j r t e s.
Tout le monde fait que la caufe de la
génération dépend de la liqueur que répandent
réciproquement les deux fexes
dans la copulation. Ces deux liqueurs ou
femences fe mêlent enfemble 8c fervent de
levain l’une à l’autre. Par cette fermentation
leurs particuless’aftemblent vers quelque
endroit de l’efpace qui les contient,
8c là en fe dilatant, preftent les autres qui
les environnent ; ce qui commence à former
le coeur. Comme ces petites parties
ainfi dilatées tendent à continuer leur mouvement
en ligne droite, 8c que le coeur
qui commence à fe former leur réfifte,
elles s’en éloignent un peu, & entrent en la
place de quelques autres qui viennent cir-
culairement en la leur dans le coeur. Quelque
temps après elles fe dilatent, 8c en fe
dilatant fui vent le même chemin que les
précédentes : ce qui fait que quelques-unes
de ces précédentes qui fe trouvent encore
en ce lieu, 8c quelques alitres qui font v enues
d’ailleurs en la place de celles qui en
font forties pendant ce temps - là , vont
dans le coeur, où étant derechef dilatées,
elles en fortent. O r c’eft en cette dilatation
, qui fe fait ainfî à diverfes reprifes,
que confifte le battement du coeur.
Cependant la violente agitation de la
chaleur qui dilate la matière qui parte dans
le coeur, ne fait pas feulement éloigner &
féparer quelques-unes de ces parties, mais
•elle en alTemble 8c prefle encore quelques
autres en fe froirtant 8c en fe divifant en
plufieurs branches extrêmement petites ;
ce qui forme le fang, lequel prend fon
cours en ligne droite vers l ’endroit où il
lui eft le plus libre d’aller, 8c il commence
ainfi à former la partie fupérieure de la
grande artère. Mais à caufe de la réfîftance
que lui font les paTties de la femënce qu’ïl
rencontre, il ne peut pas aller fort loin fans
être repoufte vers le coeur par le même
chemin qu’il en eft venu, dans lequel il ne
lui eft pas permis de defcendre, parce que
ce chemin fe trouve rempli du nouveau
fang que le coeur produit : d’où il fuit qu’il
eft obligé de fo détourner un peu vers le
côté oppofé à celui par lequel il entre de
nouvelle matière dans le coeur. C ’eft le
côté où fe forme l’épine du dos. De forte
que le'fang qui fort de la cavité droite forme
le poumon. Celui qui fort de la cavité
gauche du coeur prend fon cours vers l’endroit
où fe forme le cerveau, 5c de-là vers
l’endroit oppofé où fe forment les parties
de la génération. E t comme le coeur envoie
continuellement de nouveau fang vers le
haut 5c vers le bas de la grande artère, ce
fang eft obligé de prendre fon cours circulaire
vers le coeur par l’endroit le plus
éloigné de l’épine du dos où fe forme la
poitrine. A l’égard du chemin que prend
ainfî le lang en retournant de part 5c d’autre
vers le coe u r , c’eft ce qu’on nomme la
veine-cave.
Pendant toute cette circulation il fe
forme deux fortes de matières ; les unes
folides, qui forment le corps de l’enfant j
les autres fubtiles, qui fe meuvent diver