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 mois  du  côté  oppofé.  Pour  repréfenter  
 la  direction  de  ces  vents,  notre Reftau.-  
 rateur  des fdences dreffa une carte, corh-  
 prenant  deux  cens  quarante  degrés  en  
 longitude,  &  plus  de  trente  degrés  en  
 latitude de part  &  d’autre  de l ’Equateur.  
 Quant à l’explication  de  la  caufe  de  ces  
 vents ,  il  l’attribue au cours  réglé  du Sole  
 1  d’orient  en occident,  6c à  l’aétion de  
 fes  rayons  ,  qui  raréfiant  & gonflant fans  
 ceffe l’atmofphère 6c  les  eaux de  la  zone  
 torride,y produifent  fucceffivement  une  
 montagne  mobile  d’air,  qui  fe  trouve  
 modifiée  par  les  Ifles  adjacentes  6c  les  
 Gontinens  d’alentour  ;  ce  qui  lui  fait  
 prendre des directions  différentes. 
 Les  recherches  que  fit  H a l l e y   fur  
 lès vents,  le  conduifirent  aux  variations  
 du  mercure  dans le-baromètre.  I l  crut  
 que  ces vents  étoient  la  principale caufe  
 de  ces  variations ;  6c pour  s’en  affurer  ,  
 il  fit  un  grand  nombre  d’obfervations  ,  
 d’après  lefquelles  il  reconnut  :  i° .  que  
 dans  un  temps  calme,  lôrfque  l’air  eft  
 difpofé  à  la  pluie  ,  le  mercure  eft  ordinairement  
 bas;  2°.  qu’il defcend beaucoup  
 plus  bas  dans  les  grands  vents  ,  
 quoiqu’il  n’y   ait  pas  de  pluie  ,  6c  que  
 cette  defcente  eft  plus  ou  moins  confi-  
 dé.rable,  félon  que  le  vent  foume  dans  
 tel ou tel  point  de l’horizon;  30.  qu’il eft  
 haut,  lorfque le  temps  eft beau &ferein;  
 4 0. que  tout  le  refte  étant  égal,  la plus  
 grande  hauteur  du  mercure  a lieu, lorfque  
 les vents  d Eft  6c de Nord-eft fouf-  
 flent ;  y°.  que  dans  un  temps  calme  6c  
 dans  la  gelée,  le mercure  eft  ordinairement  
 haut  ;  6°.  qu’après  de  grandes  
 tempêtes  ou  des vents  très-impétueux  ,  
 ou  le  mercure  a  été  fort bas  ,  il monté  
 ordinairement très-vite ;  7 0« que  le  mercure  
 éprouve de  plus  grandes  variations  
 dans  les  Pays  feptentriônaux  que  dans  
 les Pays méridionaux, 6c qu’entre les tropiques  
 & aux environs il n’y  a que peu ou  
 point de variations dans toutes iesfaifons. 
 Ces connoiffances acquifes, il  travailla  
 à former une Théorie des variations du baromètre. 
   D ’abord  il  établit  pour principale  
 caufe de l’élévation 6c de la chute du mercure, 
   la  variété  des .vents  qui  ;règnent 
 L   E   Y. 
 dans  les  zones  tempérées ;  6c  pour  fécondé  
 caufe,  Texha;laifon  6c  la  précipitation  
 incertaine  dès  vapeurs  dont  l’air  
 eft plus  ou  moins  chargé  dans  un  temps  
 que  dans  un  autre,  ce  qui  le  rend  plus  
 pefant.  Ces  deux  principes  pofés, notre  
 Philofophe  explique ainfî  toutes  les  variations  
 du mercure dans le baromètre.  . 
 Premièrement,  la  defcente  du  mercure  
 indique  la  pluie,  parce  que  l’air  
 étant  léger, ne  fupporte  plus  les vapeurs  
 qui  font  devenues  fpécifiquement  plus  
 pefantes  que  le  milieu  où  elles  flottent.  
 Elles defcendent  donc  vers  la  terre,  6c  
 dans  leur  chute  elles- rencontrent  d’autres  
 particules  aqueufe's;  6c  en  s’incor--  
 porant avec elles, forment de petites gouttes  
 de pluie. Si à cette  caufe  fe joint l’action  
 de deux  vents  oppofés,  la  defcente  
 du  mercure  fera  plus  confidérable. 
 En  fécond  lieu ,  le  mercure  eft  fort  
 é le vé , lorfque  deux vents contraires fouf-  
 fient vers le  lieu  où  le mercure eft placé y   
 parce  que  ces  vents,  en  accumulant  l’air  
 des  autres  pay s ,  augmentent la colonne  
 d’air  en hauteur  6c  en  denfîté, &  la  rendent  
 par  conféquent  plus  pefànte. 
 Troifîèmement,  le  mercure  eft  fort  
 bas  dans  les  grands  vents  6c  dans  les  
 grandes  tempêtes,  parce que  le mouvement  
 de  l’air  eft  très-rapide  dans  ces-  
 temps-là ,6c que fon poids  diminue à proportion  
 que fon mouvement augmente. 
 Quatrièmement,  le  mercure  eft  plus  
 h au t,  lorfque,  les  vents  d’Eft  ou  de  
 Nord-eft,  fouillent  ,  parce  qu’ils  font  
 toujours contrariés par un  autre vent qui  
 règne  fur'l’océan ; 6c  alors il  fe  forme un  
 promontoire  d’air  qui  augmente  la-colonne  
 d’air  en  hauteur  6c en  denfîté  ,  
 comme  on  l’a  dit .ci-devant :  6c  comme-  
 il  ne  gèle  guère  que  quand  ces  vents  
 ont  lieu,  le  mercure  doit être  fort haut  
 dans  un  temps  calme  pendant la gelée. 
 Enfin , lorfque le mercure a été fort bas  
 après  de  grandes  tempêtes',  il  remonte  
 ordinairement fort vîte , parce qu’un nouvel  
 air  vient réparer fubitement la grande  
 évacuation  qui  s’eft  faite pendant la tempêté  
 dans le pays où elle  a  régné,  6c agit  
 ainfî  brufquement  fur  le mercure. 
 h a l l e y : 
 A   l’égard  des variations qui  font  plus  
 fréquentes  dans  les Pays  feptentriônaux  
 que  dans  les  Pays  méridionaux ,  cela  
 vient  de ce  que  dans les  Pays  méridip-?'-  
 naux  il  y   a  plus  de  tempêtes  que  dans  
 les autres. 
 A  cette  théorie  du  baromètre,  notre  
 Philofophe  ajouta  dans  la  fuite  deux  tables  
 , l’une contenant les hauteurs qui répondent  
 aux  diverfes  hauteurs  du  mercure  ,  6c  
 l ’autre  les hauteurs du mercure  pour  chaque  
 hauteur  donnée.  Après  avoir  établi  une  
 progrefiîon  des dilatations  de  l’air à différentes  
 diftances de la furface de la terre,  
 6c  ayant  connu  l ’épaifteur  que  doivent  
 avoir  les' couches  qui y   répondent ; par  
 les hauteurs  réciproques  du  mercure, il  
 repréfenta  ces  hauteurs  par les  abfciffes  
 d’une  hyperbole  entre  les  afymptotes  ,  
 ôc  les  volùmes  ou  les  raréfadions  de  
 l ’air  par les appliquées  ou efpaces hyperboliques  
 compris  entre, elies.  I l  avoit  à  
 peine  fini  ce  travail,  qu’il  lui  vint  en  
 penfée  de  réfoudre  un  problème  très-,  
 difficile  en  Géométrie  :  ce  fut  de  conf-  
 truire  ( à   la manière de Defcartes ,  voye?  
 la  fin de  fon Hiftoire, Vol. I I I . ) les problèmes  
 folides , ou  les  équations  de  la  
 troifîème  6c  quatrième  pùiffance, par le  
 moyen  d’une  parabole  quelconque  donnée  
 6c  d un  cercle.  Mais  l’étude  de  la  
 Phyfîque  ayant  beaucoup d’attrait  pour  
 lu i ,  il la reprit.  I l  falloit à  fon  génie fin  
 6c  fubtil  des  fujets  qui  exigeaient  de  la  
 fubtilité  6c  de  la  fineife.  Rien  n’eft  plus,  
 agréable  pour  un Philofophe ,  que la  découverte  
 des  fecrets  de  la  nature.  Les  
 fatisfa&ions  que  nous  fait  éprouver  la  
 reconnoiffance d’une vérité géométrique ,  
 ne  valent peut-être pas  ces doux plaifîrs  
 qu’on  goûte,  en  découvrant  les  caufes  
 des  phénomènes naturels. 
 Quoi  qu’il  en  foit,  Halley  voulut  
 connoître  ou  eftimer  la  quantité  de  vapeurs  
 àqueufes que  le  Soleil  élève  de  la  
 Mer  Méditerranée  :  projet  hardi  qui de-  
 mandoit des m<  yens infiniment ingénieux  
 &   des  recherches  étendues  :  mais  il  y   
 avoit  trop de  reffources  dans  fon  imagination  
 ,  pour  ne  pas  en  venir heureufe-  
 me.it  à  fes  fins.  H  commença  d’abord 
 H 
 par  faler  de  l’eau  au  même  degré  de  
 l’eau  de la mer,  en y  diffolvant  une quarantième  
 partie de fon poids de  fel marin.  
 I l  remplit de cette  eau  un  vafé  profond  
 de  quatre  pouces ,  ÔC  dont  le  diamètre  
 étoit  de  fept  pouces  6c  .  I l  plaça  en-  
 fuite un thermomètre dans  lé vafe ;  ôc par  
 le moyen  d’un réchaut plein de charbon*  
 allumés,  il  fit  chauffer  l ’eau  jufqu’à  ce  
 que  la  liqueur  du  thermomètre  montât  
 au  même  point  de  chaleur  que  vers  le  
 milieu  de  l’été.  I l  attacha  après  cela  le   
 vafe à une des  extrémités  du  fléau d’une  
 balance  ,  6c il mit  dans le   baffin  fufpendu  
 à: l’autre  extrémité  affez  de  poids  pour  
 qu’il  y   éût  équilibre.  En  confervant  le  
 même  degré  de  chaleur,  par  le  moyen  
 du  réchaut  qu’il  tenoit  toujours  à  une  
 diftance  convenable  ,  il  remarqua  que  
 l’eau  diminuoit  fenfîblement,  de  façon  
 qu’au  bout de deux  heures il en manquoit  
 une  demi-once  moins fept  grains ; c ’eft-  
 à-dire,qu’il  s’étoit  évaporé  deux  cents  
 trente-trois  grains  d’eau,  fans  qu’il  eût  
 vu monter aucune fumée.,  & que l’air eût  
 paru  chargé  de vapeurs.  Ainfî  en  vingt-  
 quatre  heures  il  devoit  s’évaporer  fix  
 onces  d’eau.  Notre Philofophe  réduifît  
 ce poids en parties  de  pouces, qu’il  compara  
 avec  la  folidité  de  l’eau,  contenue  
 dans le v a fé ,  6c  il  trouva  que  le  volume  
 de  l’eau  évaporé  étoit  la  cinquante-troi-  
 fième  partie  d’un  pouce. • 
 D ’après  ees  faits,  il  conclut  que  dix  
 pouces  en  quarré  d’eau  de  la  mer  dévoient  
 fournir  par  jour  en  vapeurs  un  
 pouce  cubique  d’eau  ;  un  pied  quarré  
 une  demi  pinte ; quatre  pieds un gallon ;,  
 un mille  en  quarré  6.5)14  tonneaux ;  en-,  
 fin  un  degré  en  quarré  de  foixante-neuf  
 milles d’Angleterre  3.3.  OOO.  000. tonneaux. 
   Il  ne  reftoit  plus  qu’ à  connoître  
 .  la  grandeur  de  la furface de la Méditerranée  
 ,  pour  venir  à une conclufion  définitive. 
  O ^Ha l l e y   trouva qu’elle étoit  
 de quarante degrés de long &  dë quatre de  
 large ;  ce  qui  fait  cent  foixante  degrés,  
 de  mer,  q u i,  par  le  calcul  précédent  ,   
 doivent  donner  chaque  jour d’été en vapeurs  
 cinq  milliars  deux  cents  quatre-  
 vingt millions, de tonneaux.