» a lieu dans les a fiions de toutes
*> les puiffances : de cette manière
» ces mouvemens auraient com-
» mencé & continueraient durant
» toute l'éternité , fans produire
= aucun mouvement dans le cen-
“ tre de gravité du fyftême gé-
» néral.
» Le mouvement des corps
» céleftes dans leur orbite ayant
» ainfi' commencé , on peut en-
» côreiiippofer que quelques-uns
» d’eux ayant été fubdivifés de
* nouveau en différens autres corps,
* par des puiffànces1 affujetties aux
» mêmes loix, cette fubdivîfion a
» donné naiffance à des Tyftêmes
» d’un ordre inférieur , tel que
» celui de la Terre & de la Lune }
» ceux de Jupiter & de Saturne ,
»avec leurs fatellites («)<
Les Newtoniens conviennent
donc de la nécèlîité de remonter -
à une première eaufe, pour expliquer
la raifon de la fituatian &
du cours aftuel des Planètes; ils.
en affignent une générale qui n’eft,
tomme on voit , qu’une fîmpîe
conjecture vague , fans appui &
fans fondement. G’ell un travail
perdu pour eux & pour le fyftême
de leur Maître. Pour liippléer a
ce défaut , j’ai expcfé dans le
Difcoujs Préliminaire du troifième
volume de cette Hiftoire , une
hypothèfe fur l’origine du mouvement
des corps céleftes j par laquelle
j’ai déjà rendu raifon du
mouvement des Planètes d’Oc-
cident en Orient. Il faut fuivre
actuellement les conféquences de
cette hypothèfe, & examiner fi les
autres Phénomènes céleftes s’y
rapportent.
I .
i . Les Planètes font forties dix:
globe du Soleil, dont elles faifoient
partie : c’eft l’hypothèfe dont il.
s’agit. Gela n’a pu arriver que par
quelque Agent phyfique, qui a du.
communiquer à chaque Planète
une force contraire à la force centrifuge
qu’elle avoit acquife par
la rotation du Soleil fur fon axe.
Or cette force contraire étant
exprimée par le rayon de cet aftre,
toute fa maffe agiffant également
fur toutes les Planètes, fuivant la
çjireâion de ce rayon., a dû imprimer
une aftion égale à chaque-
Planète. ; de forte que cette action
, ainfi que celle qu’elles ont
reçue de la rotation daSoleil, eft la
même..
Les Planètes ont donc reçu-
une action femblable , félon une
direflion perpendiculaire à la tendance
de la force centrifuge, laquelle
eft une tangente au globe-
du Soleil. Et c’eft cette action
qui a produit lapefanteur. (.Voyez,
(fl) E xp o jîtio n des découv ertes p hilofophiquesde M . le: Cheva lie r N ew t o n , par M . Maclaunn*.
pag. 316..
la fin du DifcourS préliminaire ci-
devant cité, ôda fin de cette fuite. )
2. Telle eft l’origine des deux forces
auxquelles les Planètes font en
proie. La première eft proportionnelle
à la groffeur du Soleil, & la
fécondé à la rotation de cet aftre
autour de fon axe. Mais puifque les
Planètes fe font échappées du Soleil
par l’afition de la même force,
les plus proches de cet aftre doivent
être les plus denfes , c’eft-à-
dire les plus pefentes , proportion
gardée entre leurs volumes , ainfi
que l’ont reconnu Newton & Bernoulli
, fuivant cette règle par eux
établie : Que les denfités des corps
planétaires font réciproquement proportionnelles
■à leurs dijlances du
Soleil f è ).
Ainfi , quoique Mercure , qui
eft la Planète la plus proche du
Soleil, foit plus petite que la T erre,
fa groffeur étant à celle de ce globe
Comme 1 à 27 ,. fuivant l’eftime
des Aftronômes , elle doit pefer
-plus que la Terre r là denfité doit
donc être beaucoup plus grande.
Mais fi fe denfité eft plus grande,
elle doit avoir acquis un plus grand
mouvement qu’elle ; c’eft - à - dire,
que les forces centrifuge & centripète.
, auxquelles elle eft en
proie, doivent être plus confidé-
rables , la quantité du mouvement
d’un corps étant proportionnel à fa
quantité de matière. Donc Mercure
doit fe mouvoir plus vite
dans fon orbite que la Terre.
Et c’eft: julheinent ce qu’apprennent
les obfêrvations aftronomi-
ques»
Suivant ces obfêrvations , l’orbite
de Mercure eft environ la
moitié de celle de la Terre. Or il
Mercure avoit une inertie égale à
celle de la Terre, elle devrait parcourir
fon orbite en moitié moins
de temps que la Terre n’en emploie
à parcourir la fienne, c’eft-à-
dire en 182 jours 7 , qui eft la
moitié de 3. d'y jours. Mais Mercure
n’emploie que 8 8 jours à parcourir
fon orbite : donc cette Planète
a plus dé mouvement , &
conféquemment plus de denfité ,
plus de pefanteur que la Terre ,
quoiqu’elle foit vingt-fept fois plus,
petite.
Le même raifbnnement a lieu à
l’égard dès autres Planètes. La
groffeur de Vénus, qui vient après
Mercure , eft: égale à celle de la
Terre. La grandeüï de fon orbite
eft environ les trois quarts de celle
de la Terre. Et comme elle eft
plus proche du Soleil que IaTerre,
elle doit avoir plus de gravité
qu’elle. Donc elle doit parcourir
fon orbite en moins de trois quarts:
de temps, fuivant la proportion des
orbites de ces deux Planètes. Or
elle fait fe révolution en 224. jours
18 heures, & elle devrait la faire en.
0 ) jb à n . B e r n o u lliO p é r a . Tome I I I , juge 351.