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l ’CEconomie 8c la Politique. T e l qu’il
é toit, il fut admiré & critiqué dans toute
l ’Allemagne. I l parut pour & contre
une infinité de brochures. A u commencement
de cette controverfe, W o l jf
plaida fa caufe lui-même; mais il fe forma
bientôt des légions d’Athlètes qui
répondirent à fes adverfaires. Ceux - ci
vouloient qu’on appliquât fa méthode .à
toutes les Sciences, fans en excepter la
Théologie & la Jurifprudence. Quoiqu’on
combattît avec aflez d’avantage
cette façon, de. penfer-, prefque tous les
Savans du Nord devinrent Wolfiens,
Notre Philofophe*étoit fimple fpeéla-
teur de ce combat. II' voyoit fà réputation
s’étendre par-tout PUnivers, fans
y prendre aucun intérêt. L ’amour du
bien public & les progrès des connoif-
lânces humaines, étoient les feuls objets
-dont il fût affèété. Quoiqu’il n’eût que
7 4 ans , i l penfoit à la fin de fa carrière.
I l fe détachoit infenfiblement des chofes
de ce monde. I l s’appercevoit que des
accès fréquens de gou tte, qui ne fe dé-
veloppoient qu’imparfaitement, & auxquels
il donnoit le nom de prodagra ano-
mala, le minoient peu à peu. I l con-
fulta les Médecins , & üt un ufage
-éclairé de leurs avis 8c de leurs fecours :
mais il comprit bientôt par la manière
dont fon mal fè développa, que l’art humain
étoit épuifé.. Ses forces & fon appétit
diminuant chaque jour-, il tomba
dans un dépériflement qui indiquoit une
fin prochaine. I l fouffrit des douleurs
fort vives , 8c deux heures avant fa mort
il dit qu’il alloit? entre-r dans le travail
de l’âgonie. II découvrit là tê te , en fai-
fant tout l’effort que lui permettait fon
extrême foiblefle, 8c joignant fes mains,
il prononça ces dernières paroles : A
préfënt J'efus mon Rédempteur, fortifie - moi
pendant cette heure* I l demeura enfuite
tranquille, en faifant feulement un mouvement
continuel des lèvres, & s’endormit
d’une manière douce 8c imperceptible,
I l expira- le ^ A vril 175*4 >
âgé de75*! ans, deux mois, deuxfemai-
nes & deux jou*6. jS.a mort fut un deuil pour toute l’Al-
L R
lemagne. Les Papiers publics, en annonçant
cette mort, nous ont inftruit de la
-douleur de lès compatriotes. Plulieurs
■ d’entr’eux ont jette des fleurs fur foa
tombeau j & un de leurs Ecrivains a confier
é à.fa mémoire l’infeription fuivante.
■ Mortalis quidquid kcèuit, hic depofuit. Im-
mortale decus orbis Litterati , Philofophus
èonfommatiffimus,virpmllujlris Chriflianus
de \V 01. K. Patent. Regis Prujf. à Con/tl.
SanStior. Fredericiatue Cancellarius Or fe-
tiior. Jur. Nat. Or Oent. atque Mathes.
ProfeJJ'or ordinarius, Sacietatum Scientia-
rum. L. P. Ber. Or Bonon.fodalis : Dynajht
in Klein-Doeltqig Lumen hune adjpexit
IVratiflavite, ann. M D C L X X I X .
D . IX . Cal. F. Naturte debitum reddidit
pie Or placide Halte ad Salam D . V . Id
A p r iM D C C L I V . Pojlq uam vi~
vendo'explevit annos L X X V . menfes 11.
hebdom. 1 1. Aies 1 1 .
Dumvixit in intéleftu veritatem, in va-
luntate virtutem excolendo, genus humanum
utramque docuit.
Morte appropinquante féliciter O glo-
riofe moriendi exemplum prebuit illuftrifjî-
mum.
Abiit plènusannis, meritis honoribus, re-
linquenscoelitumchoris,aJ]'ociatusuxori,Jîlio,
Fridericianæ, orbi litterato univerfo & bonis
omnibus altiffîmum luBum & defiderium
fempiternum.
Les Savans du refte du monde ont
dû être auflï touchés de la perte d’un
homme à qui la Philofophie doit tant.
Tous les inftans de fa vie ont été
marqués en quelque forte par des produirions.
On compte plus de deux cens
volumes ou brochures fortis de fa plume.
I l avoit traité & prefque épuifé" tous les
fujets. Après la publication de fon Cours,
il mit au jour un Diftionnaire Mathématique,
écrit en Allemand , en un volume
in-S° , orné' de quelques planches , qui
eut deux éditions.. Ce Diérionnaire fut
fuivi d’un volume de. même format, contenant
des tables par lefquelles on trouve
le quarré, le cube , & réciproquement
la racine quarrée 8c la racine cubique
d’une grande quantité de nombres ; des
tables de Sinus 8c de Logarithmes-;
d’autres pour la Pyrotechnie , l ’A r tillerie
, l,Architeélures l’Hydf©graphie ou
la Navigation , &c. On conçoit quel
temps 8c quel travail il a fallu pour un-
ouvrage de cette efpéce. Mais, on ne
comprend pas aifément comment une
vie aufli occupée par fon état de Pro-
fefteur de Droit de la Nature 8c des
G en s , 8c de Mathématiques, a pu- fuf-
fire à de fi vaftes entreprifes. L a force de
fon génie de voit être auflî grande que
l ’étendue de fes connoilfances.il eft vrai
que rien n’étoit capable de le diftraire
de fes occupations. L e s honneurs 8c les
difgraces, la fanté 8c la-maladie, n’ont
jamais altéré l’égalité de fon ame; Les
qualités de fon coeur s’accordoient heu-
reufement avec celles de fon efprit. Quoique
harcelé pendant long-temps de toutes
parts, il jouilfoit de la tranquillité-la plus-
parfaite. I l traitoit fes plus cruels enne^-
mis avec douceur 8c affabilité, & dans1'
lesoccafions avec genérofité.Lafimpücité
de fes moeurs le rendoit content de fon-
état. Sa conduite a. toujours été conforme
à fes principes. AulÏÏ- Philofophe-
dans fes aérions que dans fes écr-itA, il
vivoit très fobrement 8c nebuvoit point
dé vin. Il n’avoit d’ambirion que celle
de la fcience & de la vertu. Le Roi de
Suède , qui en fàifoit un cas infini , le
preffoit fouvent de lui- demander des-
grâces , 8c il répondoit toujours qriïl
ri avoitbe[oin de rien: Eh [que peut délirer
ici bas un Philoîophe, que la connoifiance
de la vérité , quand il a d’ailleursle peu-
qu’il faut pour fa fubfiftàncef
W o l f s’étoit marié en 1 7 1 6 avec
Mademoifelle Brandifînsfille du Bailli
épifcopal de ce nom. Il en avoit eu trois
enfans, dont lès deux derniers font morts-
en bas âge-. Le P.oi de Prulfe honora là
mémoire de l’illuffre défunt, par une lettre
de condoléance qu’il écrivit de fa
propre main à fa veuve; 8c cette attention
de la part d’un fi grand Monarque *
eff fans doute-le-plus beau trait de fon-
Mifibire.-.
Logique de U^o z F , ou Principes pour
dijeerner le vrai du fa u x , le certain de
l’incertain 9 & pour découvrir la vérité,
L a Logique eft l’art de définir les
choies & les mots , de former toutes fortes
de jugemens, de diftinguer les axiomes
des propofîtions qui ne font pas in-
conteftables , de démêler les differentes-
manières de raifonner 8c de bien enchaîner
les raifonnemens lés uns aux autres ,
pour former un difcours folide 8c fuivi.
Son but eft de connoître la vérité, ou de
diftinguer le vrai du faux. Une propo-
fition eft vraie, lorfque l’attribut, quoiqu’il
foit affirmatif-ou négatift convient
au fujet abfolument ou conditionnellement.
(.On entend par fujet-, l ’objet d’une
propofition , la chofe dont on parle ou-
qu’on propofe; & par attribut > ce qu’oni
affirme ou- ce qu’on nié de cet objet
). Une propofition efk faufj'e > quand
cette convenance n’a pas lieu. L e vrai
eft donc la déterminabilité de l’attribut
par l’idée du fujet ; 8c une propofition
vraie eft celle qui renferme des marquer
ou des caraétères fuffifans pour difeerner
fa vérité en toute occafionj & pour la
diftinguer d’une propofition faufië.
Toute propofition vraie renferme tine-
idée pofljble ; 8c comme toute propofition
qui renferme une idée poffiblé eft
concevable , une propofition eft vraie lî
elle eft concevable , 8c- fauftè fi elle eft inconcevable.
On appelle impojjiblé-, ce qui
implique contradiérion ;& on entend par
pojjîbhe , ce qui ne renferme aucune contradiérion.
Enfin , un dernier caraélère
d’une propofition vraie , c’eft quelle peut
être démontrée, c’eft- à-dire, quon en peut
développer là vérité par un enchaînement
dê raifonnemens,'dont lesprémiflesjc’eft-à-
dire, la majeure & la mineure, ou fes deux
premières parties-, font ou des définitions 9
ou des axiorUes?, ou- des expériences in-
Gonteftables.
De là il fuit qu’une propofition eft cer- -
taine, lorfque nous la reconnoilfons pour1'
vraie. Elle eft imertaine^Si noos Tommes--