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la conclufîon cil nêceflàirement vraie.
D ’où l’on tire les règles fuivantes pour
faire un bon raifonnement.
J. L e moyen ne peut être pris deux fois
particulièrement, mais il doit être pris au
moins une fois univerfellement , parce
qu’il ne peut être pris pour deux différentes
parties du même to u t , & qu’on ne
pourroit rien conclure néceffairement.
I I . Les termes de la conclufîon ne peuvent
être pris plus univerfellement dans la
conclufîon que dans les prémices, parce
qu’on ne peut rien conclure du particulier
au général.
I I I . On ne peut rien conclure de deux
propofitions négatives , ces deux proportions
féparant le fujet & l’attribut du
moyen.
' IV . On ne peut trouver une propofî-
tion négative par deux propofitions affir-.
matives : car de ce que deux termes de la
conclufîon font unis avec un troifîème, on
ne peut pas prouver qu’ils foient défunis
entr’eux.
V . L a conclufîon fuit toujours la plus
foible partie ; c’eft-à-dire que s’il y a une.
des deux propofitions qui foit négative,
elle doit être négative ; 8c s’il y en a une
particulière , elle doit être particulière.
Sans cela le moyen feroit défuni des deux
parties de la conclufîon.
V I . C e qui conclut le général, conclut
le particulier.
V I I . De deux propofitions particuliè-r
res il ne s’enfuit. rien, par la raifon qu’on
ne conclut rien lorfque le moyen efl pris
deux fois particulièrement.
L a quatrième partie de l’art de penfer,
a pour objet la manière de difpofer de divers
raifonnemens pour faire connoître un
o L E.
fujet : ce que nous avons1 appelle Ordon*
ner , 8c ce qu’on appelle généralement;
méthode. Or cette aétion de l’efprit peut
être dirigée par ces règles.
I . Ne lainez aucun des termes un peu
obfcurs fans les définir.
I I . N ’employez dans les définitions que
des termes parfaitement connus, ou déjà,
expliqués.
I I I . Ne demandez en axiomes que des
chofes parfaitement, évidentes.
IV . Prouvez toutes les propofitions un
peu obfcures, en n’employant à leur preuve
que des définitions qui auront précédé
ou les axiomes qui auront été accordés,
ou les propofitions qui auront déjà été
démontrées, ou la conflruétion de la chofe
même dont il s’agira lorfqu’il y aura quel-
qu’opération à faire.
V . N ’abufez jamais de l’équivoque des
termes, en manquant d’y fubftituer mentalement
les définitions qui les reftraignent
8c qui les expliquent.
V I . Traitez les chofes, autant qu’il efl
poffible, dans leur, ordre naturel, en commençant
par les plus générales 8c les plus
fimples,& expliquant tout ce qui appartient
à la nature du genre, avant que de paffer
aux efpèces particulières.
V I I . Divifez , autant qu’il fe p eu t,
chaque genre en toutes fes efpèces, chaque
tout en toutes fes parties, & chaque difficulté
en tous fes cas.
E t telles font les règles qu’on doit fùi-
vre pour acquérir le bon fens 8c la jufteffe
de l’efprit dans le difcernement du vrai
8c du faux , & pour donner à la raifon
l’exaélitude, qui efl une chofe généralement
utile dans toutes les parties 8c dans
tous les emplois de la vie..