ÿ f e u M B E
cence , nous expofons & nous facrifîons,
même aétuellement notre vie pour le bien
public , nous perdons encore moins en fa
confidération que nous n’en avons reçu.
Car nous perdons non-feulement une ef-
pérance incertaine des joies à venir> fup-
pofé que nous eufitons vécu plus longtemps
; ou plutôt il eft certain que nous
ne pourrions gueres avoir d’efperance a
cet égard , fi nous méprifions le bien
public ; au lieu que la pratique des aftions
qui tendent à cette fin , nous a déjà procuré
réellement ta confervation de notre
v ie , & la pofleffion de tous les avantages
dont nous jouifions.Et cela feul,fans avoir
égard à la reconnoiflance, prouve la fane-
don de la loi la plus générale de la nature
; puifque l’on peut prévoir que d’une
vie conftamment réglée fur ce que demande
le bien public, il reviendra plus
d’avantages, que fi l’on fuit les luggefi
rions d’un amour propre fans bornes.
R L A N D.
Concluons donc, qu’il y a des propo=
lirions d’une vérité immuable fur ce qui
regarde le foin d’avancer le Bien ou la
Félicité de tous les hommes confidérés
enfemble ; que ces propofitions font né-
ceflairement imprimées dans nos elprits
par la nature même des chofes , laquelle
eft perpétuellement réglée & entretenue
par la caufe première , & que les termes
de ces propofitions renferment & une déclaration
des récompenfes, que la caufe
première attacha à l’obfervation de ces
maximes , dans le temps qu’elle produifit
& conllitua la nature des chofes , & une
déclaration des peines qu’elle attacha au
même moment à leur violation. D oit il
paroît clairement que ce font-la lés véritables
Loix naturelles , puifque toute loi
n’ell autre chofe qu’une propofition pratique
, publiée par une autorité légitime,
& accompagnée de punitions & de rc-
çompenfes.