grande diftance du Soleil ) que
dans leur périhélie ( c’eft la moindre
diftancë de cet aftre) ; de forte
que Newton calcule ce mouvement
comme celui des Planètes ,
6c fon calcul ne s’écarte pas beaucoup
ici de fes principes. De-là ce
grand Homme conclud que les
Planètes gravitent fur le Soleil:
conféquence qui nous conduit à
celle d’affigner aux Comètes la même
origine qu’aux Planètes. Car
fuivant ce qu’on a vu à la fin du
Difcours Préliminaire du troifiëme
volume , un corps ne pefe vers un
point, que parce qu’il y a reçu fon
mouvement, qu’il y étôiten repos,
& qu’il en a été détaché. Donc
les Comètes ont été des parties du
Soleil, & en font forties comme les
Planètes.
2. Cela étant , pourquoi ces
corps céleftes fe meuvent-ils dans
une orbite plus excentrique que
celle des Planètes ? C ’eft qu’ils font
plus éloignés qu’elles du Soleil ,
& qu’ils font infiniment plus légers ,
puifque fuivant ce que nous avons
di t , les corps légers font les plus
diftans de cet aftre. Ainfi leur force
centripète & leur force centrifuge,
en un mot leurs forces centrales,
font très-peu confidérables. Par
conféquent leur orbite doit avoir
peu de courbure , car cette courbure
eft proportionnelle à ces forces.
A cette figure près de l’orbite ,
les loix de la révolution des Comètes
doivent être les mêmes que
celles de la révolution des Planètes.
Une conféquence qui caraété-
rife les Comètes, confirme ces con-
féquences de notre principe, quelles
font très ^légères ou très-peu
denfes. On les voit plus brillantes à
une partie qu’à une autre, & la par-*
tie lumineufe eft terminée par un
faifcèau de lumière qu’on appelle
queue de la Comète. Or qu’eft-ce que
c eft que cette queue ? Newton penfè
qu’elle provient des exhalaifons
ôc des vapeurs que la chaleur du
Soleil féparedu corps, & de l’at-
mofphère des Comètes, lorfqu’elles
paffent proche de cet aftre. Tel
eft aufli à peu près le fentiment' de
M. Cajfini. Et voilà pourquoi las
queues des Comètes font plus
grandes dans leur périhélie , &
qu’elles diminuent en allant à leur
aphélie, ou en s’écartant du Soleil.
D’ où il faut conclure , que Newton
ôc CaJJini fuppofent peu d’adhérence
aux parties des Comètes,puif-
qulls foutiennent que le Soleil les
divife fi aifément. On peut ôc on
doit tirer la même conféquence de
l’explication que M. de Mairan donne
de la queue des Comètes. Elle
eft; formée , félon ce grand Phyfi-
cien, des parties de l’atmofphère
folaire , qui en fe détachant au paf-
fage de la Comète, viennent fe ranger
derrière elle en forme de cône.
Cela eft très-vraifemblable,fur-tout
en admettant que les Comètes font
des corps extrêmement poreux ou
rares
rares ; parce qu’alors les parties de
cet atmofphère s’attachent nécef-
fàirement à elles , & cela avec
plus de facilité ôc d’abondance.
Enfin, pour donner à notre opinion
tout le poids qui peut provenir
des plus grandes autorités,
ajoutons que Kepler ôc de la Hire ef-
timoient les Comètes d’une fi grande
rareté, qu’ils les prenoientpour
des matières infiniment légères ,
enflammées dans la moyenne région
de l’air , ôc qui fe diflipoient
peu à peu en diminuant de vî-
teffe.
C’eft ainfi que par les loix de la
pefanteur vers le point où elle s’eft
manifeftée, on explique les mouve-
mens des corps céleftes. Il refteroit
à remanier ces principes 6t a les
aflùjettir au calcul: mais avant que
d’entreprendre ce travail, il convient
d’attendre que le temps ait
donné du poids à cette nouvelle
opinion. Je dis du temps plutôt que
des hommes ;;car il y en a fi peu
en état de prononcer fur ces matières,
ou qui aimentaffezla vérité
pour en prendre la peine , que je
n’ofe elpérer de leur part un examen
prompt ôc réfléchi. Je prie
néanmoins le petit nombre de ceux
qui s’intéreffent encore véritablement
aux progrès des Sciences ,
d’être bien perfuadés que ces progrès
feuls me tiennent au coeur ;
( h ) Elémens de Phyfque, de Sgrave\ande,
T-ome premier, page i8<?, dej la Tradu&ion
Franjoife, z/1-40. EjJài de Phyfique, de M. Muf
que je n’ai aucune prétention , ôc
que la tranquillité ôc le repos me
paroiffent infiniment préférables à
la gloire ou à la réputation la plus
brillante qui pourraient troubler
l’une ôc l’autre.
Il me relie cependant à prouver
que la caufe de la pefanteur des
corps provient de l’aÊlion dune
jouiffance fur eux ; ôc que cette
aâivité qui leur a été imprimée
quand ils ont été mus pour la première
fois (les corps céleftes lorf-
qu’ils ont été détachés du Soleil, ôc
les corps de la T erre lorfqu’ils ont
été arrachés de ce globe-dont ils
faifoient partie) que cette aétivité,
dis-je, produit leur force centripète
ou leur pefanteur, ôcqu’elle eft indef-
truclive. Je vais tâcher de remplir
cette tâche le plus clairement ôc
avec le plus de brièveté qu’il me fera
poflible, afin de ne pas fatiguer le
public de mes,, propres idées, en
appuyant la vérité d’un principe fur
lequel eft établi ce fupplément au
fyftême du Monde de Newton.
V.
i . Il n’y a point de fait en Phyfique
mieux conftaté que celui de la
diftribution inftantanée du mouvement
dans un corps ; je veux dire
qu’un corps n’acquiert ni ne perd de
mouvement dans un injlant indivifible,
& que cela Je fait JucceJJivement (h ).
chenhroek, Tome premier, page 8^, Edit.de
Leyde, &c.
C