I A V E R T I S
me ; La Philofophie êc les fenti-
meris de l’honnête homme ; Les
Entretiens de Balfac ; L ’Ecole du
Sage ; L ’Arifiipe du Sage ,.^rc. Me
renferment que des préceptes généraux
i qui n’ont aucun but détermine.
Celui de tous les Moralifles qui a peut-
hre le plus approché de ceux qui entrent
dans ce volume, efl le Pere
Balthazar Gracian , Jéfuite. Ses
.principaux Ouvrages font Le Dif-
cret & L ’Homme de Cour. Ce
dernier efl tout en maximes , dont
la plupart font excellentes.
J ’avois annoncé qu’on trouveront
ici Milord Bolinbroke ; & j ’avois
fa it les recherches convenables pour
rendre fon Hftoire intérejfante ; {a )
mais après avoir là avec attention
fes Principes innés de la Morale ,
j e n’y ai rien trouvé que Wollafton
<ér Shaftefbury n’ayent mieux dit.
Cependant il faut avouer que ce Seigneur
, à ces écarts près > étoit véritablement
Phïlofophe, I l connoiffoit
la nature & les bornes de. Pentender-
ment humain. Livré pendant, fes premières
années à dès affaires tumuL-
tueufes & aux plaiftrs des fins. , il
parcourut enplanette excentrique une
variété furprenante de feenes. Ses
pajflons fe calmèrent, par l’âge &
S E M E N T ;
par les revers. Des études & des
réflexions plus férieufes perfectionnèrent
fes facultés. Il (brilla dans fa
retraite avec un éclat tout particulier.
Le politique libertin devint un
fage extrêmement aimable. Les reflexions
de Seneque, la dignité
les grâces de Pline, l’efprit & lafi-
neffe d’Horace , parurent également
dans f is Ecrits & dans fia converfia-
tion. {b) Ce qu’il y a de fâcheux,
c’efl que M. Leland a mis avec quelque
raifon, Milord Bolinbroke au
nombre des Déifies ; car on ne peut
dficonvenir qu’il n’ait damé lieu à
ce. reproche, & qu’on ne trouve dans
f is oeuvres des chofes très-repréhen-
Jibles.
On fera peut-être étonné de ne pas
voir M. le Préfident de Montefquieu
parmi les Législateurs. Deux, raifons
m’ont empêché de l ’ajfocier avec ces
■ Philofiophes. Premièrement, cet Auteur
efl encore tnp ■ nouveau,. pour
qu’il doive, niêtre permis de lui aligner
un. rang. Quoique, mort depuis
plufieurs années , il efl en quelque
forte encore en vie,;/& fiesPanégyrifles
& f is Critiques, le trottent de même
que. PU exifioit. actuellement. I l faut
attendre que Penthoufiafme & laja-
loufie fiaient ajflaupi's , & on connoîtm
(fl) Voici le titre des principaux Ouvrages
que j’avois confulté : Memoirs- of
-the Life- air Minifterid:, With fonce rt-
tmrcks on the political Writings J of the
Pate Lord Wife ,. Bolinbroke rzya. A
Letter, to. f t William Windam., II. Some
Reflections on the prejent fiate. of the nation
lll l A Dater to, M. Fope. The Work
of the late Right- honorable Henri S.
John Loti Vifeount:, Bolinbroke , en
cinq vol. I7J4- &c- &e- , (f ) Voyez les Remarks on the Life and
Writings of Dr Jonathan Swift., Dean:
of Si.Pàtrkks, &e».
A V E R T I S S E M E N T $
’alors tout fon mérite. En fécond lieu,
il ne s’agit ici que des principes purement
philofiophiques des loix , tirés
d’une conmijjânce intime du coeur hu-
jmain. C’efl airfl que Grotius , Pu-
fendorff -, Cumberland , &c. ont
. établi les fondemens du grand art de
gouverner les hommes) dt je demande
au Public éclairé , fi M. de Montefquieu
a enchéri à cet égard fur leurs
réflexions. VowElprit des Loix, quelque
beau qu’il puijfi être ( quoiqu’un
peu découfu )• efl moins un Ouvrage
de Légiflation qu’un Truite de Politique
& de Jurifprudence. Cet illufi
tre Auteur avait peut-être trop d’efi
prit pour m Philofophe. Un homme
qui a pu écrire les Lettres Perfan-
nes , & fur-tout le Temple de
Gnide , Ouvrage fi galant, n’a guè-
res fatigué fon imagination par l ’étude
fiévere de la Philofophie. Aujfl
M. de Montefquieu n’avait pas été
curieux cPétudier beaucoup les ficiences
abflraites , telles que la haute Méta-
phyflque & les Mathématiques ,• &
P efl une chofie remarquable, que les
Législateurs dont j ’ai écrit Phiflaire
, en ontfait la bafie de leurs travaux.
I l efl fans doute inutile de prévenir
que je n’ai rien oublié pour remplir le
plan de ce volume. Je crois avoir fait
mes preuves d’un zèle fans bornes
pour les progrès de la raifon. N i les
critiques les plus mal fondées, les in-
juflices les plus criantes , & les imputations
les plus faujfes, ne fauroient
refroidir mon ardeur. Je fai que parmi
les perfonnes qui lifent un livre, celles
qui n’ont que des lumières bornées
décident toujours impérieufiment. Les
autres , lorfqu’elles prononcent fur le
mérité d’un Ouvrage , fe fervent ordinairement
de cette exprejflon mo-,
defte : Il femble. Elles favent combien
il efl difficile de connoître la vérité,
& elles craignent de n’avoir pas affez.
de lumières , s’il s’agit d’un fujet un
peu compofé. Quand on examine total
tes les précautions qu’enfeignent les
Malebranche, les Nicole, &c.pour.
ne pas f e tromper , <& qu’on voit avec
quelle legereté des hommes ordinaires
jugent les plus grands Philofiophes &
apprécient les chofes les plus difficiles
, on ne peut s’empêcher de gémir.
Ces gens-là prêchent, bien l ’amour de
la vérité ; mais c’efl avec' cette refi
triBion , que leur intérêt ne s’y trouvera
point compromis. Cet intérêt les
guide abfolument ; & Us ne font attentifs
qu’à le voiler de fapon qu’on
attribue à l ’amour du bien public , ce
qui n’efl l ’effet que de l'amour de foi-
même. Les erreurs & les maximes
dangereufis doivent être proferites
en quelque endroit qidelles f e trouvent
: cela efl certain. Mais f i on ne
tient point compte de la pureté des
moeurs, d.e la probité & du mérite
perfonnel , i l n’y aura plus rien de fiable
m de facré dans la fociété.
Je prie les perfonnes qui m’ont fait
quelques objeBions publiques ou particulières
, de ne pas penfir que c’efl
par un motif d’indifférence que je ne
réponds point à leurs objections. Quoi-
a ij