dedans d’eux. En fécond lieu, corame cette
nourriture ou i aliment qui la fournit, eft
dilTemblable & trop greffier pour pénétrer
dans toutes les parties du corps s’il
n*eft dillbus, elle ( la nature ) a conféquem-
raent formé un eftomac ou quelque organe
intérieur pour le dilfoudre, & le rendre
fluide & capable de pénétrer par-tout.
Troifiémement, parce qu’enfin dans ce
même aliment il y aplulieurs parties hétérogènes
qui ne font pas affez fluides ou
convenables aux parties de l ’animal, elle
a donné auffi à chaque animal un. organe
pour l’éjeftion.
Tout cela s’opère par diverfes facultés,
qui font comme foumifes à la faculté nutritive.
i° . U Attraftrice, qui rélide dans
l ’eftomac pour y attirer l’aliment de la
bouche, pour le préparer & le tranfmet-
tre de quelque maniéré que ce foit. 2°. L a
Rétentrice, qui eft nécedaire tant dans les
parties où l’aliment fe prépare, comme
dans l’eftomac 8c dans le fo ie , qu’aux extrémités
des veines & des artères capillaires,
où chaque partie attire l’aliment préparé
pour la nourriture. 30. L ’Attèratrice,
ou ConcoBrice, qui rélide dans l’eftomac,
dans le foie 8c dans toutes les parties du
corps, en tant que dans l’eftomac l’aliment
eft changé en chyle , le chyle enfangdans
le fo ie , 8c le fang dans toutes les parties
en une certaine fubftance qui a plus d’affinité
avec elles. 4 0. L a Séparatrice, qui n’eft
prefque pas différente del’attraélrice, par
le moyen de laquelle le chyle eft purgé
de fes impuretés, le fang de diverfes humeurs,
8cc. y°. UExpultrice, qui agit dans
l ’eftomac, dans le foie 8c dans les veines
fur la maffe alimentaire, après qu’elle a
été préparée, 8c .enfuite dans les inteftins
& dans la veffie à l’égard des excrémens.
6°. La Dijîributrice, qui n’eft autre chofe
que l’expultriee de la maffe alimentaire, 8c
l ’attraélrice de chaque partie , qui attire
autant d’aliment qu’il lui en faut. 7 0. Enfin
YAJJimilatrice, dont chaque partie du
corps de l’animal eft douée, 8c qui rend
l ’aliment qui a été préparé femblable à la
fïenne.
Ces opérations ou facultés font l’ou-
yrage de trois fortes défibrés, de droites,
de tranfverfales 8c d’obliques. L ’attraéliôn
fe fait par la tenfion des fibres directes, la
rétention par celle des obliques, l ’expul-
fion par celle des tranfverfales. I l réfulte
de-là une fermentation dans les alimens,
8c de cette fermentation une chaleur, qui
change la nourriture en ch y le , lequel devient
fang, qui circulant dans tout le corps,
donne le mouvement 8c la vie à l’animal.
I I I . De la formation des Plantes.
I l y a dans toutes les plantes une certaine
fubftance diffufe 8c répandue par
toute la plante, qui eft une forte d’efprit ou
une petite flamme très-déliée. C ’eft-là le
principe de fa végétation 8c de fon accroif-
fement ; de forte que la femence qui fe forme
en e lle , qui s’y nourrit, y croît 8c s’y
perfectionne, en eft animée. Toutes les
parties de cette flamrfie ou fubftance fpiri-
tueufe 8c aÇtive, qui forment l’ame de la
plante , ont une telle communication en-
tr’elles, qu’en quelqu’endroit de la plante
qu’elles foient, elles en contiennent comme
l’idée. Auffi la femer.ce qui eft l’ouvrage
principal de cette fubftance, renferme
fur- tout cette idée de la plante. Son
ame eft comme une efpéce d’abrégé ou un
racourci de l’ame totale de la plante. Cela
étant, comme elle a la même propriété
que l’ame totale de la plante, qu’elle a été
exercée d ms tous fes mouvemens , &
qu’elle a fait l ’apprentiffage de la végétation,
lorfqu’elle eft dans la femence, elle
continue à exécuter toute feule ce qu’elle
fai foit avec toute i’ame : ce qui arrive dès
qu’elle eft fomentée dans un réceptacle
propre 8c convenable, où elle puiffe fe
déployer 8c renouveller fes mouvemens
naturels. O r , avec toute l’ame de la plante
d’où elle a pris naiffance, elle faifoit croître
8c végéter les racines, le tronc, les
feuilles 8c les autres parties : donc dans la
femence, 8c dans la matière qui la contient,
elle doit faire croître, fomenter 8c
entretenir toutes les particules de cette
matière, félon que chacune eft parvenue
à cette femence depuis la racine, le tronc,
ou les autres parties, ou félon que chaque
particule a plus de difpofition pour devenir
telle ou telle partie.
Ainfi d’abord que la graine d’une plante
ou la femence formée eft reçue dans le
fein de la terre, 8c qu’elle commence à
être ouverte 8c diffoute par une humeur
8c une chaleur convenable, la petite ame ,
qui eft là renfermée, commence à en distinguer
toutes les particules, à leurdiflri-
buer, pour ainfi dire, leurs places 8c leurs
régions, 8c à leur ordonner ce qu’elles
doivent faire; les particules mêmes commençant
d’ailleurs à fe tirer comme d’elles
mêmes de la confufion, les femblables
fe joignent à leurs femblables.
Dès le commencement de cette réunion
des particules, les linéamens de toutes les
parties fe forment. D’abord ce font les
linéamens de toutes les racines, parce que
de toutes les particules qui font dans la
femence, celles qui regardoient les racines
ont été placées les premières, 8c en
circulant dans la plante, elles font parvenues
à la femence plus parfaitement qu’aucune
des autres. Viennent enfuite les traits
8c les linéamens des autres parties, qui au
commencement font imperceptibles, mais
qui fe perfectionnent chacun félon leur ordre
8c leur temps. C ’eft ainfi que la plante
croît & fe forme ; car les racines faifant
déjà leur fonction, fucent par leurs petits
pores ou petites bouches l’aliment qui
remplit petit à petit les interftices de la
première traîne : ainfi de fuite.
I l faut confidérer que la terre eft à la
plante ce que la matrice eft à l’animal.
C ’eft pourquoi de même que la matrice
fomente 8c entretient la femence par fa
chaleur, lorfqu’elle fe forme en animal,
8c que tandis que le foetus fe nourrit de fon
premier aliment, elle lui en prépare un
fécond, c’eft à-dire le fang, pourremplacer
le premier quand il fera confommé ;
de même la terre, qui environne la femence
de la plante, ne fomente pas feulement
cette femence par fa tiédeur, lorfque U
plante fe forme 8c qu’elle fe nourrit, comme
on l ’a v u , mais elle lui en prépare davantage,
8c donne une numeur alimen-
teufe. Auffi fi la plante manque d’humeur
propre pour fa nourriture, elle meurt dès
fa naiffance. Semblable encore par-là à
l ’animal qui meurt 8c qui avorte faute d’un
aliment convenable.
L a contexture des racines s’étant donc
formée, comme on vient de v o ir , félon la
nature 8c la condition particulière de la femence
, 8c les corpufcules qui ont été
mus 8c modifiés convenablement, ayant
fait les premiers traits ou premiers fila-
mens, ces mêmes corpufcules fe meuvent
félon la contexture de ces premiers fila-
mens. De-là vient que chaque filament,
félon le mouvement de fes corpufcules ,
prend 8c meut les corpufcules d’aliment
qui furviennent, s’affociant 8c s’unifiant à
ceux qui font de même forme 8c figure &
capables de même mouvement , 8c rejet-
tant ou laiffant ceux qui ne l’accommodent
pas , 8c qui lui font difproportionnés. Et
toute cette tranfmutation ne fe fait qu’en
tant que les divers corpufcules concourent
, fe prennent, fe meuvent, s’ arrangent
8c fe difpofent entr’eux diverfement.
D e façon que fi Iorfqu’on brûle une plante,
tous ces corpufcules qui s’en vont les
uns en fumée, les autres en cendres, 8c
ceux-ci en feu, pouvoient être derechef
raffemblés & mis dans le même ordre 8c la
même difpofition, ils formeroient la même
plante (a).
L’expérience de la Palingénéfie, où l’on fait cette experience dans le Diiïionnaire Univerfil dt Ma.
renaître une plante de fes cendres , donne bien du thématiques & dt Ebyfiqut, art. Palingénéjie.
poids à ce fyfteme de la formation des plantes. Voyez
H